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Billet de blog 2 décembre 2025

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L'Europe malade de la concurrence : appelons nos ingénieurs à son chevet

Pierre angulaire de la construction européenne depuis l’Acte Unique de 1986, la « concurrence libre et non faussée », appliquée aveuglément aux secteurs stratégiques — énergie, transports, télécoms —, est devenue le talon d’Achille de l’UE. Elle fragilise notre souveraineté et compromet l’avenir.

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Le projet de marché unique européen portait deux grandes promesses : des services meilleurs et moins chers pour tous les consommateurs, et une Europe puissance, bâtie par le marché, capable de peser face aux États-Unis, à la Chine, à la Russie et aux autres puissances émergentes. Quarante ans plus tard, force est de constater que ces promesses n’ont pas été tenues.

Le marché électrique kafkaïen a plongé l’Europe dans une dépendance massive au gaz russe, rendant nos économies vulnérables — ce que l’explosion des prix provoquée par la guerre en Ukraine a brutalement révélé. Au Royaume-Uni, la récente décision de renationaliser le rail a acté l’échec de la privatisation après trente ans de défaillances : accidents mortels, chaos des horaires, hausse continue des tarifs. En France, la privatisation des autoroutes a fait bondir les prix au profit d’intérêts privés, sans bénéfice réel pour les usagers.

Quant à l’Europe des télécoms — autrefois championne mondiale —, elle se retrouve aujourd’hui prise en étau entre les géants américains du numérique qui captent l’essentiel de la valeur et les industriels chinois qui imposent une concurrence déloyale. Dans le même temps, la guerre des prix alimentée par une concurrence intra-européenne exacerbée a fait fondre les revenus. Résultat : le secteur ne dispose plus de marges suffisantes pour absorber l’explosion du trafic, moderniser les réseaux et les protéger face aux nouvelles menaces (cyberattaques dopées à l’IAsabotages de câbles sous-marinsruptures d’approvisionnement en composants stratégiquesingérences étrangères,…) dans un contexte géopolitique toujours plus instable.

Si l’intention initiale était de dynamiser l’économie européenne, l’application rigide et idéologique de la concurrence a finalement dynamité les infrastructures vitales — socle même d’une économie prospère.

A l’origine, était le dogme

Pour comprendre d’où vient cet attachement viscéral de Bruxelles au principe de concurrence, il faut revenir aux fondations intellectuelles de la construction européenne. L’intégration européenne ne s’est pas bâtie seulement sur les grands principes de l’économie de marché et une volonté politique de paix et de coopération. Elle s’est également structurée autour d’une doctrine précise : l’ordolibéralisme.

Né en Allemagne dans les années 1930, puis reformulé après 1945 dans un contexte post-traumatique de rupture radicale avec le passé nazi, cette version allemande du néolibéralisme s’est progressivement imposée dans la construction européenne. Elle repose sur une idée centrale : le marché n’existe pas par lui-même ; il doit être institué et protégé par un cadre juridique strict, conçu pour le mettre à l’abri aussi bien des puissances privées (monopoles, cartels, syndicats, lobbies) que des interventions politiques qui s’écarteraient de la doctrine.

L’État n’est pas minimal, il est l’architecte du marché, le garant vigilant de la concurrence. Dans le modèle ordolibéral, la concurrence revêt un caractère quasi théologique : elle est érigée en principe constitutionnel qui façonne les comportements, les institutions et les politiques publiques. Les fondations de l’UE font ainsi de l’économie une affaire de règles soustraites à la délibération politique, donnant aux institutions et au droit un caractère disciplinaire et dépolitisant.

Concurrence et infrastructures vitales : le mariage forcé

N’en déplaise à Bruxelles, les industries de réseaux constituent un monde à part. Elles reposent sur des coûts fixes initiaux gigantesques et des infrastructures non duplicables : les conditions classiques d’un monopole naturel. À ces coûts structurels s’ajoutent de puissantes externalités positives (i.e. des bénéfices non financiers) et des économies d’échelle massives. Le coût marginal, lui, tend vers zéro.

Les modèles intégrés y sont aussi nettement plus efficaces. L’effet réseau renforce encore cet avantage : plus une infrastructure est utilisée, plus elle a de valeur. Le tout est soumis à des contraintes techniques strictes: continuité du service, résilience, sécurité, pilotage en temps réel. Autant de caractéristiques qui rendent inopérant le cadre doctrinal de la concurrence pure et parfaite.

Le 28 avril 2025, la péninsule Ibérique était frappée par un blackout par surtension en cascade. Une étude publiée le 21 novembre analyse la réaction en chaîne qui a entraîné des déconnexions automatiques de centrales jusqu’au blackout total. La cause racine de cet incident n’est pas un manque de capacité de production, mais l’absence de mécanismes robustes de régulation de la tension et un déséquilibre structurel d’un réseau fragmenté où la responsabilité de la stabilité d'ensemble se dilue. Cet événement illustre de manière frappante l'incompatibilité structurelle entre la concurrence à l'européenne et la résilience du système électrique, a fortiori dans un mix dominé par des productions intermittentes.

Coût du blackout pour l’Espagne : 4,5 milliards d’euros selon les estimations les plus pessimistes, soit l’équivalent d’une journée de PIB. Un chiffre qui traduit l’ampleur des dommages économiques et sociaux que peuvent provoquer les défaillances de nos infrastructures vitales, affaiblies par le choix politique de les livrer à la logique du marché. La concurrence dans une industrie de réseau coûte cher. Très cher. Plus on multiplie les acteurs, plus la régulation doit être fine, intrusive, permanente. Et chaque défaillance se paie au prix fort.

Un entêtement idéologique

Les industries de réseau sont intrinsèquement inadaptées à la concurrence, mais qu’importe ! « Ils pensaient que c’était impossible, alors ils l’ont fait » : Bruxelles semble avoir fait de cette formule sa devise — quitte à fragiliser progressivement les infrastructures les plus vitales du continent.

Les monopoles publics intégrés ont été remplacés par une véritable surcouche institutionnelle : autorités de régulation indépendantes, autorités de la concurrence, gestionnaires de réseau, opérateurs virtuels, organismes de certification, bourses, cabinets de conseil, médiateurs… Une kyrielle d’intermédiateurs, de contrôleurs, d’arbitres, de vérificateurs, dont la seule raison d’être est de permettre artificiellement l’existence d’un « marché ».

Les anciens EPIC ont été découpés en tranches. La SNCF a été décomposée en une myriade de sociétés : SNCF SA (la holding), SNCF Voyageurs, SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions, Rail Logistics Europe, Keolis, GEODIS. Dans une même gare, on voit désormais cohabiter des personnels aux statuts hétérogènes — et qui, souvent, ne se parlent plus, comme l’explique le sénateur Fabien Gay. Un joyeux bordel !

Cette fragmentation a introduit une complexité vertigineuse : multiplication des contrats, des interfaces, des asymétries, dilution des responsabilités. L’édifice fonctionne, mais il vacille au moindre choc.

À cette surcouche institutionnelle s’est ajoutée une surcouche administrative animée par une obsession : traquer toute « distorsion ». D’où une inflation réglementaire faite d’obligations : séparation des activités, accès aux infrastructures historiques, contrôle des prix, neutralité dans le traitement des nouveaux entrants.

L’exemple du marché mobile français est éloquent. Pour permettre l’entrée de Free en 2012, l’État lui a accordé des conditions favorables : faibles coûts d’interconnexion, licence de fréquences à prix réduit, accord d’itinérance avec Orange. Les opérateurs historiques ont dénoncé une aide d’État déguisée et saisi la Commission. Bruxelles a rejeté le recours.

C’est paradoxal. L’Union européenne n’hésite pas à tolérer certaines distorsions pour en éliminer d’autres. Une même intervention publique peut être jugée illégale dans un contexte, et légitime dans un autre. Tout dépend de son alignement avec le cadre idéologique européen – à l’appréciation de la seule Commission. 

Les défaillances en série d’un modèle juridique hors sol

Énergie : un marché électrique kafkaïen

Le 1er octobre 2022, Zartoshte Bakhtiari, maire de Neuilly-sur-Marne, poussait un coup de gueule sur X. Le 31 octobre, les contrats de fourniture d’énergie de la commune arrivaient à échéance. Avec les prix fixés par le marché européen, sa facture devait passer de 2 à 10 millions d’euros au 1er novembre. ENEDIS — qui applique un cadre réglementaire qu’elle ne maîtrise pas — prévenait : faute de paiement, l’électricité de cette ville de près de 40 000 habitants serait coupée. Le maire dénonçait l’impuissance de l’Etat devant un « racket organisé » par un marché électrique kafkaïen. Si l’enjeu n’était pas si grave, cette scène, tout droit sortie d’une pièce de Samuel Beckett, pourrait prêter à sourire.

Les choix politiques de Bruxelles ont placé l’ensemble des consommateurs européens à la merci de prix extrêmement volatils, indexés sur des coûts marginaux imprévisibles. Les énergies fossiles servent aujourd’hui de sous-jacent au marché.

Pour Hervé Machenaud, directeur exécutif d’EDF entre 2010 et 2016, « le prix de l’électricité a été décorrélé du coût de production par des mesures totalement artificielles ». Il le rappelle : « EDF produit 95% de l’électricité dont la France a besoin à un coût de production constant » – et même en diminution depuis les années 90 – alors que « le prix de l’électricité a doublé depuis 2008 ». Le marché électrique européen marche sur la tête.

Ferroviaire : le fiasco de la privatisation britannique

La privatisation des chemins de fer britanniques est devenue, trente ans après, un cas d’école de désorganisation et de renchérissement du coût pour les usagers comme pour l’État. Fragmenté entre une vingtaine d’opérateurs, le système produit des trajets hors de prix — jusqu’à 14 % du salaire moyen consacré aux transports, contre 2 à 3 % en Europe continentale — pour un service notoirement peu fiable : trains annulés, retards massifs, wagons bondés, interruptions de trafic continuelles le soir et le week-end. Pendant que les passagers paient plus cher pour voyager debout, l’État débourse davantage qu’avant la privatisation : 4,5 milliards de livres par an contre 2,5 milliards en 1994, les investissements structurants restant à la charge du contribuable. Le « miracle » annoncé du marché n’a ainsi créé qu’un système plus coûteux, plus complexe et moins efficace.

Les défaillances spectaculaires de certaines concessions, comme Southern Railway ou Govia Thameslink Railway — où près de 146 000 trains ont été annulés en trois ans — illustrent la logique d’un modèle où l'Etat attribue des contrats intenables à des opérateurs qui, parfois, se retirent brutalement lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ont « mal calculé ». Résultat : lassés de payer cher pour un service médiocre, les britanniques ont fini par acter la renationalisation. L’expérience britannique montre que lorsqu’une infrastructure vitale est découpée en morceaux et abandonnée aux promesses abstraites de la concurrence, la collectivité se retrouve à la fois captive et perdante : captives des opérateurs, perdante financièrement, et privée d’un réseau qui fonctionne. Une leçon que l’Union Européenne devrait méditer avant de poursuivre le démantèlement technocratique de ses services essentiels.

Autoroutes : le hold-up des concessionnaires français

La privatisation des autoroutes françaises est devenue l’un des symboles les plus flagrants de la capture de nos infrastructures par des intérêts privés. Révélé par Le Canard enchaîné, un rapport de l’Inspection générale des finances estime à 55 milliards d’euros les rentes indûment accumulées par les sociétés concessionnaires depuis 2015 — un chiffre vertigineux qui découle directement des contrats négociés à l’époque par Emmanuel Macron, Élisabeth Borne et Alexis Kohler. Ces contrats, conclus dans le secret, ont accordé aux exploitants autoroutiers des garanties hors normes : clauses anti-fiscalité, compensations automatiques, allongement des concessions, absence de contrôle réel… Résultat : des marges nettes proches du luxe, jusqu’à 37 %, alors même que l’État s’est volontairement privé de tout levier de régulation.

Cette rente quasi perpétuelle — certaines concessions allant jusqu’en 2086 — prive les finances publiques de ressources essentielles qui auraient dû financer le ferroviaire, les transports en commun et la transition écologique. Au lieu de cela, l’État se retrouve réduit à implorer des « gestes commerciaux » dérisoires pendant que la collectivité continue de payer des péages en hausse. Ce fiasco des autoroutes illustre une dérive structurelle : lorsque la puissance publique renonce à la maîtrise technique et stratégique de ses infrastructures vitales, elle cède sa souveraineté et son avenir aux logiques de rente. Une Europe qui veut redevenir maîtresse de son destin ne peut plus se permettre de répéter de telles erreurs.

Télécoms : la quadrature du cercle

La libéralisation du secteur des télécoms, lancée par la directive 90/387/CEE du 28 juin 1990, a été le laboratoire de l’ouverture à la concurrence des services publics en Europe. Saluée comme un exemple de réussite, elle a ouvert la voie à toutes les autres. Pourtant, cette success story en trompe-l’œil cache une réalité beaucoup plus complexe.

Il faut d’abord rappeler que les télécoms occupent une place singulière au sein des industries de réseaux : elle conjugue les contraintes d’une industrie lourde — investissements colossaux, infrastructures massives, cycles longs — avec le rythme effréné de la tech. Un réseau mobile, c’est un socle d’ingénierie conçu pour durer plusieurs décennies (la 2G déployée dans les années 1990 ne s’éteindra qu’autour de 2030 en Europe), alors que les terminaux qui l’utilisent se renouvellent tous les deux ans en moyenne. Cette ambivalence entre dynamique d’innovation et immobilité structurelle crée une zone de tension permanente, où chaque pari technologique peut devenir un risque financier majeur.

On répète volontiers que la concurrence a dynamisé le secteur, fait baisser les prix et stimulé l’innovation. Certes, elle a joué un rôle. Mais on a largement surestimé son impact.

La concurrence a-t-elle vraiment été le moteur de l’innovation ? L’industrie télécoms est, par essence, fortement régulée : l’interopérabilité est vitale, les infrastructures reposent sur des normes internationales, et les opérateurs mobilisent des ressources publiques comme les fréquences. C’est un écosystème mondial composé d’opérateurs, d’équipementiers (Nokia, Huawei, Ericsson), d’organismes de standardisation (IUT, 3GPP, ETSI), de fabricants de chipsets et de terminaux. Dans ce cadre hyper-normé, la mise en concurrence des opérateurs européens n’a joué qu’un rôle très marginal dans les avancées technologiques spectaculaires des trente dernières années.

Et pour les prix ? Oui, la concurrence a fait baisser les factures. La Fédération Française des Télécoms (FFT) le rappelle : en 2022, l’ARPU européen plafonnait à 15 €. Mais cette baisse reflète aussi la métamorphose radicale de toute l’industrie : entre le vieux réseau téléphonique commuté des années 1990 et les réseaux IP et 5G actuels, tout a changé — architecture, coûts, échelle, technologie. On ne compare pas les mêmes mondes.

Aujourd’hui, le secteur se retrouve pris dans une équation économique intenable. La guerre des prix, alimentée par une concurrence féroce, a laminé les revenus et réduit les marges d’investissement. Et pourtant, comme le rappelle la FFT, près de 200 milliards d’euros seront nécessaires dans les dix prochaines années pour moderniser et sécuriser les réseaux français. Les revenus plafonnent, alors que les coûts explosent et que les besoins de sécurité n’ont jamais été aussi élevés. Le cœur du problème est là : l’Europe a créé une industrie sous-capitalisée pour un service devenu absolument vital. Résultat, le secteur est exsangue et notre souveraineté numérique est fragilisée.

Energie, transports, télécoms : c’est partout le même schéma. Pour créer artificiellement un marché là où il n’y en a pas, l’Europe a fragmenté des systèmes intégrés, multiplié les intermédiaires, généré de nouvelles asymétries et complexifié les chaînes de responsabilité — affaiblissant la résilience de l’ensemble.

Udéni pathologique des réalités

Le dispositif d’accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH), instauré en 2010 par la loi NOME pour « ouvrir » le marché électrique français, est peut-être la meilleure illustration de l’enfermement idéologique d’une Europe qui persiste à nier les réalités techniques et économiques.

L’idée était simple : permettre aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie de l’électricité nucléaire d’EDF à un prix régulé pour pouvoir « concurrencer » l’opérateur historique… sans jamais construire la moindre centrale. Concrètement, EDF est contrainte de céder jusqu’à 100 TWh par an — environ un quart de sa production — à un tarif administré de 42 €/MWh, figé depuis 2012 et inférieur à son coût de production. Pendant ce temps, les prix de marché peuvent s’envoler à 200 ou 300 €/MWH (et même jusqu’à 600 €/MWh au plus fort de la crise énergétique). Le comble, c’est que lors des pics de consommation, EDF a parfois dû racheter à prix de marché des MWh qu’elle avait elle-même produits et vendus à bas prix via l’ARENH aux fournisseurs alternatifs ! On marche sur la tête.

Résultat, le prix final n’a plus aucune rationalité économique, EDF accumule des pertes massives, les fournisseurs alternatifs — passagers clandestins du système — ne produisent presque rien et n’investissent pas, et au final, c’est le consommateur paie la facture !

Hannah Arendt écrivait : « Les idéologies admettent toujours le postulat qu’une seule idée suffit à tout expliquer dans le développement à partir de la prémisse, et qu’aucune expérience ne peut enseigner quoi que ce soit, parce que tout est compris dans cette progression cohérente de la déduction logique. » Cette phrase éclaire avec une étonnante lucidité le mécanisme d’enfermement idéologique de l’Union Européenne. Il y a un postulat de départ : la concurrence fait baisser les prix pour le consommateur. Or dans les industries de réseaux, l’expérience démontre le contraire. Qu’importe, la Commission Européenne persiste et signe. Aux défaillances du marché, l’Europe répond par… plus de marché.

Pour Hannah Arendt, la pensée idéologique, dans la prétention qu’elle a de tout expliquer, « s’affranchit de toute expérience, dont elle ne peut rien apprendre de nouveau », elle « s’émancipe de la réalité que nous percevons et affirme l’existence d’une « réalité plus vraie » ». C’est bien ce mal qui ronge l’Europe aujourd’hui.

Comment guérir l’Europe ?

Pour se sortir d’une situation inextricable, il faut savoir revenir aux fondamentaux : à chacun son métier. Le bon fonctionnement de nos infrastructures, aussi complexes que vitales, exige que chacun tienne sa place : aux financiers le financement, aux juristes l’arbitrage des litiges, et aux ingénieurs… la régulation ! 

Pour retrouver notre souveraineté et préparer l’avenir des générations futures, il devient urgent de remettre les choses à l’endroit. D’abord la performance technique — qualité de service, résilience, robustesse, sécurité, haute disponibilité, efficacité opérationnelle,... —, et ensuite seulement la concurrence. Si le socle technique est solide, la performance économique suivra. L’Europe ne peut plus se permettre d’inventer des marchés artificiels qui affaiblissent ses infrastructures vitales. Pour sortir de l'impasse de cette « concurrence libre et non faussée » dogmatique, il est urgent de réhabiliter la compétence technique.

Remettons nos scientifiques, ingénieurs, techniciens et ouvriers du terrain au cœur de la décision publique. C’est là que se joue la renaissance de notre puissance collective.

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