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Billet de blog 24 juillet 2025

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"Génocide" : ce mot que les macronistes veulent vous interdire

À Gaza, des dizaines de milliers de morts. En France, un mot que les macronistes tentent d'interdire : "génocide". Mais quand on censure les mots, c’est pour mieux couvrir les crimes.

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Il y a un mot que les macronistes ne veulent plus entendre : génocide.

Le 22 juillet 2025, sur France Info, la ministre Aurore Bergé a déclaré que qualifier ce qui se passe à Gaza de génocide relevait d’une “falsification historique”. Pas une erreur, pas une exagération. Non ! Une falsification. Autrement dit, une accusation grave contre toutes celles et ceux qui utilisent ce mot : vous mentez volontairement.

Non, parler de génocide n’est pas un abus de langage.

Depuis des mois, pourtant, de nombreux exeperts alertent sur le caractère génocidaire de la guerre menée par l’armée israélienne contre la population de Gaza :

- Octobre 2023 : Près de 800 universitaires signent une déclaration alertant sur un risque de génocide, citant les bombardements indiscriminés, les expulsions forcées et la privation délibérée de nourriture et de soins médicaux.

- Octobre 2024 : Le Comité spécial de l’ONU sur la Palestine affirme que les méthodes militaires israéliennes à Gaza sont compatibles avec les caractéristiques du génocide.

- Mai 2025 : Vingt experts indépendants, mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, appellent la communauté internationale à agir immédiatement pour prévenir ce qu’ils qualifient de génocide en cours.

- Reem Alsalem, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les violences faites aux femmes, parle d’un “fémigénocide”, soulignant que 67 % des 57 680 Palestiniens tués jusqu’au 9 juillet 2025 sont des femmes et des filles.

- Amos Goldberg, historien israélien, affirme : “ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus”,
évoquant la destruction massive des infrastructures, les déplacements forcés et la déshumanisation des Palestiniens.

Faut-il alors croire, comme l'affirme la macroniste Aurore Bergé, que tous ces experts mentent ? Qu'ils falsifient ? Qu'ils exagèrent ?
Ou bien posent-ils simplement des mots justes sur l’indicible ?

Le débat quasiment impossible... dans les grands médias

Bien sûr, dans la plupart des grands médias français, ces voix sont rarement entendues. Le débat est verrouillé, les plateaux saturés de "spécialistes" au mieux prudents, au pire complaisants avec Netanyahu, tandis que les experts de droit international, les ONG critiques ou les voix palestiniennes sont presque systématiquement écartés. Le champ du dicible est étroit, balisé, et toute parole qui sort du récit dominant est stigmatisée.

Interdire le mot, c'est banaliser le crime

Ce que révèle cette volonté de censurer le terme “génocide”, c’est une stratégie politique : faire taire celles et ceux qui s'opposent.
Ce n’est pas là un débat d’historiens. C’est une bataille idéologique : refuser de nommer, c’est laisser faire. Laisser faire, c'est accepter. Et donc soutenir ce qui se passe à Gaza.

Bien sûr, cette stratégie ne s’arrête pas au mot “génocide”. Depuis des mois en France, le pouvoir traque et réprime les expressions de solidarité avec la Palestine : dissolutions de collectifs, interdictions de manifestations oui de rassemblements, arrestations pour des pancartes ou des slogans, criminalisation du port du keffieh... La répression linguistique s’accompagne d’une répression politique bien réelle.

“Génocide” n’est qu'un mot. C’est un cri. C'est une alerte. En refusant de l’entendre, et en tentant de l'interdire, les macronistes choisissent l’aveuglement.
Ce mot les choque ? Il les interpelle ? Il les gênes ? Tant mieux : ce n’est rien face à ce qu’il désigne.

Notre devoir est donc de le dire. De le marteler. De le rendre inévitable. Et surtout : ne pas rester spectateurs.

Agir, c’est soutenir celles et ceux qui témoignent.
C’est défendre la liberté de nommer le réel.
C’est exiger des comptes à ceux qui couvrent l’horreur.
C’est rejoindre les mobilisations, les campagnes, les rassemblements.

Le silence tue. Et l'action, elle, peut encore sauver des vies.

Bastien PARISOT
@BastienParisot

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