Maintenant que le pire a été évité, comment faire advenir le meilleur ? C’est à cette question que doivent répondre désormais toutes celles et tous ceux qui, par leurs votes de barrage, ont permis la défaite de l’extrême droite sans se reconnaître dans la politique passée et le programme futur d’Emmanuel Macron.
Sa victoire électorale est en trompe l’œil : n’ayant jamais été confronté durant cette campagne à son bilan, le président sortant est mal réélu grâce à un vote qui, pour près de la moitié des suffrages, ne fut pas d’adhésion mais d’obligation. Entre colère et lassitude, l’ampleur de l’abstention confirme cette absence de dynamique en sa faveur.
C’est donc la responsabilité de toutes celles et tous ceux qui se revendiquent d’une gauche résolument démocratique, sociale et écologiste, de faire advenir une alternative à cette présidence afin que les cinq ans à venir ne ressemblent pas aux cinq années écoulées.
À l’heure où la guerre et ses menaces sont de retour en Europe tandis que le dérèglement climatique s’accélère, nous ne devons pas laisser notre pays s’enfoncer un peu plus dans la régression sociale, l’immobilisme écologique, la surenchère islamophobe, la répression policière, l’autoritarisme présidentiel et le mépris politique qui ont caractérisé le premier quinquennat.
Sinon, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’extrême droite sera encore plus forte en 2027, encore plus près d’arriver au pouvoir. Élu par deux fois contre elle, Emmanuel Macron n’a pas su et ne saura pas la faire reculer. Pis, sa politique de pompier incendiaire l’a déjà renforcée, démultipliée, banalisée et notabilisée.
Seule une politique alternative peut nous éviter la prolongation de cette catastrophe, en répondant aux attentes profondes de notre pays et de son peuple, de justice et d’égalité véritables, de démocratie renforcée et apaisée, d’écologie sociale et globale, de solidarité et de fraternité internationales, de souci du monde, de la nature et des autres.
Telle est la responsabilité historique des gauches et des écologistes en vue des prochaines élections législatives des 12 et 19 juin : imposer une majorité alternative à l’Assemblée nationale qui impulse cette politique d’urgence et de sursaut en imposant au président réélu une cohabitation.
L’heure est trop grave pour être livrée aux divisions et aux querelles. Riche de sa diversité et de sa pluralité, le camp de l’émancipation, c’est-à-dire de la justice sociale, de l’exigence démocratique et de la conscience écologique, n’a jamais été aussi fort qu’en étant rassemblé dans le respect de ses différences.
Par le score au premier tour de son candidat, la France Insoumise et son Union populaire ont aujourd’hui la légitimité pour organiser ce rassemblement pour les législatives avec l’ensemble des composantes de la gauche et de l’écologie, ses partis, ses mouvements, ses associations, et aussi ses personnalités engagées de la société civile.
Mais ce score n’était pas le résultat exclusif d’une adhésion au projet porté par Jean-Luc Mélenchon : il était aussi un appel à l’unité face aux périls et aux urgences. La légitimité qu’il confère entraîne une responsabilité que le candidat a lui-même revendiqué : rassembler en sachant faire de la place aux autres composantes de la gauche.
Depuis 2017, j’ai suffisamment souhaité ce rassemblement et œuvré pour cela, déploré les erreurs sectaires, les egos démesurés et les chapelles partisanes pour ne pas me réjouir aujourd’hui de cet appel à « l’union populaire ».
C’est dans cet esprit que j’avais envisagé de présenter ma candidature aux législatives afin de permettre à la gauche écologique de reprendre la première circonscription à la droite. Je crois en effet que mon expérience d’ancienne députée comme mes bonnes relations avec les acteurs du secteur, aussi bien politiques, associatifs que syndicaux, pouvaient favoriser sa victoire dans cette circonscription.
J’avais publiquement exprimé cette intention et demandé aux partis politiques concernés leur avis sur ma candidature. Aujourd’hui, je dois reconnaître l’échec de ma démarche, mes partenaires politiques de gauche et écologistes n’ayant pas accepté de se rassembler sur mon nom.
J’ai donc décidé de renoncer à ma candidature. Que toutes celles et tous ceux qui m’ont encouragée à me présenter se rassurent : je ne renonce évidemment pas à poursuivre tous les combats qui nous rassemblent. Je les remercie vivement de leur confiance et de leur soutien. Mais demander l’union exige parfois de s’effacer. C’est difficile à accepter, mais indispensable si on croit sincèrement à ce que l’on dit.
Deux raisons particulières me renforcent dans cette décision.
La première relève de la logique politique.
Sur la circonscription comme dans toute la France, la candidature de Jean-Luc Mélenchon a très clairement dominé à gauche le premier tour de la présidentielle. Elle a su notamment mobiliser, dans le quartier populaire de Planoise, une jeunesse jusqu’alors souvent éloignée des élections. Séverine Vezies a annoncé sa candidature au titre de la France Insoumise dans le cadre de l’Union populaire. Je ne souhaite pas présenter ma candidature face à la sienne qui dispose de la légitimité politique des urnes.
La deuxième raison témoigne, hélas, des médiocrités qui, trop souvent, ruinent la politique.
Dans le cadre de mon engagement dans le mouvement Génération.s (créé par Benoit Hamon), je participe avec EELV au Pôle écologique. J’ai donc clairement soutenu la candidature de Yannick Jadot au point d’assurer la responsabilité nationale de la thématique « Libertés publiques » de sa campagne.
Or, j’ai eu la désagréable surprise de découvrir que ma candidature avait été refusée par l’équipe nationale du Pôle écologiste suite à l’intervention appuyée de la Maire de Besançon qui défendait par ailleurs la candidature d’un membre de son cabinet. Les responsables locaux et nationaux d’EELV n’ont même pas eu la courtoisie de m’en informer, encore moins de s’en expliquer malgré mes nombreuses sollicitations.
Sans soutien des écologistes locaux, sans encouragements des autres composantes, je ne peux raisonnablement pas envisager une candidature qui rajouterait de la division à la division.
Déplaisante humainement et décevante politiquement, cette malheureuse expérience ne m’empêchera pas de poursuivre mes engagements tant l’élection n’en est pas la seule expression.
Plus que jamais, j’essaierai d’apporter ma contribution pour rendre notre monde plus juste, plus vivable et plus humain.