Ce lundi 10 mars, après des mois de tergiversations, l’exécutif dévoile enfin son troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), avec un axe prioritaire : limiter les dégâts des inondations, qui se multiplient en France à mesure que le climat se dérègle.
Un acronyme aussi indigeste qu’une choucroute par 45°C, qui cache une cinquantaine de mesures destinées à éviter que le pays ne se transforme en une version XXL du Languedoc en plein mois d’août.
Un plan à 300 millions : une rustine sur un barrage qui fuit
Depuis quelques années, le pays alterne entre sécheresses extrêmes et déluges bibliques. L’été, 2022 a battu des records de canicule, grillant cultures et forêts, avant que 2024 ne soit marquées par des crues historiques, notamment dans le Pas-de-Calais, la Bretagne et le Sud-ouest. Un phénomène logique, plus il fait chaud, plus l’atmosphère retient d’humidité, et plus les précipitations tombent violemment. Résultat : la France oscille entre pénuries d’eau et bains forcés.

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Dans la hotte gouvernementale, un léger renforcement du fond Barnier, cette cagnotte créée en 1995 pour aider collectivités et particuliers à éviter de voir leur maison transformée en piscine municipale. Il passera à 300 millions d’euros, soit à peine de quoi refaire la moquette d’un ministère.
Une somme jugée dérisoire par France Assureurs, qui rappelle que les coûts des catastrophes naturelles explosent : en 2022, le total des indemnisations a dépassé les 10 milliards d’euros, un record. Si maintenant les assureurs doivent assurer, où va le monde ?
S’ajoutent quelques ajustements pour mieux protéger les travailleurs sous canicule, des études sur les transports, l’agriculture et la préservation des monuments historiques. Car oui, à +4°C, il faudra aussi penser à éviter que la Joconde ne finisse en papier buvard et que le Mont-Saint-Michel ne devienne une île… pour de bon.
La Terre s'use, mais le gouvernement joue la montre
Si le plan a des idées, il manque cruellement de jambes. « Il montre la bonne direction, mais il lui manque une tête et des muscles », résume Nicolas Richard de France Nature Environnement, pas franchement emballé par cette adaptation au ralenti.
Il faut dire que le dossier traîne depuis 2023, balloté au gré des priorités gouvernementales. Après la réforme des retraites, la dissolution, et un zeste de remaniement, il a finalement atterri sur la table, comme un vieux dossier oublié au fond d’un tiroir.
Entre-temps, la France a enchaîné records de chaleur, sécheresses carabinées et inondations historiques. Même la Cour des comptes s’est fendue d’un rapport alarmiste, en 2023, appelant à « prendre conscience » de l’urgence et à débloquer un « mur d’investissements ».

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Mais en haut lieu, on préfère temporiser. Une consultation publique a bien été lancée, histoire de montrer que la démocratie avance, même quand le climat recule. En somme, il est acté que la France pourrait bien atteindre +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100. Un scénario qui devrait logiquement déclencher un branle-bas de combat. Mais non. À la place, on peaufine des fiches techniques et on ajuste des budgets au compte-gouttes.
Ironie du sort, c’est François Bayrou, désormais Premier ministre et ancien Haut Commissaire au Plan, qui est désormais chargé d’appliquer ce fameux plan climatique. Lui, qui a passé des années à réfléchir à la planification, devrait être au fait du sujet… À moins qu’il ne préfère planifier la planification avant d’adapter l’adaptation.
Pendant ce temps, la planète, elle, ne consulte personne pour accélérer le réchauffement. Mais rassurez-vous : quand il faudra réagir, on aura sûrement une nouvelle réunion de crise.