L'allégeance au candidat désigné du système ne rencontre pas le succès attendu et demandé depuis tant de mois, les voilà donc parcourus d'un doux frisson nocturne qui murmure à leurs esprits égarés : Peut être que ça ne marche plus ? Sommes nous allés trop loin ? Avons nous excessivement nourri la bête ? Se retourne t-elle contre nous ?
Clameurs et consternations
Voici l'ambiance de tensions inédites dans laquelle baignent les éditorialistes et tout le milieu pour lequel ils travaillent depuis l'annonce des résultats du premier tour, tensions qu'ils essaient de dompter tant bien que mal à grands coups d'articles à charges contre le représentant du mouvement de la France Insoumise et de pamphlets niaiseux et culpabilisants à destination de ceux qui veulent dire stop au grand cirque du braquage républicain. Et à ce petit jeu, tous les coups sont permis, on ne se refuse plus rien, la levée de boucliers est unanime, chers amoureux de la nuance et des analyses à froid, faites votre deuil : Les insoumis font ils le jeu du FN ? Les abstentionnistes sont-ils fascistes ? Mauvais perdants, égoïstes, irresponsables, apprentis sorciers, enculés ou fils du putes ?
Pourtant, pour tenter d'y voir plus clair et éviter les mièvres injonctions moralisatrices, il suffisait simplement de voir autour de quelles idées s’était articulé le mouvement de la France Insoumise pour rencontrer un tel succès populaire et intellectuel.
Combattre le système et redonner les clés au peuple
Au lieu de servir la soupe habituelle concernant la montée de l'abstention en France et le désintérêt grandissant des perdants de la mondialisation, Jean-Luc Mélenchon via le programme de l'avenir en commun, s'est activé à reconquérir ces classes méprisées et exploitées en proposant concrètement grâce à une démarche collaborative, une solution politique pour faire bouger les lignes en faisant sauter le verrou du système, le vrai, pas celui que veulent combattre les banquiers adoubés des médias et encore moins celui dont se plaignent les voleurs et les nantis.
Il aura fallu batailler ferme pour convaincre et arriver à bâtir le mouvement des "têtes dures", redonner l'envie d'y croire et le droit d’espérer, mais pour cela il fallait avant tout donner des gages de confiance à tous ces déçus de la politique, ni arrangements ni carabistouilles, la France Insoumise sera un mouvement populaire qui ne ressemblera à aucun parti politique et aucune décision ne sera prise sans consultation. Ces conditions étaient vitales après 20 ans de sociale démocratie, de libéral socialisme et d'injonctions euro-libérales et ont débouché sur la cristallisation du mouvement autour de l'idée centrale d'une assemblée constituante et d'une sixième république.
La contestation du système actuel est donc écrite dans l'ADN du mouvement, elle est l'engagement autour duquel se retrouvent les affinités communes et l'idée à travers laquelle se reconnaissent les insoumis au cas où le nom du mouvement n'était pas assez clair. En comprenant cela il devient tout de suite plus simple de comprendre pourquoi le représentant du mouvement ne peut décemment pas "appeler" à voter pour un tel ou un tel sans instantanément trahir son engagement primordial et perdre de ce fait toute représentativité du mouvement. Ce cheminement de pensée qui a débouché sur la consultation des insoumis, effraie terriblement les élites mais malheureusement pour elles, ceci n'est rien de plus que le stricte minimum démocratique, preuves que ces mêmes élites en ont oublié le sens premier et que le dèmos ferait bien de le leur rappeler de temps à autres.
Sonner l'alarme
Voila pourquoi la France Insoumise n'a donné et ne donnera aucune consigne de vote. Riche de son expérience post-traumatique de 2002, l'histoire lui a enseigné que l'animal politique ne s'autorégule pas et le barrage appellera le barrage jusqu'à l'assèchement de la rivière, la mécanique est maintenant finement rodée : faire monter le FN, désigner le candidat du système, appeler au barrage, rafler la mise et recommencer 5 ans plus tard ... C'est précisément cette mécanique que la France Insoumise ambitionne d'enrayer et la seule manière de le faire consiste à secouer le cocotier. Quel que soit le résultat de la consultation (même une majorité de choix pour Macron), son objectif est déjà atteint, son caractère contestataire et sa forte portée (peut être même plus forte que celle des 7 millions de voix aux élections) adressent un message puissant à messieurs les dirigeants : le peuple ne répondra plus, il est temps de tendre l'oreille et d'écouter ce qu'il a à dire.
Etant la seule force politique à combattre le FN et son idéologie en allant lui arracher des voix sur les terrains où plus personne ne fait campagne (en témoignent les scores biens moindres qu'attendus du FN dans les milieux populaires et chez les jeunes) la France Insoumise a sondé les populations en profondeur et s'est bien rendu compte qu'il est et qu'il sera de plus en plus difficile de convaincre et d'éloigner de la folle tentation du vote ethnique, voila comment les insoumis ont acquis cette légitimité qui leur confère aujourd'hui le droit et le devoir de sonner l'alarme assez fort et assez haut pour que tout le monde se rende bien compte de la gravité de la situation, pour que tout le monde se rende bien compte que le subterfuge du barrage ne tiendra pas éternellement et pour que tout le monde se rende bien compte que la mascarade du vote utile ne fonctionnera plus. Voila comment la France Insoumise est entrain, sous le regard effaré du système médiatique, ni plus ni moins de sauver la république, parce-que c'est eux, parce-qu’ils sont les insoumis, parce-qu’ils sont les sauveurs des la république.
Les insoumis de tout bords nous offrent le spectacle d'une bonne trouille faite maison, qui servira à poser une ambiance de travail pour les cinq années avenirs.