LE BRUIT ET L'ODEUR DE LVMH
Le parc d’attractions parisien doit ouvrir ses portes dans sa nouvelle configuration le 1er mai, après 8 mois de travaux. Mais le voisinage cossu voit d’un mauvais œil les bâtiments qui font leur apparition. Il craint de fortes nuisances et envisage une procédure en justice.
Si les fans du Jardin d’acclimatation trépignent d’impatience avant la réouverture complète du parc d’attractions de l’Ouest parisien, on ne sent pas le même enthousiasme chez les riverains du boulevard Maurice Barrès, à Neuilly-sur-Seine. Cette concession de la Ville de Paris gérée par LVMH borde en effet les immeubles très cossus du boulevard. Et alors que le chantier touche à sa fin avec une réouverture au public prévu le 1er mai, certains voient rouge pourpre.
L’Association nouilléenne des riverains du bois voit d’un mauvais œil les déclarations du président du Jardin, Marc-Antoine Jamet, qui compte faire passer la fréquentation des lieux à 3 millions de visiteurs pour en faire le deuxième parc d’attractions du pays. Pour atteindre ce résultat, il faudra séduire un public plus large au-delà des jeunes enfants et donc le parc «vise maintenant à attirer les adolescents, d’où 16 attractions nouvelles plus bruyantes et 400 manifestations par an», dénonce le courrier. Pour l’instant, les conseils syndicaux de dix immeubles se sont rassemblés pour réclamer «que soient supprimées les nuisances esthétiques, olfactives et acoustiques». «On a déjà perdu nos colonies, la plantation de Père en Indochine, on va pas en plus en supporter les miasmes !» s'exclame Madame M.-Ch. de X (son nom a été anonymisé à sa demande).
Un peu d'histoire
Le jardin d'acclimatation est un type de jardin botanique présentant en métropole une collection de plantes exotiques importées des comptoirs coloniaux, où elles ont été sélectionnés dans un jardin d'essai. Jardin d'acclimatation et jardin d'essai sont les deux formes du jardin colonial . La fonction du jardin d'acclimatation est d'acclimater les espèces équatoriales, tropicales ou subtropicales que ce soit dans le but de soutenir l'« agriculture coloniale » ou simplement pour des motifs esthétiques. Souvent ouverts dans le cadre d'une exposition coloniale, les jardins d'acclimatation publics ont parfois hébergé une ménagerie d'animaux exotiques. Leur histoire marque une étape tant dans la recherche en botanique que dans l'art du jardin et du paysage.
C'est aussi un jardin ethnologique. L'exposition d'êtres humains présentés comme des « sauvages » est un fait avéré de longue date sur ce site. En 1877, Carl Hagenbeck propose à la vue des Parisiens une petite troupe de Nubiens. Pendant un quart de siècle, vingt-deux expositions d'êtres humains sont organisées. Il s'agit majoritairement d'Africains, même si l'on trouve aussi des Indiens, des Lapons ou des Cosaques.
Les troupes présentées le sont parfois en même temps que des animaux issus de la même région. Ces « exhibitions de sauvages » alimentèrent dès le XIX° siècle de vifs débats car les hommes étaient confinés derrière les grilles de la grande pelouse, comme les animaux dans leurs cages voisines. Le jardin devient pendant cette période un des hauts lieux de l'anthropologie à Paris.
Pendant le quart de siècle qui suit, le rythme de ces exhibitions ralentit : on n'en compte qu'une dizaine entre 1903 et 1931, date de la dernière exposition humaine. Elles prennent en revanche un tour plus nettement colonial, les tribus exposées étant sélectionnées dans diverses contrées de l'empire colonial français : Sénégal, Afrique du Nord, Nouvelle-Calédonie, etc.
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