La préoccupation du moment, cet été en France, se cristallise autour de l'objet insolite (ou insolent, c'est vous qui voyez) que l'on nomme burkini.Cet objet composite ressemble au nom qu'il porte. Il est à la fois couvrant comme la burka-cette tenue traditionnelle afghane qui voile la femme dans la totalité de sa forme-et dévoilant, voire impudique tel le bikini (doit-on encore le présenter?) qui forme avec ses deux dernières syllabes, la fin de ce mot valise.
Le burkini est donc dans sa nature même un objet contradictoire ou plutôt on devrait dire qu'il contredit, contrecarre, va a contrario de quelque chose...Dans tous les cas, le burkini ne laisse pas indifférent, d'où que l'on vienne, qu'on y adhère ou pas, qu'on le revête ou non, qu'on le pratique ou pas...oups, je crois que j'ai réalisé un lapsus, car le burkini n'est pas une religion, ni un dogme et ce, malgré les tentatives du moment.
Dire que la France a failli se scinder en deux en suscitant la polémique autour de la star, de "la nouvelle star" BURKINI, on a même parlé de "guerre civile"; j'aurais préféré qu'on évoque la nouvelle bataille d'Hernani où se contredisent Classiques et Modernes.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit: le burkini dans son étonnante complexité porte en lui-même une idée qui dérange tout le monde. Il n'y a donc pas lieu de se contredire car au fond, nous sommes tous dérangés par cette bête immonde qui vient réveiller nos plus fortes contadictions; les mettant alors à jour, les exposant, toute nues et de façon totalement impudique voire "ob-scène".
Le burkini exprime la possible intégration de la femme musulmane dans tous les espaces publics, y compris à la plage. L'obscénité est justement là, dans son sens littéral, car la femme musulmane pour les radicaux laïcs et musulmans devrait être placée hors de la scène publique. Sa seule possibilité d'exister demeure dans l'espace intime, ce "harem" que constitue le foyer familial.
Au final, on a vu que sa seule présence pour les uns comme pour les autres constitue une atteinte aux bonnes moeurs. La femme musulmane fait-elle mal aux yeux plus que le soleil de plomb?
Ainsi, le burkini est-il, pour les uns, le symbole de la soumision des femmes: quel outrage au combat féministe mené depuis des lustres en France! Olympe de Gouges s'en retournerait dans sa tombe. Pour d'autres, les femmes musulmanes en burkini marquent le signe de leur insoumission : quel outrage au "dogme", ces femmes n'avaient-elles pas "mieux à faire chez elles" que de se jeter à l'eau sur une plage surpeuplée?
Toujours est-il que nos concitoyens se sont pris au nouveau jeu de télé-réalité que l'on nomme "Un burkini à la plage" et ont fait de leurs vacances le lieu propice au débat le plus stérile de l'année car, au fond, on voit tous bien que le burkini ne mérite pas la priorité politique.
A-t-on touché le fond si bas que pour faire oublier notre propre stérilité en matière de politique économique et sociale, nous ayons eu besoin de crier haro sur le baudet burkini, pauvre bêbête échouée sur les plages du sud ?
Comme si la revêteuse de cet habit ne méritait pas son bain d'eau et de sel? Ne mérite-t-elle pas, elle aussi, après une année "pourrie", de prendre quelques vacances aussi "pourries" que les idées portées par les technocrates du moment?
Et justement, la porteuse du burkini s'est effacée au profit de "l'objet de la tentation". Par métonymie, les femmes elles-mêmes, sont devenues des burkinis ambulants ou des burkinis potentiels à tel point que l'on a aussi pensé qu'il fallait verbaliser les femmes "trop" longuement vêtues ou "mal accoutrées".
Quelle bêtise! Quel nouvel arrêté peut-on voir poindre l'été prochain? Pourra-t-on encore entrer dans une Mairie (ou tout autre espace dit public) voilée? Si la France veut contraindre les femmes musulmanes à la pseudo-discrétion voire à "l'invisibilité", elle trouvera toujours un biais par lequel imposer cette idée, allant même jusqu'à tordre le cou à tous nos principes de liberté et de tolérance.
Mon conseil de rentrée: une bonne dose de textes à relire , un cerveau à se refaire à l'endroit car le ciel nous est vraiment tombé sur la tête! Commençons par exemple par la DDHC car nos hommes politiques semblent en avoir occultée une partie, la jugeant arbitrairement secondaire.
Nous avons touché le fond, tous ensemble cet été, car même en n'adhérant pas au débat (qui en réalité n'en est pas un) ce sont quand même des concitoyens français qui s'en s'ont lâchement pris à des concitoyennes françaises dont le seul et unique tort fut finalement d'avoir eu envie de se baigner "confortablement" installées dans leur BEURK-kini!