Il y a ceux qui ont le droit de s'empiffrer pendant les fêtes et ceux qui ont le droit de crever un peu plus de faim...
L'Arrêté municipal, signé le 6 décembre par Jean Germain et applicable jusqu'au 15 janvier inclus, interdit "toute occupation abusive et prolongée des rues et autres dépendances domaniales visées à l'article 2 (article qui détermine le périmètre d'application, soit 14 rues, 2 quais, une promenade et un boulevard correspondant aux zones touristiques, commerciales et proches de la gare), accompagnée ou non de sollicitations ou quêtes à l'égard des passants, accompagnée ou non de chiens, même tenus en laisse, lorsqu'elle est de nature à entraver la libre circulation des personnes, la commodité de passage et la sûreté dans les rues et autres dépendances domaniales susvisées."
Cet Arrêté a été décidé en considération de "la recrudescence des récriminations émanant d'habitants et de commerçants et l'augmentation des constats établis par la Police municipale relatifs à la présence habituelle dans certaines rues, places et lieux publics de la Ville, d'individus errants ou non, en groupe ou isolés, souvent en état d'imprégnation alcoolique, accompagnés ou non d'animaux en particulier de chien(s), et qui présentent un comportement agressif, bruyant, provoquant ou d'obstruction."
Or, dans les rues dont il est question, ne sont présentes, chaque jour et tout au long de l'année, que des personnes seules, hommes ou femmes, fatiguées, humbles et polies qui tendent leur petite boîte ou corbeille pour avoir quelques euro car ce geste est devenu pour elles leur seul moyen de s'octroyer de quoi se nourrir. Qui va aller faire la quête dans une rue déserte ? Nous le savons tous : la population pauvre augmente d'année en année. Les restau du coeur ne peuvent plus accueillir tout le monde.
L'Arrêté du Maire leur interdit donc, pendant ces journées de fêtes de fin et de nouvelle année, l'espoir de pouvoir se nourrir à leur faim. Pour ne pas paraître trop ingrat, l'Arrêté les assimile à des "individus errants ou non (...) présentant "un comportement agressif (...)". Il s'agit en fait de groupes de jeunes qui, parfois, en mal d'inspiration, ont croisé sur leur chemin quelques individus bien habillés dont l'origine sociale et le carnet d'adresses ne laissent cette fois aucun doute...
Ce texte est finalement révélateur de l'influence de cette minorité tourangelle, descendant de familles proches des royautés anciennes, très fortunées, baignant dans les milieux d'affaires comme des poissons dans l'eau, une "élite" devant laquelle s'agenouillent tous les individus en mal de reconnaissance, capable donc de s'acoquiner avec un Maire pour lui faire faire ce qu'elle a envie...
Tel est le triste sort d'une Ville socialiste...
Jean Germain, socialiste, proche de la Franc-Maçonnerie, a sans doute oublié ces paroles du Code maçonnique :
" Sois le père des pauvres,
Chaque soupir que ta dureté leur arrachera augmentera le nombre
des malédictions qui tomberont sur ta tête.
Respecte l'étranger voyageur, aide-le : sa personne est sacrée pour toi."