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Billet de blog 10 janvier 2024

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NEYMAR : LE SCANDALE DARMANIN

Le transfert de Neymar au PSG en 2017 cache un énorme scandale politique, dans lequel est une fois de plus mêlé... Gérald Darmanin, alors ministre des comptes publics. Un sujet qui devrait provoquer l'indignation générale et mettre le ministre en difficulté. Mais en France, tout le monde semble s'en foutre éperdument.

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(Texte tiré d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire : https://www.youtube.com/watch?v=LAXNoJjlV2s)

Avant tout, quelques mots pour souhaiter aux lecteurs une très, très belle année 2024, pleine de grandes joies et de réussite, mais aussi et surtout de tous ces petits bonheurs qui font que la vie est douce, du moins par instants, et qui permettent l’épanouissement de chacune et chacun.

Ceci étant dit, c’est vrai que 2024 démarre bien, exactement sur le chemin que je viens d’esquisser : Attal premier ministre, monsieur Abaya à Matignon c’est joyeux, juste après la loi immigration votée par la minorité présidentielle à l’Assemblée avec les députés d’extrême droite et sous leurs applaudissements satisfaits, des centaines de fachos dans les rues de Rome en train d’enchainer les saluts nazis en toute quiétude, des images toujours plus trash, toujours plus ignobles et toujours plus révoltantes venant de Gaza, des bombardements, des gamins morts, des civils assassinés par des soldats, le tout illustré par des chiffres glaçants puisqu’on parle de 450 morts et 1000 blessés par jour, et de plus de 30 000 morts au total en 3 mois.

Voilà, bonne année ! Bonne année 2024 ! Vous l’aurez compris, loin de moi l’idée de me complaire dans des vœux inutilement milieux et bêtement consensuels. Permets moi plutôt, Julie, d’appeler en toute humilité celles et ceux qui nous regardent à une année de lutte et de combats, en refusant l’absurde, l’horrible et l’inacceptable, et continuant à suivre la lumière de l’Humanisme qui doit guider chacun de nos pas.

Le foot et les étoiles dans les yeux des mômes

Attaquons maintenant le sujet de cette note. Un sujet dont tout le monde semble se moquer éperdument, tant les principaux médias de ce pays n’en parlent pas, alors qu’il devrait provoquer la colère et l’indignation du plus grand nombre.

En août 2017, le PSG version Qatari réalisait l’un des transferts les plus retentissants du football français : l’arrivée du brésilien Neymar, prodige en provenance du FC Barcelone, l’un des plus grands clubs du monde. Se faisant, bien sûr, il asseyait son nouveau statut de grand d’Europe, capable de faire venir les plus grands joueurs et d’aligner les stars avec un rêve en fond : remporter enfin la plus grande compétition européenne, la Ligue des Champions.

Bien sûr à l’époque, ce transfert avait fait la une des médias. La Tour Eiffel brillait aux couleurs du PSG en affichant le nom de Neymar. La queue pour arracher le maillot du nouveau numéro 10 parisien s’allongeait en quelques minutes sur les Champs-Élysées, et les gamins supporters du PSG prenaient des étoiles plein les yeux. Le foot fait rêver, les grands joueurs font rêver, et cette règle universelle et intemporelle s’appliquait cette fois à la capitale française, trop longtemps complexée en matière footballistique.

Darmanin partout... plaisir nulle part.

Oui mais voilà : si les rêves sont faits d’étoiles et de paillettes, l’envers du décor est parfois légèrement plus sombre… et dégueulasse. Dans une enquête publiée le 4 janvier dernier, Mediapart révèle que Gérald Darmanin, alors ministre des comptes publics, a aidé le club parisien à ne pas payer une partie des taxes qu’il aurait dû à l’État dans le cadre de ce transfert. Et accrochez vous bien : on parle ici de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Je ne vous refais pas toutes les étapes, mais pour faire simple : Jean-Martial Ribes, directeur de la communication du PSG de l’époque aurait approché le député macroniste Hugues Renson, fan absolu du club, pour le convaincre de parler à Darmanin. Le sujet ? Les charges sociales liées au transfert de Neymar s’élevaient alors à 88 millions d’euros, et les investisseurs qataris du club parisien souhaitaient les éviter.

Pas de problème ! Le député Renson remplit la mission et alerte le cabinet du ministre Darmanin, permettant la mise en contact de Jean-Claude Blanc, directeur général du PSG et de Jérôme Fournel, alors directeur de cabinet de Darmanin.

Médiapart révèle que s’en serait alors suivi plusieurs échanges entre les deux parties, jusqu’à l’envoie d’une note en provenance du cabinet du ministre des comptes publics adressée à la direction du club, non signée, mais proposant des pistes au PSG pour échapper aux 88 millions évoqués plus haut.  La suite est simple à deviner : une procédure se met en place, et le club finit par recevoir la confirmation par le fisc et l’URSSAF qu’il n’y aura ni impôt ni cotisations sociales à verser.

Et le tour est joué ! Voici que le ministre Darmanin, pourtant censé garantir l’intérêt général des Français, aurait travaillé en sous-main pour que de l’argent public ne soit pas versé. Le summum du cynisme est même atteint le 3 août 2017, lorsqu’au micro de France inter, Darmanin lui-même se réjouit de la venue de Neymar en France pour “les impôts qu’il va pouvoir payer en France”. Dans une démocratie fonctionnelle, comme l'a dit Attac sur Twitter, tous les médias devraient discuter de la date de démission de Darmanin. Mais non, en France, tout le monde s'en fout.

Voilà. Ce monde libéral, ce système où l’argent-Roi prospère et dicte ses règles pourrit tout… jusqu’au foot. Plus haut, je parlais des petits plaisirs simples… Aujourd’hui, aller voir un match du PSG vous coûtera approximativement 80€ minimum pour un match de championnat, et environ 200€ pour un match de coupe d’Europe. Ajoutez à cela, donc, le dégoût de voir que votre passion est devenue un business juteux et immoral où l’intérêt général est piétiné sans vergogne. Ajoutez-y ce goût amer, cette impression de participer à un ensemble dégueulasse, et demandez vous ce qu’il peut bien rester de simplicité, mais aussi de plaisir, dans tout ça.

Vous aimez le foot ? Pas de soucis.

Le ballon rond a fait rêver, fait rêver, et fera encore rêver des millions de gamins à travers le monde. Nul doute. Mais d’une coupe du monde jouée sur les cadavres des ouvriers au Qatar aux révélations de conflits d’intérêts à la tête de la FIFA, à la tête de l’UEFA, à la tête des grands clubs et autres scandales qui entourent ce sport depuis maintenant trop longtemps, difficile, quand même, de ne pas avoir la nausée.

Alors, vous aimez le foot ? Bien, pas de soucis. Achetez un ballon, allez jouer avec vos gamins et vos potes. Mettez votre père au goal et laissez le se prendre pour Barthez parce qu’il a repoussé votre frappe en tendant maladroitement sa jambe. Supportez les énormités de votre gamin, qui osera vous dire que M’Bappé c’est mieux que Zidane, comme votre père vous a laissé dire que Zidane, c’était mieux que Platini. Marrez-vous, regrettez les excès des Fêtes, et surtout, surtout, profitez-en. C’est sûrement la meilleure façon d’aimer le foot en 2024.

Bastien PARISOT
@BastienParisot

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