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Billet de blog 21 janvier 2020

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Un octogénaire surveillant les épreuves du Bac chute et se blesse légèrement à Joué-lès-Tours

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https://www.francebleu.fr/infos/education/un-octogenaire-surveillant-les-epreuves-du-bac-chute-et-se-blesse-legerement-a-joue-les-tours-1579612782

Le SNES voit cet incident comme le symbole des errements du rectorat pour suppléer les enseignants grévistes pendant les épreuves de contrôle continu du Bac.

Ce matin, au lycée Jean Monnet de Joué-lès-Tours, un retraité de 83 ans a heurté un muret dans l'établissement. Il a chuté et s'est légèrement blessé. Les pompiers ont été appelés. Rien de grave mais le SNES, par la voix de sa co-secrétaire départementale Anne Grandet, estime que cet incident est symptomatique des actes du rectorat qui n'hésite pas à remplacer les enseignants grévistes par des personnes non compétentes comme les retraités et les demandeurs d'emploi pour surveiller les épreuves du Bac. 

Pour la co-secrétaire départementale du SNES, "le fait que parmi les remplaçants il y ait des retraités est déjà contestable, mais après ce qui s'est passé ce matin, on pourrait croire à une blague ! Et pourtant cela n'en est pas une, il y a quelqu'un de 83 ans qui s'est blessé en trébuchant contre un muret dans l'établissement. Un muret radicalisé, probablement. On est vraiment dans la 4e dimension, pour en arriver à demander à des gens de 83 ans de venir remplacer des personnels enseignants grévistes pour briser la grève, c'est incroyable" s'agace Anne Grandet.

Ce mardi matin, devant le lycée Jean Monnet, un cordon de policiers était présent pour éviter que les grévistes empêchent les surveillants ou les élèves d'entrer dans l'établissement. L'après-midi, les syndicats FNEC-FP-FO, FSU, CGT Educ’action, et Sud éducation, ont publié un communiqué dénonçant les violences policières exercées à l’encontre de leurs collègues manifestant devant le lycée Jean Monnet lundi matin à l’ouverture. 

En voici un large extrait: "des professeurs témoignent : ils ont été attrapés au bras, bousculés, intimidés alors qu’ils manifestaient pacifiquement contre les épreuves communes de contrôle continu instaurées par la réforme Blanquer et contre la réforme des retraites. Les élèves ont été choqués de voir leurs professeurs malmenés. Par ailleurs, l’Assemblée Générale dénonce les irrégularités dans la passation d’épreuves surveillées par des retraités ou des chômeurs en fin de droits, sans avoir reçu de formation. Cela a donné lieu a des difficultés pour remplir les entêtes des copies, des débuts d’épreuves retardés. Plus encore, des élèves ont rapporté à la sortie des cas de fraude, passés inaperçus. L’Assemblée Générale invite l’ensemble des collègues à consigner toutes ces irrégularités, afin d’en faire état auprès des instances hiérarchiques".

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https://www.lamontagne.fr/moulins-03000/actualites/les-parents-d-eleves-de-la-fcpe-de-l-allier-demandent-l-annulation-totale-du-systeme-de-controle-continu-e3c_13730951/

La fédération des parents d’élèves FCPE de l'Allier, « inquiète », estime, dans un communiqué, que ses enfants « méritent mieux » que les épreuves d’E3C, exigeant « l’annulation totale » de ce système de contrôle continu du Bac.

Dans un communiqué, la fédération FCPE de l’Allier, présidée par Patrice Berthomier avance que les E3C sont « en réalité des partiels, qui n’ont rien à voir avec un contrôle continu, mettant d’ailleurs entre parenthèse toutes les autres disciplines. Ces épreuves génèrent un stress inadmissible pour les élèves, lié à une impréparation irresponsable du gouvernement et créent une rupture d’égalité ».

Sujets et corrections « diffusés avant l’épreuve » 

La FCPE relève des anomalies quant à l’organisation de ces E3C : « Non seulement des indications plus au moins précises ont été données quant aux révisions à effectuer, mais plus grave, certains lycéens avaient pu consulter les sujets et les corrections avant même d’aller passer l’épreuve, par exemple jeudi 23 janvier au lycée Banville, à Moulins ».

Le lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand après le report des E3C d'histoire-geographie

« Ces épreuves du soi-disant contrôle continu n’ont pas lieu partout aux même dates, mais les sujets sont tous issus de la même banque de sujets proposés par le Ministère. Heureux, celui qui a trouvé le bon sujet sur Twitter ! Se préparer au Bac 2021 dans ces conditions est inadmissibles ». 

Mais aussi : « Face aux difficultés d’organisation et au contexte social, des établissements ont dû annuler cette première session d’E3C, créant ainsi une inégalité entre les élèves devant l’examen. Le Ministère de l’Education nationale fait, une nouvelle fois, preuve d’amateurisme en menant et mettant en place à la hâte sa dite réforme ».

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Marie Lahsen

Moteur de conversation · 12 min

En réponse à Romain Goupil, émission "On n'est pas couché" du samedi 25 janvier. Publié sur la page FB de l'émission.

Romain, on va se tutoyer puisque tu te permets, alors qu’on voit clairement que tu ne connais rien à notre métier, de nous dire que nous sommes de mauvais professeurs, des immobilistes, des capricieux, voire des enfants gâtés, le tout du haut de ton ignorance. Prof, le seul métier de l’univers que quasi tout le monde se permet de critiquer (sont toujours en vacances, travaillent 18 heures par semaine et tutti conneries). Professeurs, les seuls professionnels à qui on se permet de dire comment faire leur boulot. Oserait-on le dire à un boulanger, sans se sentir très ridicule ? Donc cher Romain, mon poteau, tu hurles que « nous nous braquons systématiquement, le corps enseignant, depuis des années et des années ». En effet, cela fait des années et des années que l’Education nationale est attaquée à coup de réformes qui ne sont que des mesures de restrictions budgétaires déguisées. Tu crois, toi, que c’est pour le bien des élèves (ravi de la crèche bienheureux que tu es), mais nous on sait, on voit que non. Pire on le vit au quotidien, à chaque cours. « Vous êtes dans quelque chose qui est effectivement très anxiogène. » Si tu savais à quel point mon ami cette profession est anxiogène, quand nous voyons au quotidien que nous ne pouvons plus faire des cours de qualité, donner de l’attention à chacun de nos élèves, parce que oui c’est un peu plus dur à 30 ou 35 par classe, notamment. Pour toi, c’est de notre faute, bah oui, CQFD : « Il y a quelque chose que ne fonctionne pas à l’Éducation nationale et vous en faites partie. » Ce quelque chose mon ami, ce sont les réformes et nous les profs on lutte contre ces réformes qui tuent notre métier et pénalisent les élèves, les enfants des autres. « Au lieu de reposer le problème et d’en discuter, vous êtes contre. » Tu me diras Romain comment discuter avec notre ministre, je brûle de connaître ton mode d’emploi magique pour se faire écouter du ministre et effectivement on ne sera jamais pour des réformes qui cassent notre outil de travail, pénalisent les élèves. « Dès qu’il y a quelque chose (varie ton vocabulaire Romain au passage stp mon pote) qui change votre statut, c’est comme si on attaquait l’ensemble du service public. » Tu vois, tu ne dis pas QUE des conneries. En effet attaquer l’école, saper l’école, les jeunes, c’est faire imploser une partie des services publics. Chose grave, que nous croyons nous profs, gros bêtas, gravissime. « Mettez-vous à discuter dans chaque bahut, c’est votre boulot. » Bon tu ne connais rien à mon boulot Romain, je constate à nouveau et tu sais bien qu’on est fainéants et immobilistes donc pourquoi cette injonction forcément inutile ? « Votre boulot, c’est que les élèves soient contents d’apprendre et d’en faire des citoyens critiques et autonomes. » Mais c’est notre souhait le plus cher mon ami, ce pour quoi nous avons signé en entrant dans cette belle maison. Justement pour cette raison qu’on hurle notre colère, notre désespoir, que nous sommes dans la rue. Nous ne pouvons plus le faire, depuis des années et des années comme tu dis si joliment : heures d’enseignement par matière à la baisse, effectifs délirants, réformes délirantes. Comment faire de la qualité dans un contexte de restrictions budgétaires ? La plupart des profs vivent leur métier avec passion, sont investis pour leurs élèves. Tu vois moi, j’ai fait un burn-out il y a quelques années et je suis en détachement pour voir autre chose, toujours dans la maison. J’apprends beaucoup, je m’épanouis. Cependant, j’ai encore plus envie de hurler, de manifester maintenant que je suis du côté obscur de la Force car je vois le plan, les raisons véritables qui mettent mes collègues dans la souffrance. Je ne sais pas à l’heure où je t’écris si je retournerai faire de la merde pour des élèves, avec les moyens qu’on nous donne, notamment le contrôle continu que tu célèbres. On nous oblige à faire de la merde et moi, cela me rend folle. Je ne peux plus, je ne veux plus et de nombreux collègues n’en peuvent plus et se reconvertissent. On t’a dit que plusieurs professeurs se sont suicidés ? As-tu entendu parler de notre collègue Christine Renon, directrice d’école qui est morte de désespoir, à cause de son travail ? Tu vas encore oser nous dire que « votre méthode d’éducation, vos fonctionnements, et maintenant votre argumentation contre le contrôle continu me heurtent très sérieusement. », dis-moi, vas-tu oser ? Je ne t’embrasse pas poteau, j’ai juste envie de hurler là, face à ton ignorance, ton arrogance, ta bêtise. Je reviendrai plus tard, j’ai de vieux manuels à balancer devant le rectorat et cela ne peut attendre. La contestation et la lutte ne peuvent attendre.

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