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Billet de blog 11 février 2017

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Mélenchon-Allemagne

en 2015 , J'avais eu une conversation , plutôt cordiale et de bonne foi, avec pascal B , sous son billet qui critiquait le livre de mélenchon "le hareng de bismark" . Pour avoir eu besoin , encore , de remettre le texte non tronqué face à encore les même critiques bien truquées , Je remet alors ici mes brouillons .

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

https://www.youtube.com/watch?v=HMNwmW1BHRY&fbclid=IwAR1CO7UYpHATXnNeUSXQmVYnCuU5BleoYCdCm_F9AymoIGZ_b4xGeVEyGjc

mélenchon en allemagne .

(rajout du 31 05 2018 mis tout en bas bas : extrait final : Ma conviction est faite. Pour moi, le principal problème de l’Europe est la politique du gouvernement allemand. L’ordolibéralisme qui est sa doctrine est le nom de la politique qui convient aux intérêts du capitalisme allemand, à son besoin de dominer et à la structure de la société allemande actuelle quant à la pyramide des âges. Mais bien sûr on ne peut en discuter. La question ne peut même pas être évoquée. L’Allemagne est l’impensé de la politique française qui ne peut faire mieux qu’une mièvrerie désuète comme ces arpèges sur le prétendu « couple » franco-allemand. Tout regard critique est de la germanophobie. Toute volonté de rééquilibrage revient à vouloir la guerre avec l’Allemagne. Ces couplets m’ont été servis jusque par des gentils animateurs de la petite gauche pour qui le capitalisme est une abstraction non hiérarchisée et l’internationalisme un refus par principe de penser la Nation dans une stratégie révolutionnaire. Même sous le portrait du Che qui lui criait sans problème « la patrie ou la mort ». )

rajout 02 11 2018 : https://blogs.mediapart.fr/jlmfi/blog/060615/le-nouveau-nationalisme-allemand-ou-de-la-nature-du-iveme-reich/commentaires

J'avais eu une conversation , plutôt cordiale et de bonne foi,  avec pascal B , sous son billet qui critiquait le livre de mélenchon "le hareng de bismark" . Pour avoir eu besoin , encore , de remettre le texte non tronqué face à encore les même critiques bien truquées , je me suis rendu compte que la page a disparu .(rajout le 21/02/2017  : ha ben si le site de pascal b est encore actif : https://blogs.mediapart.fr/pascal-b/blog/250515/lallemagne-merkel-bismarck-et-jean-luc-melenchon )   Je remet alors ici  mes brouillons .

Je suis désolé de ne pas avoir les réponses de pascal B , mais je rappelle assez systématiquement ses critiques ou ses objections avant d'y répondre , et donc on peut deviner une bonne partie de ses réponses puisque chacun de mes commentaires sont des réponses à chacune de ses objections . Et on comprendra le principal , et les citations recontextualisées sont bien là .

ben si finalement on les a donc toutes , vous pouvez allez voir .

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(on pourra aussi lire avec intérêt :

Kai littman est journaliste , européen , allemand . Sur mdp il tient un blog , et  une édition : "eurojournalist" . exemple :

http://blogs.mediapart.fr/edition/eurojournaliste/article/150615/wolfgang-schaeuble-le-fossoyeur-de-l-europe

 et voici un de ses commentaires sous ce billet :

15/06/2015, 14:13 | Par Kai Littmann en réponse au commentaire de Marcopol le 15/06/2015 à 13:52

Je risque de ne pas me faire des amis... mais je partage le plus clair des positions de Mélenchon. Faisant partie de ceux qui ont lu le livre, je ne peux que confirmer ses analyses de l'Allemagne d'aujourd'hui. Ayant lu pas mal de commentaires sur ce livre, très souvent venant de la part de gens dont je doute qu'ils aient lu le "hareng", je constate que Mélenchon ne critique pas le peuple allemand, mais la politique allemande qui actuellement, mène l'Europe droit vers une catastrophe. Hormis le fait que l'auteur qualifie son ouvrage dès la première phrase comme un "pamphlet", il est clair qu'il cherche à déclencher un débat contradictoire - personnellement j'aime bien ce style. Je lui ai d'ailleurs proposé de le traduire en langue allemande, car j'estime qu'il serait important que mes compatriotes sachent comment cette politique des Merkel, Schäuble & Cie. est considérée chez nos voisins.

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et donc voici mes explications de texte :

25/05/2015 16:08 Par avellino

 1 Non , jlm n'oublie pas die Linke ni les syndicats ni leurs luttes comme il est prétendu ici , au contraire jlm cite die linke régulièrement et les syndicats et leurs luttes .  Lafontaine vient de faire un billet défendant jlm.

 2 Non il ne décrit pas les allemands au joue rouge et dans leur Mercedes,  il dit même que c'est un cliché. il  ne les particularisent pas , il dit même que ce sont des "francais ou des grecs comme les autres" .

 3 Non quand jlm cite les actions néfastes et guerrières de l'Allemagne envers ses voisins dans l'histoire,   il n'oublie pas les équivalents francais , il en cite juste après votre choix de citation . Puis il relativise en disant que ce n'est pas ces actions guerrières qu'il faut retenir et il met les actions actuelles sur le plan de la politique économique.

 4 Non quand il dit "vieux expatriés " il n'insulte pas. Préférez vous le "déportés"  de l'allemand qui a dénoncé  cette situation ?

 5 Non il ne confond pas gouvernants et citoyens, à chaque mauvaise décisions politiques qu'il  dénonce, il cite le politique qui l'a mis en place. Sur les décisions politiques il écrit "Gouvernement allemand" ou "gouvernants" ou "dirigeants" toutes les deux  phrases , il dit bien ensuite  " l'Allemagne" mais pas "les allemands"

 6 Non il n'oublie pas que les écologistes allemands existent, au contraire , il se félicite de leurs action .

 7 Non il ne met pas Kant et Marx avec la france comme vous le faites (sic) . vous : "Ici les Lumières, 1789, la Commune de Paris, Kant et Marx, là , en résumé la contre-révolution."

 8 Non il n'oublie pas de critiquer le libéralisme français , Tafta Grèce y compris. La majorité de vos critiques sont de cette ordre, qu'il oublie ci ou ca , pourquoi voulez vous qu'il redise ici ce qu'il dit tout les jours alors que le sujet de ce (petit) livre n'est pas le capitalisme libéral en europe ? S'il parle plus de l'Allemagne que de la France c'est que son (petit) livre est ouvertement et explicitement  seulement une réponse à  l'idéalisation de l'Allemagne  chez nos libéraux. ....

 Ne reste donc que les bon côtés que vous rapportez très bien .( j'admets cependant que l' absence d'un mot nucléaire est bizarre, et que "la france son vin ses lumières" rate sa cible )

 25/05/2015 16:46 Par avellino en réponse au commentaire de avellino le 25/05/2015 16:08

 Désolé de prendre de la place mais je me dois de citer les phrases du texte de jlm qui correspondent ma réponse ci dessus :

 1- Non jlm n’oublie ni les syndicats ni die linke ni les opposants : A propos de l’appauvrissement des pauvres et du recul de leur espérance de vie :  "fin 2011 le gvt allemand a été obligé de le reconnaitre sous la pression d'un député de Die Linke"(p 56) "Ulrike Mascher, présidente de l'association sociale VdK dénonçait l'ingratitude du système  allemand" (p 62)  A propos du smic des salaires qui baissent "...sous la pression des syndicats et de die linke le gouvernement merkel s’es trésolu à imposer le smic […] inférieur au smic français ! et la plupart des branches tentent toutes les ruses pour contourner le dispositif légal" (p 70 71)

 2- Non  Il ne caricature pas les allemand et fait bien la distinction avec les dirigeants : "Bref je crains que les jeunes Allemands ne soient des Français ou des Grecs comme les autres. Mais la mutti Merkel en est encore à l'ère du fouet sur a galère" (p 51)

 3- Non il n’essentialise pas les conquêtes guerrières passées Quand vous écrivez que jlm écrit  "toute l'histoire de l'Allemagne a été celle de sa volonté de contrôle sur l'Europe centrale et orientale. C'est ainsi depuis si longtemps ! Depuis le Saint Empire romain germanique !"  (il cite ensuite des conquêtes bien anciennes) ; Vous vous prétendez qu’il ne dit rien de la France et pourtant, et pourtant il ajoute bien à propos de la France avec en faisant, lui, les bonnes comparaisons " ayons la lucidité de reconnaitre […] les francais obsédé par l’expansion en Italie […] ou les Pays Bas . Cessons donc de nous offusquer à bon compte de l’expansionnisme germanique […] dans cette nouvelle ruée vers l’est, rien de romantique, et aucun projet allemand. ..le modèle allemand nécessite juste une réserve de main d’œuvre qualifiée à bas prix " . (p 122 123) . Comment pouvez vous prétendre qu’il ne dit rien de la France ?  et pourquoi parler des crimes du 20° alors que lui parle là de guerres bien plus anciennes ?  et en plus pour dire que actuellement ce n’est plus du même ordre mais seulement du à l’ordolibéralisme et aux rentiers , donc le contraire de ce que vous lui faites dire .

 6 – Non il n’oublie pas les écologistes : sur le chapitre écologie (sur les gaz de shistes) "Mais d'intenses mobilisation populaires ont lieu. Je doute que cela ébranle les certitudes des faces de pierres qui décident là-bas " (p 31)

 8- "Mon but est de percer le blindage cotonneux des béatitudes et des langueurs de tant de commentateurs hypnotisés par l'Allemagne" (p 7 , la première)

    26/05/2015 09:32 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 25/05/2015 22:37

 7 - j'ai bien compris , je ne vous ai jamais dit libéral. .. 5 le livre est court petit et écrit gros , il n'y a qu'un chapitre écologie donc une seule citation. Et je vous ai déjà accordé que l'absence du nucléaire est une erreur. 1 et 2 idem court et écrit gros deux chapitres social , deux citations , et comme 8 ce n'est pas la base de faire de l'exhaustivité c'est de contrecarrer point à  point les louanges "cotonneuses"  de nos libéraux  (p 7 , trois premières phrase)

 3 j'admets aussi sur ce point là : bien que ce KKK soit écrit sur le chapitre des enfant je le ramène au chapitre chrétien et critiquer (légitimement et justement) la volonté  des allemands de vouloir mettre "les racines chrétiennes" à l'europe n'est pas déterminante  pour la dénonciation du libéralisme. Revenons au kkk du bon chapitre, Il dit bien que ça ne vient pas des nazis mais d'avant,  mais certes rajouter  le "comme sous les nazis" , même vrai et bien précisé que s'en n'est pas l'origine, c'est bien un rajout inutile qui prête le flanc . Mais sur le fond l'origine du manque de petite enfance et des incompatibilités entre enfants et l'emploi des femme vient bien de ce kkk de Guillaume qui perdure dans certains esprits , non ?

 Mais sur la phrase "enfants jeunes vieillard" , pour les enfants c'est bien l'absence de politique  de petite enfance qui est largement développé,  pour les vieux en difficulté  il est en retrait de l'associatif allemand qui a dénoncé le truc, pour les jeunes qui partent c'est là qu'il y a sa phrase qu'ils sont comme les grecs ou les francais , c'est à  dire quil dit bien que bien des allemands préféreraient une réelle  politique pour les enfants et pour les vieux pauvres c'est donc bien le contraire d'une généralisation si on isole pas votre phrase. Il dit bien que si les allemand ne font pas d'enfants ce n'est pas parce que leur nature veut  qu'il n'aiment pas avoir d'enfants.  Franchement là,  entre ironie envers nos commentateurs et soucis justement de ne pas essentialiser, je ne vois donc toujours pas d'insulte ici.

 Donc sur tout ces points , merci de la discussion,  qui montre effectivement que vous avez lu le livre, et que vous en êtes prêt à  discuter de façon rationnelle . 

 Il est trop tard pour moi (minuit) pour repartir sur votre 4, (qui est mon 3 et vous avez rajouté  autre chose) mais je crois bien que vous mettez les phrases dans le désordre ce qui fausse leur sens. A la première lecture moi aussi je m'était dis "et merde il a déconné là  c'est du gros , y'a du vrai dans les critiques" bon je l'ai relu , ce paragraphe est mal foutu mais j'ai bien réfléchi avant de bien expliquer ce point . Je veux bien encore aller le relire pour revérifier (p 121 122 123) pour qu'on puisse rediscuter sur les mêmes bases.

  26/05/2015 15:06 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 26/05/2015 09:43

allez j'y suis avant vous ... je me lance  . vous vous écrivez :

 ""  "" Oui, il écrit "Cessons donc de nous offusquer à bon compte de l’expansionnisme germanique ", mais enfin! c'est pour s'en offusquer aussitôt. Il écrit en effet:  toute l'histoire de l'Allemagne a été celle de sa volonté de contrôle sur l'Europe centrale et orientale. C'est ainsi depuis si longtemps ! Depuis le Saint Empire romain germanique !  "" ""

 Or l'ordre des phrases est l'inverse dans le texte :

 Il écrit d'abord ce fameux "toute l'histoire de l'Allemagne a été celle de sa volonté de contrôle sur l'Europe centrale et orientale. C'est ansi depuis si longtemps ! Depuis le Saint Empire romain germanique ! (p 121) (donnant des exemples anciens et guerriers (saxons souabes..) puis ensuite il contrecarre, avec les similitudes francaises, puis : mais, dit il ,"Cessons donc de nous offusquer à bon compte de l’expansionnisme germanique ", (p 122 ) pour continuer par , mais maintenant, "rien de romantique et aucun projet "allemand"  ".Il explique ensuite que c'est maintenant seulement son influence économique ... " il n'y a rien que du rationnel . le modèle allemand nécessite une large main d'oeuvre qualifiée à bas prix"(p 123) ..... aucun projet "allemand" , il n'y a rien que du rationnel . Le mot "allemand" est entre guillemets , Mélenchon précise donc bien que ce n'est pas là intrinsèquement un nationalisme agressif allemand et que l'expansion n'est pas une expansion guerrière comme avant , maintenant c'est juste un fonctionnement économique sans visée d'envahissement.

 "Avouez" que

"Cessons donc de nous offusquer à bon compte de l’expansionnisme germanique [ mais] toute l'histoire de l'Allemagne a été celle de sa volonté de contrôle sur l'Europe centrale et orientale." ...

 ... c'est très différend , voire le contraire de :

 " toute l'histoire de l'Allemagne a été celle de sa volonté de contrôle sur l'Europe centrale et orientale [ mais] Cessons donc de nous offusquer à bon compte de l’expansionnisme germanique [pour telle et telle raison*]"...[*d'abord par ce que la france a fait de même et parce que maintenant ce n'est plus un envahissement guerrier mais juste une question d'influence économique.]

Alors oui ce paragraphe est mal construit , mal exprimé , son style "alambiqué" fait flop .Mais en résumant chaque partie du paragraphe avec des mots et des tournures "normales" , on voit bien qu'on ne peut pas l'accuser de germanophobie ici (au contraire même... ) (merci d'être allé jusqu'ici cdt).

 ( Dans ce que vous citez ensuite justement il relativise fortement l'influence des lumières en france . j'aurais pensé que ce passage serait plutôt cité pour défendre/dédouaner jlm. "vision exaltée" , "pires violences" , les lumières n'étant qu'un "habillage" !)

    26/05/2015 23:06 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 26/05/2015 21:47

 Oui , je ne vous accorde pas que votre bonne foi, je vous ai même  accordé des envolées un peu forcée et inutiles,  et des formulation peu claires ...

 Sur l'exaltation de la france :  Il veut exprimer que la france à  la possibilité de s'opposer,  c'est bien,  mais je peux  vous accorder aussi qu'une telle exaltation de la france pour justifier cette possibilité  de s'opposer "manque de finesse". Ou bien je peux vous accorder que son exaltation de la france est disproportionnée mais  il veut convaincre que la france peut s'opposer  (tiens y a moins de différence en inversant ici autour du "mais"  :)  )

 (bon , ben on a réussi à  discuter rationnellement , tant mieux - ça  na pas été le cas sur le blog de Françoise Dielhman ... :) )

    25/05/2015 20:55 Par avellino en réponse au commentaire de gygde le 25/05/2015 18:31

merci de vos citations , elle correspondent à celles que je n'avais pas encore citées , pour le plaisir je me permet de rajouter en entier ce que vous évoquez à la fin de votre comm.

 "Français et Allemands ont été travaillés par le levain révolutionnaire des Lumières, Auklärung en allemand. Les lumières allemandes éclairent aussi le monde et l'esprit, et de quelle manière ! Kant et Marx sont allemands je ne l'oublie pas, ils figurent dans mes maitres à penser définitifs. ... Bien sûr la tradition révolutionnaire des allemand a été un phare ."

 ( ne serait ce pas Luxembourg à qui jlm nous invite à penser là ? alors que Pascal B vous dites quil ne le fait pas !? )

 25/05/2015 23:21 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 25/05/2015 22:46

 Que c'est 3 allemands qui arrivent , que les 3 personnes qui arrivent pour la "discutions" sont allemands . Le cela épargne les autres peuples de se salir les mains sur cette mauvaise action qu'ils  approuvent aussi, dont ils sont tout autant responsables ...

    26/05/2015 22:09 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 25/05/2015 23:33

 Rien dans les propos de moscovici ne marque une gêne. ... ça  cest sûr.  (A croire qu'il pense en chiffres, langue internationale des banquiers,  plutôt  que de penser en français ... :)   .)

    26/05/2015 13:20 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 26/05/2015 09:51

 Lieu commun ou réalité ?  Les femmes allemandes sont elles en partie mal vues quand elles travaillent alors qu'elle "devraient" plutôt rester à  la maison ?

 Le nombre de faible de crèche est une réalité. Jlm donne le chiffre de 22% seulement d'allemandes  qui pensent que travail et famille s'accordent bien contre 64 en france.  Dire que justement si "on" ne fait pas crèches c'est qu' "on" pense que c'est plutôt aux femmes d'élever leurs enfants correspond bien à  une possible réalité. Je n'ai entendu personne remettre en cause que le fait qu'il  y aurait un problème sur le principe des femmes qui travaillent en laissant leurs enfants significativement  plus grande qu'en france ou d'autres pays.  (Par exemple au Japon c'est une réalité)

 Plutôt que le chiffre de 22 qui ne fait pas la distinction entre empêchement technique et empêchement moralisateur , pour répondre plus clairement il faudrait demander aux allemand(e)s "pensez vous que c'est plutôt aux femmes de s'occuper de leurs enfants plutôt que de construire des crèches ?

    26/05/2015 22:05 Par avellino en réponse au commentaire de pascal b le 26/05/2015 22:01

 Ça c'est sûr .

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 je ne me souviens plus à quoi je disais "ça c'est sûr"  .... mmeeenfin bon , je le laisse ...

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rajout le 31 05 2018  https://melenchon.fr/2018/05/28/la-vie-au-pas-de-course/

Le dindon français de la farce européenne

Seul ou presque dans l’hémicycle, Younous Omarjee, notre unique député européen (le PCF refusant de nous rendre comme convenu le mien depuis mon départ à l’Assemblée nationale), utilise son temps d’explication de vote pour avoir la parole sur le budget de l’Union européenne. Il nous apprend une nouvelle très révélatrice de l’abaissement du respect dû aux Français dans cette institution. Toujours montrée du doigt, mise en cause pour déficit excessif, la France est pourtant considérée et traitée comme une vache à lait incapable de se défendre à l’heure de la traite. Alors quand il faut passer à la caisse en payant leur contribution, les Français font en effet des découvertes embarrassantes. Younous Omarjee est le seul qui ose confirmer l’abus dont sont victimes les Français dans l’Union Européenne. Ce que j’ai déjà dénoncé à la tribune de l’Assemblée nationale est confirmé.

Les Français savent déjà qu’ils donnent 7 milliards de plus à l’Europe qu’ils ne reçoivent d’elle. Nous sommes donc « contributeur net ». Et pas qu’un peu ! Pourtant le pays ne roule pas sur l’or. Il manque de tant d’équipements publics ! Mais son argent sert à équiper d’autres contrées. Un luxe somptuaire par les temps qui courent. Mais ce n’est pas tout. Il y a l’affaire du « rabais anglais ». Une histoire désolante.

Il y a de cela quelques années, sous Thatcher, l’Angleterre a obtenu un rabais sur la cotisation qu’elle devait à l’Europe comme tous les pays membres. Thatcher se disait pauvre. Elle n’avait pas honte de le dire. Et pas honte de tendre sa sébile. On lui céda. Ce qu’elle devait payer le fut donc par les autres. Les Français firent les braves. Mais plusieurs autres pays ne l’entendaient pas de cette oreille. Et parmi eux, les riches Allemands. Ils demandèrent un rabais sur leur contribution au paiement du rabais anglais. Ça s’appelle « le rabais sur le rabais ». Vu ? Ils l’obtinrent. Et les Français, encore une fois ont accepté de payer à la place des autres ! « Braves Français » ont du rire les Allemands.

À présent, les Anglais sont partis. Le budget doit se passer de leur contribution avec ou sans rabais. Mais la contribution des Français reste au même niveau jusqu’en 2025. Autrement dit, nous allons encore payer la part qui revenait aux Anglais (le rabais) et aux Allemands (le rabais sur le rabais). Au seul bénéfice de ceux qui ne paient pas ce qu’ils devraient. C’est l’arnaque allemande. Et comme si ça ne suffisait pas, l’imprudent Macron a continué dans la tradition du panache gratuit mais coûteux. Il a annoncé que la France serait prête à payer davantage pour contribuer à l’Europe qui blablabla. Pourquoi cette générosité ? D’autant que l’Union européenne va nous rendre moins dorénavant qu’auparavant. Oui : nous allons donner plus et recevoir moins. Pourquoi ?

Parce que la Politique agricole commune va reverser moins aux agriculteurs français ! Ils ont trop et trop bien réparti sans doute. Mais ce n’est pas tout. Les régions de France reçoivent des subventions payées par l’Europe avec l’argent de la cotisation des États membres bien sûr. L’argent des Français leur revient de cette façon aussi. Il y a trois catégories dans le classement des régions par leur richesse. Ce classement fixe le montant de l’aide européenne. Peu pour les riches, davantage pour les pauvres, moyennement pour la tranche du milieu dite « en transition ». Et l’enveloppe globale que recevra la France pour l’ensemble de ses régions est annoncé avec plus de 5% de baisse, soit 1 milliard d’euros de moins alors que la France a annoncé la hausse de sa contribution au budget européen. Bref l’Europe qui ne nous protège pas mais nous étrangle s’organise à présent pour nous détrousser. Avec le sourire ? Même pas. Les faces de pierre du gouvernement allemand ne sourient pas.

L’adieu à l’Allemagne ?

Je me suis déclaré de longue main pour une coopération privilégiée avec la Chine. Cela fut fait dès mon premier livre écrit comme un manifeste politique en 2010 : Qu’ils s’en aillent tous !. Cela fut reçu comme une révélation d’une facette noire de mon personnage réputé dès lors insensible aux souffrances du Dalaï Lama et même des Ouïghours. Un journaliste dont j’ai oublié le nom sur une chaîne dont j’ai oublié le nom aussi m’interpella : « vos amis chinois… ». À la remorque de Robert Ménard et des héros de « Reporter sans frontières », après qu’aient été agressé les athlètes chinois de passage à Paris avec la flamme olympique, les responsables français défilaient pour se faire remettre des écharpes blanches par le saint homme tibétain. Nul ne se souciait des conséquences sur les autorités chinoises de cette sympathie pour un homme qui réclamait à l’époque le quart du territoire de la Chine et la mise à l’écart des cent millions de personnes qui se trouvent sur le territoire du « Tibet historique ».

Pendant ce temps, foin d’écharpe et de simagrées en Allemagne. Les responsables allaient et venaient entre Berlin et Pékin, nouaient des accords, se passaient des commandes mutuelles. Dans les crises commerciales, Allemands et Chinois se sont épaulés. Et pour cela, les Allemands ont agi dans le dos et sur le dos des autres pays d’Europe, comme dans l’affaire des panneaux solaires. Au fil du temps, l’Allemagne a réussi à faire pour elle ce que je souhaitais pour nous. Un partenariat privilégié avec la Chine, c’est-à-dire avec un immense marché en plein dynamisme.

Et maintenant voici l’heure des comptes. « Pour la seconde année consécutive, la République populaire de Chine est le premier partenaire économique » de l’Allemagne note l’INSEE allemand. Pourtant, de 1975 à 2014, c’est la France qui occupait cette position par rapport à l’Allemagne. Jusqu’en 2016 elle était seconde.

La fin du « couple franco-allemand » est dans ce nouvel ordre des choses. La dépendance mutuelle d’hier n’existe plus. Les Allemands ont pris le large grâce à la politique du libre-échange, au dumping social dont ils ont profité sur le dos des pays de l’Est et à l’infinie naïveté des Français. Lesquels sont devenus pourtant le deuxième marché d’exportation des Allemands. Sur les 169 milliards d’euros d’échanges entre les deux pays, 105 milliards sont des exportations allemandes en France ! Les deux tiers du commerce mutuel est donc en leur faveur. Et ce déficit représente la moitié de tout le déficit extérieur de notre pays. Si l’on ôte de ce compte la part du pétrole et du gaz, on peut dire que l’économie allemande écrase celle de la France de tout son poids.

Mais la France n’est pas seule en cause dans cette nouvelle situation de domination allemande. Le cas chinois est emblématique. D’une façon générale, l’Allemagne décroche de l’Europe. Depuis le lancement de l’euro la part des produits de la zone euro dans les achats de l’Allemagne est tombé a 36%. Dix points de moins depuis le lancement de la monnaie unique ! Et dans le même temps, les achats allemands en Europe ont baissé d’autant depuis l’euro. Cette situation rend l’Allemagne de plus en plus autonome vis-à-vis de l’activité économique de l’Union et des pays qui la composent. De plus en plus indépendante.

Ce n’est ni un hasard de situation ni un imprévu de l’action allemande. L’Allemagne a accumulé des excédents commerciaux énormes, sur le dos de ses partenaires européens. Ils n’ont jamais été sanctionnés comme le prévoient pourtant les traités européens. Mais ces excédents qui étaient essentiellement placés dans les pays européens jusqu’à la fin de l’année 2009 sont dorénavant placés en dehors d’Europe. Pourquoi ? Manque-t-on de besoins ou de placements à faire sur le vieux continent ? Non, bien sûr. A Berlin, un projet non européen est à l’œuvre. L’Allemagne accumule de la puissance en étranglant une économie européenne dont elle dépend de moins en moins.

Les stratèges à l’action sont-ils ceux qui déjà plaidaient pour une sortie de l’euro des allemands ou bien pour un euro du nord et un autre du sud ? Sait-on que ce débat a eu lieu en partie publiquement du temps où monsieur Schaüble était le ministre de l’Économie Outre-Rhin ? Car une fois l’Europe de l’Est bien en main comme c’est le cas aujourd’hui avec des pays entiers où il ne reste plus une usine qui ne soit pas allemande, à quoi bon le reste ? Une zone du mark fort n’est-elle pas plus avantageuse que la prise de risques de banqueroute avec l’un des pays du sud ?

Ma conviction est faite. Pour moi, le principal problème de l’Europe est la politique du gouvernement allemand. L’ordolibéralisme qui est sa doctrine est le nom de la politique qui convient aux intérêts du capitalisme allemand, à son besoin de dominer et à la structure de la société allemande actuelle quant à la pyramide des âges. Mais bien sûr on ne peut en discuter. La question ne peut même pas être évoquée. L’Allemagne est l’impensé de la politique française qui ne peut faire mieux qu’une mièvrerie désuète comme ces arpèges sur le prétendu « couple » franco-allemand. Tout regard critique est de la germanophobie. Toute volonté de rééquilibrage revient à vouloir la guerre avec l’Allemagne. Ces couplets m’ont été servis jusque par des gentils animateurs de la petite gauche pour qui le capitalisme est une abstraction non hiérarchisée et l’internationalisme un refus par principe de penser la Nation dans une stratégie révolutionnaire. Même sous le portrait du Che qui lui criait sans problème « la patrie ou la mort ».

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https://www.monde-diplomatique.fr/2017/09/CYRAN/57833

uit heures : le Jobcenter du quartier berlinois de Pankow vient à peine d’ouvrir ses grilles que déjà une quinzaine de personnes s’alignent devant le guichet d’accueil, enfermées chacune dans un cocon de silence anxieux. « Pourquoi je suis ici ? Parce que, si tu ne réponds pas à leurs convocations, ils te retirent le peu qu’ils te donnent, grommelle un quinquagénaire à voix basse. De toute façon, ils n’ont rien à proposer. À part peut-être un boulot de vendeur de caleçons à clous, qui sait. » L’allusion lui arrache un maigre sourire. Il y a un mois, une mère isolée de 36 ans, éducatrice au chômage, a reçu un courrier du Jobcenter de Pankow l’invitant, sous peine de sanctions, à postuler pour un emploi d’agente commerciale dans un sex-shop. « J’en ai vu de toutes les couleurs avec mon Jobcenter, mais, là, c’est le pompon », a réagi l’intéressée sur Internet, avant d’annoncer son intention de porter plainte pour abus de pouvoir.

À l’extérieur, sur le parking de la barre de logements sociaux, la « cellule de soutien mobile » du centre des chômeurs de Berlin est déjà à pied d’œuvre. Sur une table pliante installée devant le minibus de l’équipe, Mme Nora Freitag, 30 ans, dispose une pile de brochures intitulées « Comment défendre mes droits face au Jobcenter. » « Cette initiative a été montée en 2007 par l’Église protestante. Il y a beaucoup de détresse, beaucoup d’impuissance, aussi, devant ce monstre bureaucratique que les chômeurs perçoivent non sans raison comme une menace. »

Une dame, la soixantaine bien sonnée, s’approche d’un pas hésitant. Elle paraît affreusement gênée de s’afficher devant des inconnus. Sa retraite inférieure à 500 euros par mois ne lui suffisant pas pour vivre, elle touche un complément versé par son Jobcenter. Comme elle peine toujours à joindre les deux bouts, elle exerce depuis peu un emploi précaire à temps partiel (« minijob ») de femme de ménage dans un centre de soins, qui lui assure un salaire net mensuel de 340 euros. « Rendez-vous compte, dit-elle d’une petite voix affolée, la lettre du Jobcenter m’annonce que je ne lui ai pas déclaré mes revenus et que je dois rembourser 250 euros. Mais cet argent, je ne l’ai pas ! En plus, je les ai déclarés dès le premier jour, mes revenus, vous pensez bien. Il doit y avoir une erreur… » Un membre de l’équipe l’entraîne par le coude pour lui prodiguer ses conseils à l’écart : à qui adresser un recours, à quelle porte frapper pour porter plainte si le recours n’aboutit pas, etc. Parfois, le minibus sert de refuge pour traiter d’un problème à l’abri des regards. « C’est l’un des effets de Hartz IV, observe Mme Freitag. La stigmatisation des chômeurs est si prégnante que beaucoup éprouvent de la honte à seulement évoquer leur situation devant d’autres. »

Un des régimes les plus coercitifs d’Europe

Hartz IV : ce marquage social découle du processus de dérégulation du marché du travail, dit Agenda 2010, mis en place entre 2003 et 2005 par la coalition Parti social-démocrate (SPD) - Verts du chancelier Gerhard Schröder. Baptisé du nom de son concepteur, M. Peter Hartz, ancien directeur du personnel de Volkswagen, le quatrième et dernier volet de ces réformes fusionne les aides sociales et les indemnités des chômeurs de longue durée (sans emploi depuis plus d’un an) en une allocation forfaitaire unique, versée par le Jobcenter. Le montant étriqué de cette enveloppe — 409 euros par mois en 2017 pour une personne seule (1) — est censé motiver l’allocataire, rebaptisé « client », à trouver ou à reprendre au plus vite un emploi, aussi mal rémunéré et peu conforme à ses attentes ou à ses compétences soit-il. Son attribution est conditionnée à un régime de contrôle parmi les plus coercitifs d’Europe.

Fin 2016, le filet Hartz IV englobait près de 6 millions de personnes, dont 2,6 millions de chômeurs officiels, 1,7 million de non officiels sortis des statistiques par la trappe des « dispositifs d’activation » (formations, « coaching », jobs à 1 euro, minijobs, etc.) et 1,6 million d’enfants d’allocataires. Dans une société structurée par le culte du travail, elles sont souvent dépeintes comme un repoussoir ou une congrégation d’oisifs et parfois pis. En 2005, on pouvait lire dans une brochure du ministère de l’économie, préfacée par le ministre Wolfgang Clement (SPD) et intitulée « Priorité aux personnes honnêtes. Contre les abus, les fraudes et le self-service dans l’État social » : « Les biologistes s’accordent à utiliser le terme “parasites” pour désigner les organismes qui subviennent à leurs besoins alimentaires aux dépens d’autres êtres vivants. Bien entendu, il serait totalement déplacé d’étendre des notions issues du monde animal aux êtres humains. » Et, bien entendu, l’expression « parasite Hartz IV » fut abondamment reprise par la presse de caniveau, Bild en tête.

La vie des allocataires est un sport de combat. Leur minimum vital ne leur permettant pas de s’acquitter d’un loyer, le Jobcenter prend celui-ci en charge, à la condition qu’il ne dépasse pas le plafond fixé par l’administration selon les zones géographiques. « Un tiers des personnes qui viennent nous voir le font pour des problèmes de logement, déclare Mme Freitag. Le plus souvent parce que l’envolée des loyers dans les grandes villes, notamment à Berlin, les a fait sortir des clous du Jobcenter. Elles doivent soit déménager, mais sans savoir où, car le marché locatif est saturé, soit régler la différence de leur poche en rognant sur leur budget alimentaire. » Sur les 500 000 « Hartz IV » vivant à Berlin, 40 % paieraient un loyer qui excède la limite réglementaire.

Le Jobcenter peut aussi débloquer au compte-gouttes des aides d’urgence. Cela lui confère un droit de regard qui s’apparente presque à un placement sous curatelle. Compte en banque, achats, déplacements, vie familiale ou même amoureuse : aucun aspect de la vie privée n’échappe à l’humiliant radar des contrôleurs. Les 408 agences du pays disposant d’une marge d’initiative, certaines débordent d’imagination. Fin 2016, par exemple, le Jobcenter de Stade, en Basse-Saxe, a adressé un questionnaire à une chômeuse célibataire enceinte la priant de divulguer l’identité et la date de naissance de ses partenaires sexuels (2).

Par sa philosophie, ce régime inquisitorial se trouvait déjà en germe dans le manifeste signé en juin 1999 par M. Schröder et son homologue britannique Anthony Blair. Les deux prophètes de la « social-démocratie moderne » y proclamaient la nécessité de « transformer le filet de sécurité des acquis sociaux en un tremplin vers la responsabilité individuelle ». Car, précisait ce texte intitulé « Europe : la troisième voie, le nouveau centre », « un travail à temps partiel ou un emploi faiblement rémunéré valent mieux que pas de travail du tout, parce qu’ils facilitent la transition du chômage vers l’emploi ». Un pauvre qui sue plutôt qu’un pauvre qui chôme : cette vérité de café du commerce a servi de matrice idéologique à la « césure sans doute la plus importante dans l’histoire de l’État social allemand depuis Bismarck », selon la formule de Christoph Butterwegge, chercheur en sciences sociales à l’université de Cologne (3).

En France, les lois Hartz constituent depuis douze ans une source inépuisable de ravissement dans les cercles patronaux, médiatiques et politiques. L’ode rituelle au « modèle allemand » a encore gagné en puissance depuis l’arrivée à l’Élysée de M. Emmanuel Macron, pour qui « l’Allemagne a formidablement réformé (4)  ». Un point de vue rarement contesté par les éditorialistes. « Le chancelier allemand Gerhard Schröder est passé en force pour imposer les réformes qui font la prospérité de son pays », a rappelé le directeur éditorial du Monde au lendemain de l’élection du candidat de la « start-up nation », pour l’exhorter à faire montre d’une poigne de fer dans ses propres réformes (5). L’économiste Pierre Cahuc, inspirateur avec Marc Ferracci et Philippe Aghion de la refonte du marché de l’emploi imaginée par M. Macron, salue lui aussi « l’exceptionnelle réussite de l’économie allemande ». Il estime que Hartz IV, non seulement « c’est mieux pour l’emploi », mais c’est préférable aussi pour diffuser la joie et la bonne humeur, puisque « les Allemands se déclarent de plus en plus satisfaits de leur situation, surtout les plus modestes, alors que la satisfaction des Français stagne » (6).

Si « les plus modestes » parviennent encore à contenir leur allégresse dans les files d’attente des Jobcenters, il n’est pas contestable que les projets de M. Macron s’inspirent en ligne directe du « modèle allemand ». Notamment l’évidage du code du travail et le renforcement du contrôle des chômeurs, qui se verraient sanctionnés en cas de refus de deux propositions d’emploi successives. Nul n’a su mieux résumer l’esprit de Hartz IV que le président français lorsqu’il a expliqué le 3 juillet, devant le Parlement convoqué à Versailles, que « protéger les plus faibles, ce n’est pas les transformer en assistés permanents de l’État », mais leur donner les moyens de — et éventuellement les obliger à — « peser efficacement sur leur destin ». En une acrobatie verbale proche de celles effectuées naguère par les promoteurs de Hartz IV, il ajoutait : « Nous devons substituer à l’idée d’aide sociale (...) une vraie politique de l’inclusion de tous. » Pour M. Schröder, le mot d’ordre à l’encontre des pauvres était plus lapidaire : « Encourager et exiger » (« fördern und fordern »).

D’ailleurs, M. Hartz ne s’y est pas trompé. En France, l’artisan des lois qui portent son nom continue de jouir d’une réputation flatteuse. En Allemagne, on n’a pas oublié sa condamnation, en 2007, à deux ans de prison avec sursis et à 500 000 euros d’amende pour avoir « acheté la paix sociale » chez Volkswagen en arrosant des membres du comité d’entreprise de pots-de-vin, de voyages sous les tropiques et de prestations de prostituées. De sorte que plus personne ne veut entendre parler de lui. Pour trouver un auditoire toujours disposé à l’applaudir, l’ex-directeur des ressources humaines se réfugie en France. Le Mouvement des entreprises de France (Medef) l’invite régulièrement, et M. François Hollande, qui l’a reçu lorsqu’il était président, aurait songé à l’inclure parmi ses conseillers (7). C’est désormais à M. Macron qu’il réserve ses oracles, par presse interposée (8).

M. Hartz n’a pourtant joué qu’un rôle de second plan dans l’avènement des réformes Schröder. Il a certes présidé la commission dont les travaux ont servi de socle aux réformes, mais c’est surtout la Fondation Bertelsmann qui a orchestré les opérations. L’œuvre « philanthropique » du groupe de médias et d’édition le plus influent d’Allemagne a été au cœur du processus d’élaboration de l’Agenda 2010 : financement d’expertises et de conférences, diffusion d’argumentaires auprès des journalistes, mise en réseau des « bonnes volontés ». « Sans le travail de préparation, d’accompagnement et d’après-vente déployé à tous les niveaux par la Fondation Bertelsmann, les propositions de la commission Hartz et leur traduction législative n’auraient jamais pu voir le jour », observe Helga Spindler, professeure en droit public à l’université de Duisburg (9). La fondation ira même jusqu’à convier les quinze membres de la commission à des voyages d’études dans cinq pays considérés comme avant-gardistes en matière de valorisation du stock de chômeurs : le Danemark, la Suisse, les Pays-Bas, l’Autriche et le Royaume-Uni (10).

Des emplois réguliers transformés en postes précaires

Le 16 août 2002, M. Hartz remet ses conclusions à M. Schröder sous la coupole de la cathédrale française de Berlin. C’est un « grand jour pour les chômeurs », exulte le chancelier, qui promet d’en remettre deux millions au travail d’ici deux ans. Lourd de 344 pages, le rapport de la commission comprend treize « modules d’innovation » rédigés dans un patois managérial à base d’« engleutsch » (mélange d’allemand et d’anglais) où fourmillent des expressions comme « controlling », « change management », « bridge system pour actifs âgés », « nouvelle corvéabilité et volontariat »... Le Jobcenter y est décrit comme un « service amélioré pour les clients ».

Entré en vigueur le 1er janvier 2005, le régime issu de cette antilangue vient s’imbriquer dans l’autre « paquet » de l’Agenda 2010, qui orchestre la dérégulation du marché du travail. Enfourner les chômeurs dans l’entonnoir salarial imposait de forger un large attirail d’outils à destination des employeurs : défiscalisation des bas salaires, lancement des minijobs à 400, puis 450 euros par mois, déplafonnement du recours au travail temporaire, subventions aux agences d’intérim faisant appel à des chômeurs de longue durée, etc. La fièvre de l’or s’empare des entrepreneurs, en particulier dans l’industrie des services. Ravitaillés en troupes fraîches par les Jobcenters, ils profitent de l’aubaine pour transformer des emplois réguliers en postes précaires — libre à ceux qui les occupent de faire à leur tour la queue au Jobcenter pour compléter leur petite paie. L’intérim explose, passant de 300 000 recrues en 2000 à près d’un million en 2016. Dans le même temps, la proportion des travailleurs pauvres — rémunérés au-dessous de 979 euros par mois — passe de 18 à 22 %. La création en 2015 du salaire minimum, fixé à 8,84 euros de l’heure en 2017, n’a guère inversé la tendance : 4,7 millions d’actifs survivent aujourd’hui encore avec un minijob plafonné à 450 euros par mois (11). L’Allemagne a converti ses chômeurs en nécessiteux.

Les enfants convoqués au Jobcenter

Hartz IV fonctionne à la manière d’un service du travail précaire obligatoire. Les menaces de sanctions qui pèsent sur le « client » le tiennent en permanence à la merci d’un guet-apens. M. Jürgen Köhler, un Berlinois de 63 ans, exerce en temps normal le métier de graphiste indépendant. Confronté à la concurrence de gros cabinets qui cassent les prix, il ne reçoit plus assez de commandes pour en vivre et s’est donc inscrit au Jobcenter. « Un jour, raconte-t-il devant un café, un courrier m’annonce que je dois me présenter le lundi et le mardi suivants à 4 heures du matin aux portes d’une agence d’intérim pour être affecté sur un chantier et toucher ma paie le soir même. Et que je dois me munir d’une paire de chaussures de sécurité. Évidemment, je ne possède pas ce genre d’équipement et je n’ai jamais travaillé dans le bâtiment. Commencer à mon âge ne me paraissait pas une bonne idée. » Les délais étant, comme souvent, trop brefs pour tenter un recours, M. Köhler n’a d’autre choix que de contester la mesure devant les tribunaux, en espérant que son affaire sera jugée avant que ne tombe le couperet de la sanction, qui risque d’amputer ses subsides de 10 %, 30 % ou même 100 %. Nul n’est à l’abri du hachoir, pas même les enfants d’allocataires Hartz IV âgés de 15 à 18 ans : en échange de leurs 311 euros mensuels versés au budget de la famille, et même s’ils vont encore à l’école, le Jobcenter peut les convoquer à tout moment pour leur « conseiller » de s’orienter vers tel ou tel secteur sous tension et leur couper les vivres s’ils ratent un rendez-vous. Effet pédagogique garanti sur l’adolescent qui porte déjà « Hartz IV » tatoué sur le front.

Membre du groupe des chômeurs de Ver.di, le syndicat unifié des services, M. Köhler a pu disposer d’un avocat gratuit et obtenir à temps une décision favorable. Tous n’ont pas cette chance. Près d’un million de sanctions ont été prononcées en 2016, avec une ponction moyenne de 108 euros par tête — un gain non négligeable pour l’Agence fédérale du travail, autorité de tutelle des Jobcenters. La même année, ces derniers ont fait l’objet de 121 000 plaintes, rejetées dans 60 % des cas. « Les sanctions vous tombent dessus pour des motifs si absurdes qu’on a des chances de gagner si l’on s’y prend bien, explique M. Köhler. Mais la majorité des chômeurs ne sont pas informés de leurs droits et se défendent mal ; la plupart ne se défendent même pas du tout. »

Il n’en a pas toujours été ainsi. En 2003 et 2004, des dizaines de milliers de chômeurs et de salariés défilaient spontanément chaque lundi dans plusieurs villes d’Allemagne pour faire barrage aux réformes Schröder. Implanté surtout dans l’Est, où ses slogans faisaient ouvertement référence aux « manifestations du lundi » de l’automne 1989 contre le pouvoir, le mouvement avait rapidement essaimé dans l’Ouest, prenant au dépourvu les appareils syndicaux, peu enclins à lui emboîter le pas. « Les syndicats ont beaucoup tergiversé, admet M. Ralf Krämer, secrétaire fédéral de Ver.di chargé des questions économiques. Leur position était d’autant plus ambiguë que deux de leurs représentants avaient participé à la commission Hartz, l’un du DGB [Confédération allemande des syndicats], l’autre de chez nous. » Outre les deux syndicalistes, la commission Hartz comprenait deux élus, deux universitaires, un haut fonctionnaire et sept « top managers », dont ceux de la Deutsche Bank, du groupe chimique BASF et du cabinet de conseil McKinsey. « Le mouvement syndical en Allemagne est traditionnellement proche du SPD, poursuit M. Krämer. À l’évidence, les réformes Schröder n’ont pu s’imposer que parce que le gouvernement était social-démocrate, sans quoi la résistance aurait été beaucoup plus forte. »

En novembre 2003, à la stupéfaction générale, une manifestation organisée hors des appareils syndicaux rassemble cent mille personnes à Berlin. « De nombreux syndicalistes étaient présents, dont moi-même, car chez Ver.di la base avait compris que ces réformes ne visaient qu’à favoriser le marché des bas salaires, poursuit M. Krämer. Mais la direction du DGB a traîné les pieds. » Cinq mois plus tard, de nouvelles manifestations à Berlin, Stuttgart et Cologne font descendre dans la rue un demi-million d’opposants : du jamais-vu dans le pays depuis l’après-guerre. Cette fois, les directions syndicales défilent en tête de cortège. « On aurait peut-être pu gagner si la dynamique s’était poursuivie, déplore M. Krämer. Mais le DGB a eu peur de perdre le contrôle et s’est abstenu d’appeler à d’autres mobilisations. Les “manifestations du lundi” se sont retrouvées isolées, et le mouvement s’est éteint. On a raté une occasion historique. Il faut dire que la confrontation ne fait pas partie de la culture syndicale allemande. Ce n’est pas dans nos usages de contester les décisions d’un gouvernement démocratiquement élu, bien que, à titre personnel, je le regrette. »

Curieusement, cet échec n’a pas incité les syndicats à réfléchir à un changement de stratégie. Chez Ver.di pas plus qu’au DGB — dont Ver.di fait partie, mais où les syndicats de la métallurgie et de la chimie sont en position de force — les dirigeants n’ont jugé utile d’ouvrir un débat sur l’illégalité des grèves « politiques », cette curiosité du droit allemand qui interdit aux syndicats d’appeler au débrayage contre des lois jugées néfastes aux intérêts des salariés. « Grève générale » ? L’expression provoque un haussement de sourcils chez M. Mehrdad Payandeh, membre du comité directeur fédéral du DGB, chargé des questions économiques. « Pour nous, une grève n’a de sens que si nous échouons à négocier des augmentations de salaire dans les secteurs où nous sommes représentés. Cela arrive rarement. Notre légitimité, ce sont nos adhérents, pas la rue. On n’est pas comme ces pays du Sud où les gens font grève pour trois fois rien ! »

À sa manière volubile et chaleureuse, M. Payandeh incarne assez bien la culture syndicale décrite par M. Krämer. L’homme du DGB prête davantage d’attention aux patrons qu’il connaît et dont il loue la « capacité à coopérer avec les syndicats », qu’aux chômeurs Hartz IV ou aux forçats du travail précaire, relégués hors de son périmètre. « Bien sûr que je suis contre les sanctions Hartz IV et la précarité, se récrie-t-il. Mais les lois votées par le Bundestag ne sont pas de notre ressort. Le but, pour nous, c’est de défendre nos salariés dans les accords de branche. » À ceci près que de tels accords n’existent guère que dans les secteurs de la métallurgie et de la chimie, à l’ombre desquels la toute-puissante industrie des services absorbe une main-d’œuvre de plus en plus corvéable et de moins en moins protégée.

Les luttes contre les lois Hartz n’en ont pas moins laissé une trace profonde dans le pays. Elles ont considérablement affaibli le SPD, toujours chancelant après la saignée des quelque 200 000 adhérents qui ont pris le large depuis 2003. Mais elles ont aussi remodelé le paysage politique en poussant une partie des dissidents du parti de M. Schröder à fusionner en 2005 avec les néocommunistes du Parti du socialisme démocratique (PDS) pour créer Die Linke (La Gauche), aujourd’hui seule formation représentée au Bundestag à plaider pour l’abrogation des lois Hartz. Elles ont aussi forgé un vaste réseau de groupes de chômeurs résolus à se faire entendre par des actions d’entraide et d’autodéfense — à l’image du collectif Basta, implanté dans le quartier populaire de Wedding, à Berlin, qui organise régulièrement des visites pugnaces dans les Jobcenters de la capitale.

« Pour nous, la France était exemplaire »

À l’heure où, en France, on s’interroge sur la possibilité de faire obstacle aux ardeurs réformatrices de M. Macron, de nombreux syndicalistes allemands retiennent leur souffle. « Les réformes Macron nous inquiètent énormément, car elles risquent de tirer les salaires vers le bas et de faire tache d’huile chez nous », lâche M. Dierk Hirschel, un dirigeant de Ver.di. « Pour nous, la France était exemplaire à bien des égards, ajoute son collègue Ralf Krämer. L’évolution actuelle nous paraît tragique. On espère que les syndicats français ne répéteront pas nos erreurs et sauront se montrer plus offensifs que nous ne l’avons été. »

Olivier Cyran

Journaliste. Coauteur avec Julien Brygo de Boulots de merde ! Du cireur au trader, enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, La Découverte, Paris, 2016.

(1) L’allocation chute à 368 euros pour un individu vivant en couple avec un autre « Hartz IV ». S’y s’ajoutent 237 euros pour un enfant de 0 à 6 ans, 291 euros pour un enfant de 7 à 14 ans et 311 euros pour un adolescent de 15 à 18 ans.

(2) « Jobcenter fragt nach Sexpartnern per Fragebogen », sur le site du collectif d’information Gegen Hartz IV.

(3) Christoph Butterwegge, Hartz IV und die Folgen. Auf dem Weg in eine andere Republik ?, Beltz Juventa, Weinheim, 2015.

(4) « Macron : “Je veux conforter la confiance des Français et des investisseurs” », Ouest-France, Rennes, 13 juillet 2017.

(5) Arnaud Leparmentier, « Les cent jours de Macron seront décisifs », Le Monde, 10 mai 2017.

(6) Sophie Fay, « Macron va-t-il faire du Schröder à la française ? », L’Obs, Paris, 13 mai 2017. À propos de Pierre Cahuc, lire Hélène Richard, « Théorème de la soumission », Le Monde diplomatique, octobre 2016.

(7) « L’ancien DRH de Gerhard Schröder ne conseillera pas Hollande », Le Monde, 28 janvier 2014.

(8) « Peter Hartz : lettre à Emmanuel Macron », Le Point, Paris, 21 juin 2017.

(9) Helga Spindler, « War die Hartz-Reform auch ein Bertelsmann-Projekt ? », dans Jens Wernicke et Torsten Bultmann (sous la dir. de), Netzwerk der Macht — Bertelsmann. Der medial-politische Komplex aus Gütersloh, BdWi, Marbourg, 2007.

(10Cf. Thomas Schuler, Bertelsmann Republik Deutschland. Eine Stiftung macht Politik, Campus, Francfort, 2010.

(11) Sources : Agence fédérale du travail ; rapport de l’Institut des sciences économiques et sociales (WSI) n° 36, juillet 2017.

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