
Agrandissement : Illustration 1

(Texte tiré d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire : https://www.youtube.com/watch?v=sSaJH_2S6ak)
Quelques mots aujourd'hui sur l’extrême-droite, ou plus précisément de l’extrême droitisation du débat et des idées dans le pays.
La semaine dernière, j’abordais le faux procès fait aux Insoumis sur le conflit en Palestine, démontant les accusations basées sur des fakenews qui sont adressées à notre mouvement et à ses portes-paroles, qui souvent se transforment en menaces à leur encontre. J’avais ensuite abordé la rhétorique absolument raciste qui affirme que La France insoumise “soutiendrait le Hamas” pour, je cite, “draguer les électeurs des banlieues”, également qualifié de “vote des musulmans” par ceux qui vomissent cette analyse sans sourciller.
Tirons le fil : selon ces brillants esprits, il faudrait “soutenir un groupe coupable d’actes terroristes pour obtenir le vote des mulsulmans en France”, ce qui laisse entendre que ces derniers seraient au pire soutiens, au moins pire suffisamment tolérants avec les actes terroristes pour que leur vote aille à ceux qui les soutiennent.
Ce raisonnement, bien évidemment, pose plusieurs problèmes.
D’abord, bien sûr, il s’agit d’une démonstration absolument raciste et islamophobe, basée sur des préjugés dégueulasses et une haine totale contre des millions de citoyens dans notre pays. Rappel : la laïcité, fondement de notre République Française, n’est ni une arme visant à pourfendre certains croyants, ni un moyen de lutter contre les religions. C’est tout l'inverse : c’est permettre à chaque citoyen de ce pays de croire, ou de ne pas croire, c’est la liberté totale de culte et de conscience dans notre pays. Autrement dit : s’en prendre à une religion ou à des croyants s’oppose au principe de la laïcité, organiser la discrimination sociétale contre des croyants s’oppose au principe de la laïcité, et faire monter la haine à l’encontre de croyants s’oppose au principe de la laïcité. Que des citoyens soient musulmans, qu’ils soient chrétiens, qu’ils soient juifs, peu importe leur culte, le fait de s’en prendre à eux pour et parce qu’ils sont croyants est contraire à la laïcité, et ceux qui s’y prêtent ne peuvent donc pas prétendre le faire au nom de ce principe fondamental de notre République.
Du "clientélisme" ?
Ceci étant dit, il faut également dénoncer toute la perversité et toute la malhonnêteté de la démonstration sur le plan politique, puisqu’elle accuse La France insoumise de “clientélisme”. C’est, par exemple, ce qu’a tenté de m’expliquer hier la prétendue journaliste Emmanuelle Ducros sur Twitter, qui m’affirmait, sans vergogne, que La France insoumise “a une clientèle à ne pas décevoir”. Las, je lui ai demandé de m’expliquer de qui pouvait-elle bien parler, et bien sûr, portant son courage comme étendard et assumant ses convictions… elle ne m’a jamais répondu.
Mais arrêtons-nous un moment : “une clientèle” ? Évidemment pas. Néanmoins, je rappelle à tous les procureurs idiots que le fait de convaincre des électeurs, de s’adresser à des citoyens, est le principe même de la démocratie. J’aimerais d’ailleurs demander à nos pourfendeurs quel est d’après eux, le terme adéquat pour qualifier la stratégie de Macron, lorsqu’il défend bec et ongles les intérêts économiques des plus riches qui ont massivement voté pour lui en 2022 ? Quel est le terme adéquat pour qualifier la stratégie de l’extrême droite, lorsqu’elle surfe sur les crises pour diffuser des clichés racistes et xénophobes en ciblant certains citoyens de notre pays ? Alors, qu’est-ce donc si ce n’est du “clientélisme” ? De la politique, tout simplement.
Voilà, La France insoumise fait, ô surprise !, de la politique. La vérité, c’est que notre mouvement défend l’intérêt général et que pour le faire, elle défend les opprimés, les délaissés, les humiliés, toutes celles et tous ceux que les puissants ne considèrent pas. La vérité, c’est que La France insoumise tient la ligne de la laïcité, qu’elle refuse de se vautrer dans les discours ambiants haineux et de plus en plus racistes, et qu’elle défend donc ceux que les autres méprisent. La raison pour laquelle ces gens nous accusent de “clientélisme” est qu’ils aimeraient nous voir changer de stratégie, parce qu’ils la savent efficace et parce qu’elle renvoie au visage de certains leur faiblesse, leurs erreurs ou pire : leur lâcheté. Mais qu’ils se le mettent dans le crâne une fois pour toutes : nous n’abandonnerons pas et nous ne céderons pas un centimètre dans la bataille.
Ne pas laisser l'extrême droite gangréner les esprits
Enfin bien sûr et je conclue, on ne peut que s’inquiéter de la porosité entre ce discours raciste tenu par l’extrême droite et le reste de la société. Quelqu’un pour qui j’ai trop d’affection pour le nommer ici le reprenait il y a quelques jours mot pour mot, tout en assurant ne pas être d’extrême droite… et en m’accusant d’avoir trop tendance à qualifier les propos politiquement.
Pourtant, il n’y a rien de plus logique et de plus pertinent que de dénoncer la dérive d’un esprit que l’on voit gangrené, même partiellement, même ponctuellement, par les idées brunes. L’idée n’est pas de dire : “Toi, t’es raciste !”, mais “eh ! attention !”. Il faut savoir observer les alertes et écouter ceux qui tirent le signal d’alarme.
Toute la question est alors de savoir pourquoi ? Pourquoi ce discours raciste est-il si facilement repris par des gens qui ne le sont pas ? Bien sûr, on peut d’abord se tourner vers les médias où, celui de Pascal Praud en tête, les plateaux TV ou radio et les lignes des papiers tolèrent, acceptent et parfois valorisent ces propos à longueur de journée. On peut aussi dénoncer l’inconscience du pouvoir macroniste qui, depuis longtemps maintenant, joue la carte de la dédiabolisation du RN et de la diabolisation de la gauche en pensant finir par gouverner sur un champ de ruines.
Mais surtout, il faut parler de courage. Le courage de continuer à dénoncer, à combattre, à affronter, plutôt que renoncer jusqu’à proposer de “marcher avec le RN contre l’antisémitisme”, et autres folies en tout genre auxquels certains, pourtant historiquement impliqués dans la lutte contre l’extrême droite, se laissent aller depuis quelques temps.
C’est quand la lutte est rude qu’il faut s’y jeter sans hésiter.
Le message est passé : face au fascisme et à toutes ses formes, il faut faire front commun.
Bastien PARISOT
@BastienParisot