Arnaud Montebourg a proposé de bloquer les transferts d’argent privé passant notamment par Western Union vers les pays qui ne rapatrient pas leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion du territoire français. Il a ensuite fait une sorte de mea culpa sans clairement remettre en cause cette proposition.
D’abord, on ne voit pas quel rapport il fait entre ceux qui envoient de l’argent - qu’ils ont gagné rappelons-le - à leur famille dans un autre pays et les personnes devant éventuellement être expulsées de France. De plus, pourquoi les personnes attendant le secours de leurs enfants devraient-ils être jugés responsables de la politique de leurs Etats .
Ensuite, cette mesure est discriminatoire car les personnes dont les parents, grands-parents vivent en France, en Allemagne ou en Russie pourraient envoyer de l’argent à leur famille mais pas ceux dont les parents vivent en Afrique ? C’est une atteinte à la liberté qu’ils ont de pouvoir disposer de leurs revenus. C’est également une atteinte au devoir - ne serait-ce que moral - de chacun de porter secours à ses ascendants et au droit à la vie privée et familiale.
Enfin, sa proposition est impossible à mettre en œuvre. Elle est contraire aux droits et aux conventions internationales. Elle demanderait également de faire une liste de pays vers lesquels interdits pour ces transferts …
Arnaud Montebourg n’est pas un idiot, il connait parfaitement le droit, il est avocat, il a été ministre, il a travaillé pour sa campagne présidentielle et a préparé cette proposition. Il sait que sa proposition est injuste, attentatoire aux libertés, discriminatoire et impossible à mettre en œuvre. Alors pourquoi l’a-t-il faite ? Parce qu’il veut être président et croit qu’il obtiendra des voix ainsi ? Au point se s’autoriser à mentir aux gens et entretenir des idées inégalitaires et dangereuses, voire xénophobes, pour nos concitoyens ayant de la famille, des origines à l’étranger ? Au point de faire des amalgames entre ses concitoyens et des personnes devant être expulsées, voire des délinquants ?
Faire le pari que ses propos lui rapporteront des voix est un pari triste, condescendant et extrêmement décevant de sa part. Cette dérive est d’autant plus sidérante alors qu’approche, en décembre, le vingtième anniversaire de la Convention pour la Sixième République dont il est l’un des principaux fondateurs. Que n’est-il resté sur ce sillon d’une refondation démocratique de la République ? D’une République de l’égalité, fidèle à l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme : l’égalité des droits sans distinction d’origine. L’inverse exact de ce qu’il a proposé avec cette mesure discriminatoire.