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Billet de blog 28 janvier 2014

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Il était une fois l'Afrique... 2/3

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(...)

Le soir, lorsque Noussume se retrouva chez lui, il se surprit à prier sa Mère pour que Calliope soit protégée. Il entendit alors dans son for intérieur une voix qui lui disait : "Mon cher enfant, ne t'en fais pas pour elle, on l'a choisie pour changer les affaires du monde!".

- Je suis en train de délirer, ça y est, se dit-il, il ne manquait plus que ça!

Ce même soir, tandis que Calliope était en train d'écrire son article sur les promeneurs des Jardins publics, elle se remémora l'après-midi qu'elle avait passé au Jardin des Sinécures en compagnie de Noussume. "Quel étrange garçon, pensa-t'elle. C'est drôle, son visage me rappelle celui d'un Christ représenté par je ne sais plus quel peintre de je ne sais plus quelle époque... Je suis vraiment nulle en Histoire de l'Art!"

Quelque temps plus tard, ils se rencontrèrent par le chemin que prend Dieu quand Il veut passer incognito, autrement dit le hasard.

- Nom de Zeus, mais c'est Noussume!

- Tu insultes ton père, Calliope!

Ils rirent, marchèrent un peu ensemble dans la rue et décidèrent de prendre un café glacé au Bar des Philosophes. Il était vide.

- Les vacanciers doivent mettre leur cerveau en jachère pendant l'été...

- ... Tant mieux, on sera plus tranquille.

Calliope avait de la suite dans les idées et quand ils furent installés, elle orienta tout de suite la conversation.

- Noussumes, quand tu me disais... On peut se tutoyer n'est-ce pas ?

- Bien sûr, je préfère d'ailleurs.

- Quand tu me disais l'autre jour que tu cherchais à  oublier tes contemporains, que voulais-tu dire exactement ?

- C'est une longue histoire!

- Dis-moi...

- Je vais résumer et d'abord, ce ne sont pas tous mes contemporains, ce sont ceux d'ici, qui vivent dans le dérisoire, le superflu, le mensonge et le divertissement abêtissant. Mon rêve est d'aller m'installer en Afrique où la vie recommence chaque matin...

Il s'interrompit. Calliope soupira :

- Je vois ce que tu veux dire.

- Ici, les gens qui se retrouvent dans la mouise accusent tout ce qui est autour d'eux comme étant responsable de leur situation et ceux qui ne le sont pas (dans l'embarras) ont presque tous cette étrange manie de s'auto-détruire, au lieu de profiter de leurs avantages et de leurs privilèges, ils cherchent systématiquement ce qui va briser leur vie et souvent en même temps celle des autres. Je peux te citer des multitudes d'exemples! Et moi, pauvre bougre, je m'évertue à leur faire comprendre qu'ils se trompent, rien n'y fait! Je ne sais pas pourquoi... C'est sans doute parce que j'aime les gens simplement... mais la plupart d'entre eux me répondent que je suis un "brave type", ce qui m'agace au plus haut point.

- C'est bizarre, je ne connais personne comme toi...

- ... Oui, c'est bizarre; peut-être parce que je suis bizarre ?

- Non, ce n'est pas ça.

Noussume lui parla ensuite des voyages qu'il avait faits en Afrique, dans plusieurs Etats. Il y avait réappris le sens de la vie et tout ce qui faisait sa propre force lui avait permis d'aider des communautés où les femmes travaillaient sans répit. Il leur avait ainsi laissé trouver, en échange de ce qu'elles lui avaient apporté, un chemin vers une autre destinée.  Femmes d'affaires, artistes, romancières, femmes politiques, scientifiques, banquières, enseignantes... Elles avaient un tel élan radieux pour s'imaginer dans un autre avenir qu'il rêvait de faire tout ce qui était en son pouvoir pour qu'elles puissent concrétiser leurs désirs.

Maintenant que le Monstre qui avait mis des boulets aux pieds de l'Afrique pour la tenir à sa merci était bien identifié, il allait être plus facile de lui rendre la monnaie de sa pièce afin qu'il déguerpisse. Les obstacles levés, tout serait possible.

(à suivre)

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