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Billet de blog 12 mai 2023

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Sous Macron, le Printemps devient brun.

Samedi dernier, plus de 500 militants d'extrême droite se rassemblaient dans les rues de Paris, sans réaction du gouvernement, pourtant alerté sur l'événement. Complaisance, inconscience, incompétence ? Macron joue avec le feu.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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Texte tiré d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire le 9 mai 2023.

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Ça y est, le printemps commence !

Ah le printemps ! Son soleil (sauf cette semaine), ses jours qui s’allongent… vraiment, tout dans cette saison tend à nous faire nous sentir un peu mieux. Voici que plus rien ne nous arrête, voici que la résistance à Macron va s’organiser avec cette légèreté de saison, les beaux jours arrivent, les jours heureux suivront ! Bref, le printemps et ses petits bonheurs nous accompagnent enfin.

Par ici les fleurs, par là les chants d’oiseaux (du moins pour ce qu’il en reste dans Paris…), ici le rire des enfants qui courent après leur ballon, ici la balade dominicale à vélo… et là, là, juste sous notre nez, dans les rues de Paris toutes embellies par tant de joie, la manifestation samedi dernier de 550 militants d’extrême-droite. Drapeaux noirs, croix celtiques et cagoules, doux cris de “Europe, Jeunesse, Révolution”, slogan du GUD, une organisation jeunesse d’extrême-droite… le gratin nationaliste s’était donné rendez-vous ce samedi 8 mai dans les rues de la capitale. Parlons peu parlons bien : vu leurs symboles et leurs slogans, on a ici affaire à des néo-nazis, ni plus, ni moins.

Alors, on est pas bien là ?

Cris d’horreurs, réactions indignées, demandes de comptes à la préfecture de police de Paris, les réactions ont été nombreuses  : mais comment est-ce possible qu’en France, en 2023, des groupuscules d’extrême-droite puissent se réunir impunément par dizaines sans que personne ne les arrête ?

Des néonazis en plein Paris

Il faut pourtant dire que l’alerte était donnée.
D’abord, cette manifestation a lieu depuis plusieurs années maintenant, puisqu’elle est l’hommage des fachos à l’un de leur militant décédé il y a quelques années. La date comme l’adresse de ce rassemblement étaient donc connues…Ensuite, parce que l'organisation de cet événement ne s’est pas faite dans le secret : affiches placardées dans les rues de différentes villes de France, visuels sur les réseaux sociaux, bref, tout ça été monté au vu et au su de tout le monde, sans que cela ne pose de problème à personne.

Une constatation particulièrement consternante, plus encore après l’interdiction de certains rassemblements pacifistes en opposition à Emmanuel Macron. Comme le dit le député insoumis Paul Vannier sur Twitter : "En macronie les casserolades c’est non. Les manifestations de néo-nazis c’est oui".

De quoi ce rassemblement d'extrême droite est-il le nom ?

D’abord, il faut tordre le coup à l’argument principal de la dédiabolisation du RN, consistant à dire que ce n’est plus comme avant, que la fille n’est pas comme le père, et blablabla… Ils peuvent bien mettre toutes les cravates du monde pour s’assagir, prétendre vouloir le bien et tenter de se normaliser pour être acceptés, la vérité les rattrape toujours : samedi dernier, deux proches de Marine Le Pen étaient présents lors de ce rassemblement néonazi. Axel Loustau, intime de la fille de Jean-Marie et prestataire des campagnes du RN et Olivier Duguet, trésorier d’un micro-parti proche du RN. Bref, dédiabolisé ou pas, un facho reste un facho.

Ensuite, rappeler la porosité criante entre l’extrême droite et la macronie, leurs alliances électorales contre la NUPES dès les législatives de 2022, leurs jeux à l’Assemblée nationale toujours contre la NUPES, l’hommage de Macron à Pétain, ses projets de loi sur l’immigration applaudies par l’extrême droite, l’utilisation par les macronistes d’attaques et de rhétoriques habituellement employées par l’extrême droite, toujours contre la NUPES, à coups d’”islamogauchisme”, de “wokisme”, d’ “ennemis de la République” et j’en passe.

Rappelons aussi la récente et honteuse cabale des proches de Macron contre la France insoumise et Mélenchon, dont ils ont fait leur adversaire numéro 1, l’accusant pendant toute la semaine “d’appel à l’insurrection”, troublant toutes les lignes, tous les repères politiques et plaçant un signe d’égalité honteux entre la gauche révolutionnaire républicaine et l’extrême-droite anti-républicaine et fascisante.

Macron joue avec le feu

Alors bien sûr, Gérald Darmanin a annoncé depuis vouloir “interdire toutes les manifestations d’ultra droite” dans le pays... mais personne n’est dupe quant à la stratégie politique des macronistes, vieille comme le monde, de vouloir diaboliser la gauche à hauteur de l’extrême droite pour pouvoir dire “c’est nous ou le chaos”. Une stratégie que nous avons déjà dénoncé de nombreuses fois, et sur laquelle nous tirons le signal d’alarme : à force d’en employer les mots, à force d’en normaliser les pratiques et à force d’en banaliser la présence dans le débat, les macronistes favorisent et renforcent l’extrême droite, jusqu’à risquer de la voir un jour en mesure de prendre le pouvoir dans le pays.

Et bien sûr, si cela devait arriver, que penser, à quoi s’attendre d'autre de la part d’une force politique dont les membres se rendent à des rassemblements néonazis, qu’un basculement vers une politique tout bêtement, tout simplement, nationaliste et xénophobe ?

Bref, c’est le printemps, et malheureusement, il n’y a pas que les fleurs qui bourgeonnent : les fachos aussi. Et las, nous sommes sûrement les derniers, avec la NUPES, à prendre la question au sérieux et à tout faire pour l’empêcher, tant la droite républicaine disparaît à mesure que Ciotti court après le RN, et tant Macron et ses sbires jouent à leur jeu dangereux qui affaiblit la République.

Bref, c’est le printemps... et c’est encore à nous de le rendre humaniste, républicain et lumineux.

Bastien PARISOT
(@BastienParisot)

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