Depuis ses balbutiements (dès les années 40 du siècle dernier), l'I.A. a enthousiasmé un nombre impressionnant de "conquérants" informaticiens divers, allant de ceux qui pensaient pouvoir instaurer un équilibre, un bien-être social dans la vie de chacun-e et de chaque "nation" jusqu'à ceux qui, par pure perversité, ont vu là l'occasion de mettre en exergue, dans tous les coins du monde, leurs délirants projets, en passant par ceux qui n'ont vu là que la simple opportunité de se faire valoir personnellement auprès du plus grand nombre (le "complexe" de Narcisse).
C'est avec l'invention des ordinateurs programmables que l'IA a connu un véritable essor, concrétisé par la volonté de mettre au point un "cerveau électronique" dans la lignée de recherches en neurologie, ayant établi que le cerveau humain était constitué d'un réseau de neurones communiquant entre eux à l'aide d'impulsions électriques. Deux événements particuliers sont souvent identifiés comme "fondateurs".
Le premier événement est la publication en 1950 d'un article scientifique par le mathématicien britannique Alain Turing qui a donné lieu au fameux "test de Turing". Le deuxième événement consiste dans les travaux en cybernétique (ce qui peut être vu comme l'étude des mécanismes de transmission et d'analyse de l'information) qui trouvent leur prolongement dans la Conférence de Dartmouth en 1956. John McCarthy y participe et parle "d'intelligence artificielle". Un des organisateurs de cette Conférence, Marvin Minsky, déclarait même dans le magazine "Life" : "Dans trois à huit ans, nous aurons une machine avec l'intelligence générale d'un être humain ordinaire" . Il s'en est par la suite défendu.
Depuis les années 60-70, ont été réalisés des progrès évidents en Informatique qui, ne l'oublions pas, est un domaine immense que même le plus grand ingénieur en Informatique ne peut dominer entièrement. Il y a les ingénieurs en Développement de logiciels, en Système d'information, les ingénieurs du "Web", du "Marketing", etc. et il arrive parfois qu'un ingénieur spécialisé dans le Développement se heurte à des consignes pour lui incompréhensibles (car inadaptées au travail qu'il est en train de poursuivre) provenant d'un autre ingénieur spécialisé dans l'Information. Alors il faut tout reprendre à partir du point de désaccord, recommencer et continuer le travail jusqu'à la réalisation concrète du Projet initial qui a été commandé par telle ou telle Entreprise (privée ou publique).
Cependant, on a voulu aller trop vite. Dans un contexte global où l'Argent règne en Roi, l'attrait de l'enrichissement, voire la cupidité, ont précipité les erreurs, les oublis, les négligences. Sans oublier le manque d'attention qui frappe tout le monde (y compris moi) depuis que le Travail a pris une dimension hallucinante (beaucoup travaillent plus de 70 heures/semaine et sont même contraints de faire une croix sur leurs vacances). Un autre phénomène - et non le moindre - pour expliquer les échecs successifs et répétés, présents et à venir, de l'IA et des "start-up" françaises qui l'utilisent, c'est la confusion qui est faite sur le principe de liberté présent aux USA et en France. Or, ce principe de liberté n'est pas le même aux USA que le nôtre en France.
Dans la Constitution américaine, le Premier amendement est clair : on peut tout dire, tout et n'importe quoi, on peut dire la vérité mais aussi mentir, insulter son voisin réel ou virtuel, être injuste et dire le faux. C'est ça la Liberté! elle est sans limite. On peut même être convaincu que la Terre est plate, encore en 2024, c'est triste quand même *.
En France, la Liberté a des limites. On ne peut pas nier ce qui a existé (les chambres à gaz par exemple, pendant la seconde guerre mondiale), on ne peut pas nier des faits ou des réalités, qui ont été reconnus, documentés, archivés ou prouvés scientifiquement (comme le fait que la Terre est ronde et tourne autour du Soleil, comme la vitesse de la Lumière, comme l'existence de perturbateurs endocriniens - dans les produits utilisés en Agriculture -, générateurs de maladies graves, etc.) ; on peut dissoudre un mouvement qui ne respecte pas les principes de la République (comme cela a été le cas de Génération identitaire, dissous sous le premier mandat d'E. Macron).
En conclusion, je dirai simplement que les fanatiques de l'IA sont comme tous les autres fanatiques, ils ne font qu'abreuver/exciter/encourager les psychopathes, les agents de haine et de destruction et les marchands d'Armes.
J'espère vivement qu'ils vont se soucier des dangers qu'ils engendrent et comme je suis d'une nature plutôt optimiste, je pense qu'ils (en tout cas certains d'entre eux) finiront par comprendre.
C'est là qu'ils sortiront leurs mouchoirs car ils vont pleurer, tellement ils seront tristes d'avoir été ce qu'ils ont été.
Quelques sources :
Le Monde diplomatique, novembre 2024, "La technique, c'est toujours politique" ; "Pourquoi l'Intelligence Artificielle a créé un Barack Obama blanc"; "Derrière la forêt des machines, un arbre généalogique".
La Brèche, n° 10, décembre 2024 - février 2025, "Terre pillée et intoxiquée", "L'IA favorise la dégradation des conditions de travail", "Justice prédictive : le juge et les avocats-robots aux portes des Tribunaux".
Luc Julia, son livre "L'intelligence artificielle n'existe pas", paru en 2019 (chez First Editions). Extraits, pages 155-161 : "Parmi les nombreuses voix qui portent aujourd'hui l'idée d'une intelligence artificielle effrayante et dangereuse, Elon Musk est l'une des plus bruyantes. Il est certain que l'IA va échapper à notre tutelle, contrôler le monde et nous avec. (...) Il va même encore plus loin et pousse sa logique à fond en prétendant que l'IA va tellement nous contrôler et nous surpasser que nous devrions injecter cette IA dans nos cerveaux pour en augmenter les capacités. (...) Il nous raconte des histoires fondées sur des fantasmes populaires faisant appel à des images de science-fiction ancrées dans notre inconscient collectif. Au fond, Musk nous ressert le mythe de Frankenstein revisité à la sauce Geek. Il a récemment créé un laboratoire, baptisé Neuralink, dans le but de faire des recherches sur l'injection de cellules augmentées par des couches numériques dans le cerveau humain, afin d'éviter que nous soyons contrôlés par les robots."
La Décroissance, n° 198 - avril 2023, article sur Klaus Schwab qui n'a pas peur de dire que notre salut réside dans "la vitesse stupéfiante des progrès scientifiques et technologiques actuels", qui connaissent des taux de croissance "exponentiels". Il va même jusqu'à prendre en compte la pauvreté qui augmente, le dérèglement climatique qui accumule les catastrophes (incendies de plus en plus virulents, sécheresses, inondations, fonte des grands glaciers, perturbations des courants marins), l'inflation, l'endettement. Klaus Schwab est donc un homme réaliste. Le gros et grand problème est que son espoir réside uniquement dans les "innovations", telles que les fermes verticales et les véhicules autonomes, dans l'électrification (Centrales par fusion nucléaire), dans la Géo-ingénierie (l'homme sera capable de contrôler et modifier le Climat).