
Agrandissement : Illustration 1

Texte d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire le 4 octobre dernier.
------
Je ne sais pas vous, mais depuis quelques jours, je me pose la question de savoir s’il est possible de nous prendre davantage pour des idiots. Non vraiment, il faut le dire et passez-moi l’expression, mais on nous prend sérieusement pour des cons.
D’abord, Bruno Le Maire retire sa cravate pour nous expliquer qu’il lutte ardemment contre la crise énergétique, Elisabeth Borne rentre dans le game en polaire de grand-mère, Macron termine ça en col roulé… C’est vrai, on peut commencer en se disant que ça pourrait être pire. Ou plutôt, que ça annonce peut-être le pire. Imaginez le contraire. Imaginez que dans 9 mois, en juillet prochain, tout ce beau monde nous annonce que dorénavant, pour lutter contre la canicule, ils se promèneront en slip à chaque conférence de presse... Je crois qu’on aura atteint le paroxysme du ridicule.
Deux choses : d’abord, mesdames et messieurs les puissants emmitouflés, cela fait déjà longtemps que les Français allument le chauffage le plus tard possible, le moins possible et mettent des pulls et des polaires pour compenser, parce que cela fait déjà longtemps que cela coûte trop cher et que c’est un poids dans les dépenses du quotidien. Et si moi, gamin de la classe moyenne, ai pris l’habitude de le faire il y a quelques années déjà chez mes parents, j’imagine que des millions de personnes sont dans le même cas et qu’il n’y a donc que les plus riches du pays qui découvrent ces sympatiques Plans B.
Ensuite pardon, mais ce n’est pas exactement ce que les Français attendent de ceux qui gouvernent. Si leur seule façon de gérer une crise est d’enfiler des doudounes, je leur propose cordialement de quitter le navire et de nous laisser gérer. À moins que cela ne soit l’idée lumineuse de McKinsey... dont on apprendra dans 2 ans qu’un haut responsable aura investi la moitié de sa fortune dans le marché de la doudoune et des cols roulés, en accord avec Alexis Kholer qui aura, lui, préféré investir dans les polaires.
Bref, ils nous prennent pour des idiots et nous infantilisent, mais ce n’est pas les seuls.
Notons l’incroyable culot et l’absence totale de morale et de honte d’Aurore Bergé ou d’Elisabeth Borne, qui s’en prennent à la France insoumise sur la question des violences faites aux femmes, alors qu’elles ont elles-mêmes un passif assez peu glorieux sur le sujet. Rappelons que la Macronie, dont elles sont des pointures, refuse depuis des années la proposition insoumise d’investir 1 milliard d’euros du budget de l’État contre les violences faites aux femmes. Elles ont systématiquement voté contre. Rappelons aussi qu’elles ont soutenu Damien Abad, qui siège aujourd’hui dans leur groupe politique, pourtant accusé de 3 viols et d’usage de drogue sur une victime. Rappelons également qu’il y a quelques temps, Aurore Bergé soutenait aussi Gérald Darmanin et Nicolas Hulot, eux aussi accusés de comportements déplacés ou totalement violents à l’égard des femmes. Bref, à ce niveau de cynisme, on est tentés de saluer le travail d’artiste réalisé par ces personnalités hors-paire, qui en réalité ne s’inquiètent que très peu de la question des VSS, sur laquelle leur bilan en 5 ans est lamentable, mais qui sont prêtes à l’instrumentaliser, par contre, à des fins politiciennes.
Sur le même thème des VSS, notons aussi la frénésie twitteresque de Jean-Michel Aphatie, qui s’étonne chaque jour de tout et n’importe quoi sur le réseau social, oubliant au passage (et tentant de nous faire oublier) qu’il navigue depuis une quarantaine d’années dans le milieu parisien, de rédaction en rédaction, et qu’il n’a jamais rien dit publiquement, jamais rien fait concrètement, jamais ne serait-ce que soulevé le problème de la misogynie ou des violences à l’encontre des femmes dans le milieu médiatique. Rappelons que notre cher pourfendeur du crime, noble défenseur de la cause féministe en 2022, jouait encore au tennis avec Patrick Poivre d’Arvor en 2017, journaliste aussi bien connu pour avoir présenté le JT de TF1 pendant 104 ans que pour avoir contribué avec talent à la lutte contre les violences faites aux femmes. Il se murmure le nombre de 90 victimes le concernant. Ce choix d’ami en dit donc long sur la sincérité d’Aphatie sur le thème des violences, “faites ce que je dis mais pas ce que je fais”.
Jean-Michel prendra qui tu veux pour des crétins dans cette affaire, mais pas nous. Car nous nous souvenons très bien de sa défense acharnée de Jérôme Cahuzac 2013, mais aussi de son tweet de boomer misogyne et pathétique sur la couleur de la robe d’une journaliste en 2017, ou de sa remarque à peine méprisante contre Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, qu'il a qualifié de « sous-secrétaire désœuvrée », alors qu’elle dénonçait « l'usage excessif de la force » par la police française contre les gilets jaunes.
Car c’est finalement ça, le secret d’Aphatie pour pouvoir nous prendre aussi longtemps pour des idiots : sa capacité à être féroce et intransigeant face aux faibles ou aux opposants, et si mielleux, si tendre et si docile avec le pouvoir.
Enfin, il ne manquait certes pas au tableau mais il a décidé de participer tout de même à la grande moquerie nationale, j’ai nommé Emmanuel Macron. Celui ci menace de dissolution l’Assemblée Nationale, si une motion de censure du gouvernement était déposée par l’opposition.
Non, vous ne rêvez pas : celui-là même qui a refusé les débats pendant l’élection présidentielle, laissé élire 89 députés d’extrême-droite pour affaiblir la gauche et gouverné le pays à grands coups de conseil de défense, décide aujourd’hui d’agir en garant de la stabilité du pays en menaçant l’opposition, dans l’éventualité où il lui viendrait l’idée… de s’opposer. Après ça, le président de la Startup Nation continuera à nous vanter les mérites de sa nouvelle méthode de gouvernance, au service des Françaises et des Français… mais pas de la démocratie, donc.
Bref, je suis lassé. Lassé, lassé, lassé. Tant de lassitude face à tant de bêtise. On pourrait tirer vers le haut. On pourrait sortir grandis. On pourrait travailler à l’émancipation des citoyennes et des citoyens Français, mais non. L’odeur du buzz, le sens de la petite phrase et l’amour du pouvoir rendent ce monde minable, rabougri et triste. Et impossible de ne pas le voir : ils nous prennent vraiment, mais alors vraiment, pour des cons.
Bastien PARISOT
--
Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous au carnet de route de l’auteur en cliquant ici !