Agrandissement : Illustration 1
Le jour d’après j’irais danser, faire danser et réconcilier les corps avec le sens du toucher. J’irais embrasser ceux que j’aime et je regarderais pousser les graines que j’ai planté pendant que j’étais confinée. Les graines de mon jardin et celles de mes pensées. Je ferais une fête chez moi pour que les gens se rencontrent, ceux que j’ai retrouvé ou découvert en parlant sur les ondes virtuelles, pour que la parole continue à être partagée, pour imaginer comment revivre. Je crois en la transmission d’un savoir plus proche de l’être que de l’avoir en direction des générations futures et de ceux qui sont conditionnés dans le tourbillon de la possession matérielle sans en avoir vraiment conscience.
Et je descendrais dans la rue pour virer tous ces menteurs, ces assassins. Je marcherais et je crierais que je ne suis pas pour le pouvoir d’achat, mais pour la décroissance, pour une austérité heureuse, pour la fin de la monarchie déguisée et un vrai partage des richesses. Le jour d’après j’espère que l’on sera nombreux à refuser de faire comme avant, comme si rien ne s’était passé. Le jour d’après il faudra opter pour l’érosion par la base de ce système pyramidal, refuser ce qu’ils veulent nous imposer; et surtout, il faudra bien réfléchir, car il ne s’agit pas, une fois que nous les aurons viré d’avoir des clones à la place. Non, il faudra questionner les grands penseurs, les philosophes, les sociologues, les scientifiques. Et s’interroger au plus intime de nous-mêmes sur ce que nous désirons, du corps intime au corps social.
Bérengère Altieri-Leca, 3 avril 2020.
Bérengère Altieri-Leca est chorégraphe.