Le moment d’euphorie passé, il faut aussi se confronter à une réalité beaucoup moins réjouissante : avec plus de 23 % des inscrits (RN + LR ralliés), l’extrême-droite est majoritaire en France ; avec moins de 17 % des inscrits, la gauche est minoritaire, les effets en sièges étant en partie gommés par le principe du scrutin par circonscription. Dans ces conditions, c’est faire preuve d’un singulier aveuglement et d’une curieuse conception de la démocratie que de réclamer bruyamment, comme l’ont fait certains leaders LFI, l’application de l’intégralité d’un programme qui n’a pas recueilli les faveurs d’une majorité des électeurs. Qu’une minorité relative impose sa loi à l’Assemblée, c’est la ligne suivie par la « majorité » macroniste pendant deux ans. Avec pour résultats, un populisme débridé menant l'extrême-droite aux portes du pouvoir.
L’alternative est connue et c’est la seule : un compromis dépassant les frontières partisanes, ce qui est d’ailleurs la norme dans toutes les démocraties, une démocratie dont la nature est de privilégier le respect de la diversité et de ne pas se satisfaire de la loi de la majorité relative. Mais en France le compromis est considéré comme une compromission, d’aucuns préférant la posture certes plus confortable qui consiste à rester dans l’opposition plutôt qu’à exercer des responsabilités. Mais pour cela, il faut dépasser les querelles d’ego et de chapelle, les gesticulations et les comportements infantiles, la théâtralisation du débat politique qui apporte beaucoup à ceux qui s’y livrent mais rien à la société. La gauche n’a guère qu’un an pour se montrer crédible. Car dans un an, l’extrême-droite ne laissera sûrement pas passer sa chance une seconde fois. Un miracle se reproduit rarement deux fois.