Le 30 mars, juste après l’annonce de la dissolution du mouvement La Jeune Garde, voilà que sur X, les « Jeunes avec Retailleau » dégaine une vidéo du ministre en goguette, juché sur un cheval, bande-son AC/DC.
En surimpression, le mot doux : « Tu pars dissoudre la Jeune Garde ». En légende : « Coucou les antifas, on arrive. #AvecRetailleau ». Poésie de préau, ton martial.
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Derrière ce western de poche, qui lorgne plus vers Poutine torse-nu que la cavalerie légère, une mécanique de com’ bien huilée.
Chaque sortie du ministre de l’Intérieur est transformée en clip de campagne par une galaxie de comptes sur X, TikTok et consor : « Les jeunes avec Retailleau », « Retailleau Actu » “#Avec Retailleau”… L’art de transformer une décision administrative en clip de western, version TikTok.
À la baguette : Pierre Vitali, jeune poulain, diplômé de l’Institut catho de Vendée, Erasmus en Hongrie, ex-plume à la FNSEA, passé par les couloirs feutrés du Sénat avant de suivre Retailleau à Beauvau.
Titre officiel au sein du Cabinet du Ministre de l'intérieur Retailleau : conseiller aux élus, territoires et aux « affaires réservées ».
Avec un Ministre de l’Intérieur, désormais Président du parti Les Républicains, si actif. Il fallait au moins quelqu’un d’aussi “proche” pour tenir la cadence : un conseiller qui mouille la chemise pour le parti (presque) à temps plein.
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Finalement, peut-être que lorsque la “com’” galope, la déontologie attend son tour au paddock.
L’une des dernières trouvailles du compte « Avec Retailleau », piloté par le conseiller zélé, donne une idée claire de la confusion des rôles.
Sur un visuel pimpé aux couleurs du ministre-candidat, on vante fièrement des chiffres qui font surtout campagne : +50 % de confiscations de voitures de rodéos (parfait pour les fans de motos-cross interdits); +14 % d’éloignements forcés (on ne rigole pas avec l’immigration), -24 % de régularisations (moins de papiers, plus de fermeté), -14 % de naturalisations (on ne fait pas dans la fraternité quant aux nouveaux Français).
Ce tableau de chasse, présenté comme un exploit, ressemble surtout à un manuel du parfait candidat : des chiffres qui claquent, un message simplifié au maximum, et une rhétorique de la fermeté qui fait oublier le fond.
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La déontologie, la nuance et la complexité se font la malle, sacrifiées sur l’autel d’une communication taillée pour Twitter et TikTok.
Question cruciale : quand un conseiller ministériel dédie autant d’énergie à faire briller le candidat Retailleau, à quel moment l’intérêt public s’efface-t-il derrière les calculs électoraux ?
Et surtout, que pense un ministre qui confie les moyens de communication de son ministère à des collaborateurs dont la mission principale semble être de promouvoir un homme en campagne ?
Le mélange des genres, ça commence à faire beaucoup. Reste à savoir si les électeurs avaleront ce cocktail ou finiront par demander des comptes.