« Radicalisation, terrorisme islamiste, bombe, voile (de toutes sortes) autoritarisme, violence, dictature, charia (simplifiée au découpage de main et lapidation des femmes) : voilà une infime partie du champ lexical associé systématiquement aux musulmans et à l’islam en général dans nos contrées, dans nos médias mais surtout dans les propos de nos hommes politiques. Fâcheuse habitude qui ne choque plus personne parce qu’elle s’est ingérée de façon sournoise et ce depuis des années en France.
Ce lexique se nourrit évidemment des faits et ce depuis dit-on le 11 septembre 2001 qui marque sans doute notre entrée dans le 21è siècle : tragique :-(!!
Mais avant le 11 septembre, que s’est-il passé ?
Rares sont les hommes politiques aux USA qui ont expliqué (attention, je ne dis pas « qui ont justifié » car rien ne justifie la barbarie d’où qu’elle parte) cet attentat.
Je propose que l’on remonte encore avant :
dans mes souvenirs d’adolescente, il y avait déjà les problèmes de guerre civile en Algérie, et encore avant celui de l’IRAK-Grand envahisseur du KOWEIT- à qui les USA ont réglé leur compte. Et encore avant, le LIBAN -je me souviens de Balavoine qui chantait la chanson « Liban, oh, oh Liban…. » et encore avant, l’épineux embarras de la PALESTINE devant la création d’ISRAEL et j’en passe : guerre IRAN-IRAK , MALI,…et plus récemment les Révolutions Arabes depuis la TUNISIE jusqu’à aujourd’hui la SYRIE .
Ainsi, les pays dits musulmans sont plutôt, il est vrai, en état de guerre sous toutes ses formes.
L’instabilité de ces territoires n’a cessé d’aller en accélérant et ces dernières années, on constate que l’ensemble (y a-t-il un ensemble d’ailleurs ?) tient à peine debout. Les quelques pays encore stables prient pour que cela dure : c’est par exemple le cas du Maroc où j’entends l’inquiétude gagner du terrain.
Rarement les politiques en France ou ailleurs ne nous offrent une analyse claire de ce qui se passe vraiment.
Rarement on nous explique qu’avant le 11 septembre 2001, les USA ont commis des barbaries sous couvert d’un pseudo-effort pour régler les problèmes du monde. La pire de toute (car la plus explicite) et j’ai encore cette image devant les yeux : je revois Saddam HUSSEIN en train de justifier qu’il ne possède pas de lieu secret de fabrication de l’arme nucléaire aux commissaires envoyés par l’ONU. Les USA ont voulu sciemment et à la face du monde, créer la violence. Les Irakiens en ont payé le prix fort, et cela continue aujourd’hui encore.
Nous ne devons pas oublier cela en France.
Nous devons nous souvenir que les manipulations politiques existent et existeront toujours.
Nous devons penser que dans tout crime il y a un intérêt caché.
Dans tout forfait, petit ou grand, posons-nous la question suivante : A qui profite le crime ?
Un exemple parmi d’autres : à force d’évoquer DAESH en France, on a oublié les méfaits commis par Bachar Al Assad sur son propre peuple et le mot est trop petit pour exprimer l’horreur subie dans les bombardements chimiques.
Jamais, dans nos déboires et dans les tragédies successives que nous venons de connaître en France, jamais nos « hommes d’en-haut » n’ont souhaité s’expliquer sur leur éventuelle responsabilité en matière de politique internationale. Ce mutisme en dit long, ce silence est un signe éloquent pour nous tous.
D’emblée, lors des premiers attentats, nos hommes poolitiques ont parlé du « terrorisme islamiste » en invitant toute la patrie à ne pas céder aux amalgames.
C’était le cas au début, c’est-à-dire au moment des attentats de Charlie.
Que voit-on aujourd’hui, à l’approche des élections? Des discours décomplexés qui invitent nos concitoyens musulmans « à la discrétion ».
Ainsi, le glissement a eu lieu :
Le Musulman de France se voit revêtir et ce, malgré lui, LA responsabilité et une étiquette au pire de « djihadiste barbare assoiffé de sang et de vengeance » au mieux de « citoyen incompatible avec la laïcité ». Les mots / maux sont lâchés d’en-haut et je constate que ce mal est en train d’envahir notre territoire.
Je ne veux pas croire que La France soit un pays si peu enclin à la réflexion. Je n’accepte pas cette « fatalité » qui consiste à penser que le citoyen musulman n’est pas compatible avec la société. Je n’aime pas les raccourcis simplistes qui se prêtent au jeu du bouc-émissaire.
Il y a urgence car il y a A-BER- RA- TION et elle prend tellement de place qu’on ne la voit justement plus. Nous avons le nez collé à une multitude de préjugés qui risquent de scinder notre société et mettre en péril les bases même de notre tissu social.
De mon côté, j’ai éteint la télévision car le champ lexical hyper négatif, hyper péjoratif, à l’encontre de nos concitoyens musulmans commence à déformer ma vision de la réalité.
Loin du bruit médiatique, je reviens alors à cette question qui me paraît essentielle : Quelle est notre responsabilité face au terrorisme que nous subissons tous de plein fouet musulmans ou pas?
Nous absorbons des sentences qui s’apparentent à des vérités : les hommes politiques emploient le présent de vérité générale et un lexique terrifiant pour mieux asservir le peuple lui créant une fausse urgence du moment à travers la stigmatisation de nos concitoyens musulmans. Et je crois là, qu’il s’agit de la pire erreur.
En « traquant » le musulman dans tout ce qu’il a de visible et ce, depuis bien avant les attentats : repas halal, minaret, lieu de culte, école confessionnelle, foulard ou voile, barbe, moutons de l’aïd [oui, lui aussi ;-)] on donne du grain à moudre aux plus radicaux des musulmans, à ceux qui privilégient la violence et le crime pour s’exprimer, à ceux qui sont loin de la culture, à certains qui sont jeunes, révoltés, au chômage, en galère ou instables voire mal dans leur peau, à ceux qu’on endoctrinerait facilement dans des formes graves de radicalisation, facilement parcequ'ils portent en eux des ingrédients essentiels qui leur feront percevoir le terrorisme comme la forme salutaire d’une résistance violente, comme la seule issue possible face à cette société qui, de toutes façons « ne veut pas d’eux ». Sans réduire évidemment le terrorisme à cela, on ne peut occulter cette part de vérité. Je vous renvoie aux témoignages de certains jeunes de retour de Syrie.
Nos hommes politiques jouent à un jeu dangereux et je suis convaincue qu’ils le savent « soufflant le chaud et le froid » selon leur ambition. Mais rappelons-leur qu’ils ont plutôt intérêt à nuancer leurs propos, à revenir avec sincérité aux principes de notre République, de notre Laïcité et de notre Constitution, principes largement fourvoyés et ce, sous le regard complaisant d’une majorité. Si on rêve d'une société unie, on ne doit pas commencer par la diviser.
Quant à nous, en bas, refusons l’autoritarisme de la pensée,
soyons éclairés,
soyons justes et nuancés,
soyons fidèles à ce que nous avons de plus chers à sauver, pour vivre ensemble dans notre HUMANITE.