
Texte tiré d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire le 31 janvier.
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Il souffle comme un vent de ras-le-bol en ce moment. Chaque journée de mobilisation nous semble énorme. Et chaque fois, c’est plus énorme encore la fois suivante. Alors bien sûr, on sait que cela suit l’opinion publique : chaque jour qui passe compte davantage de Françaises et de Français opposés à la réforme des retraites que le jour précédent. Bien sûr, parce que nous sommes 80% à y être opposés, nous savons que cette mobilisation dépasse largement les considérations politiques ou partisanes, et qu’il est donc dans un sens logique de voir autant de monde… Mais quand même.
J’étais mardi après-midi quelque part entre la Place d’Italie et la Gare Montparnasse, et la taille du cortège, sa densité, sa joie, sa bonne humeur, m’ont scotché. Précisément parce que tout cela est un vent de ras-le-bol. Après tout, on pouvait imaginer un cortège triste, morose... Il n’en est rien. Ce fut, une fois encore, l’inverse. De la danse, de la musique, des chants, des couleurs…
Macron est seul
Certains nous disaient abattus ? Résignés ? Nous ne le sommes pas.
D’autres nous disaient incapables de nous mobiliser ? Ils se sont trompés.
D’autres encore pensaient que Macron était tout puissant ? Capable de tout passer en force, capable de nous tordre le bras sans jamais s’affaiblir ? Le voilà nu comme un vers, incapable de défendre sa réforme injuste et inutile, obligé de négocier avec une droite qui ne l’écoute plus tellement, de grogner contre une majorité qui ne parvient pas à assurer son SAV, réduit à envoyer des CRS par milliers partout en France pour contenir une éventuelle colère populaire… Le roi est nu. Le roi est faible. Le Monarque tremble, et ses sbires avec lui. Macron n’a pas de soutien dans la bataille. Il est seul. Définitivement seul.
La semaine dernière, nous apprenions que les plus grands éditorialistes du pays recueillaient directement auprès de Macron les éléments de langage visant à justifier sa réforme. Malheur ! Nous l’avons su et dénoncé ! Et double malheur : ça ne prend pas. Pire : plus ils essayent d’expliquer, plus ils essayent de justifier… plus tout s’effondre autour d’eux. Patatra ! Voici leur dernière ficelle, leur dernière arme qui ne leur sert plus à rien. Définitivement seul.
Nous sommes des millions
En face, nous sommes des millions. Et de plus en plus nombreux. Joyeux, motivés, je le disais… mais surtout conscients. Conscients que cette réforme ne profite à personne, qu’elle est injuste, violente, inutile, et qu’elle ne sert que les intérêts des milliardaires qui se gavent pendant que les autres se saignent. La voilà, la vérité : parce que nous sommes nombreux, parce que nous sommes conscients, parce que nous sommes déterminés et parce que nous avons engagé un rapport de force contre lequel il ne peut pas lutter… nous pouvons faire basculer Macron. Nous pouvons renverser la table et le faire vaciller pour de bon.
Et si... on aidait Macron ?
Alors… j’ai décidé d’aider Emmanuel Macron. Puisqu’il est incapable de le faire, j'ai décidé de vous expliquer pourquoi cette réforme des retraites est bonne, et indispensable. En 8 points :
- Argument 1 : parce qu’il n‘est pas normal que tant d’argent échappe au Marché et aux boites privés
- Argument 2 : parce qu’on ne va quand même pas payer des gens à ne rien faire pendant si longtemps
- Argument 3 : parce que le travail, c’est la santé
- Argument 4 : parce qu’il faut bien empêcher une minorité d’agités de faire la loi dans le pays
- Argument 5 : parce que ça coûte un pognon de dingue
- Argument 6 : parce que les seniors trouvent quand même très facilement un emploi, donc ce serait bête de s’en priver
- Argument 7 : parce que ça diminue le nombre de repas de famille
- Argument 8 : parce qu’il n’y a que les losers qui prennent leur retraite
Voilà. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé d’autres arguments pour justifier cette réforme. Mais j’espère de tout coeur que ces quelques arguments pourront aider notre cher Gouvernement à remplir sa triste besogne...
Je m’arrête ici et reprends mon sérieux pour conclure : je vous donne toutes et tous rendez-vous ce mardi 7 février et le samedi 11 février pour les prochaines grandes mobilisations ! Et surtout n’oubliez pas : ceci n’est qu’un début, et tant qu’on ne leur aura pas tordu le bras… on continue !
Bastien PARISOT