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Billet de blog 12 octobre 2022

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Marchons, marchons !

Ce dimanche 14 heures, Place de la Nation : la Marche contre la vie chère et l'inaction climatique peut être une étape décisive dans la mobilisation face à la politique austéritaire et autoritaire d'Emmanuel Macron.

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Texte d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire le 11 octobre dernier.

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Rien ne va. Non vraiment, rien ne va. Il commence à faire froid, “winter is coming” comme on dit, on n’a pas le droit d’allumer le chauffage, pas possible non plus de faire 20km en voiture sans passer par la case “3 heures d’attente à la station service”, il n’y a plus de moutarde, l’huile coute un bras, on nous parle de coupures de box internet à distance, chaque panier ou caddie de courses te donne envie de casser ton PEL, des idéologues veulent nous faire bosser jusqu’à 65 “et même pourquoi pas 67 ans”…

Bref, on aura quand même fait meilleure période.

Mais, j’ai une bonne nouvelle ! Cela fait quelques jours que des appels se multiplient, sur les réseaux sociaux et dans certains médias, à participer à une grande marche le 16 octobre, départ 14 heures place de la Nation à Paris, pour exprimer notre mécontentement et surtout notre opposition radicale aux politiques qui ont rendu ça possible. Plus de 80 organisations politiques, associatives et syndicales appellent ainsi à marcher dimanche.

Alors marchons, marchons ! Marchons bien sûr contre la vie chère et contre l’inaction climatique. Marchons contre ce monde fou, dans lequel se chauffer devient un luxe, rouler en voiture un privilège, où porter des pulls à col roulé serait un acte de résistance, où les grévistes sont décrits comme des “preneurs d’otage” qu’il faut absolument “réquisitionner” pour le bien du pays (j’en profite pour dire tout mon soutien aux grévistes des entreprises pétrolières)  et où la guerre se dessine petit à petit sur tous les fronts, dans toutes les vies. La guerre en Ukraine, la guerre sociale, la guerre climatique. Bref, la guerre.

Et surtout, il faut comprendre un point essentiel de notre mobilisation de dimanche : marcher CONTRE ce monde et ses folies, c’est aussi marcher POUR l’espoir d’un autre monde possible. Un monde où le profit et la rentabilité ne sont plus l’alpha et l’oméga. Un monde débarrassé de la grossièreté des Attal et autres macronistes de pacotille, qui méprisent les mouvements sociaux et ne connaissent qu’une réponse à toutes celles et ceux qui leur tiennent tête : la violence et le rapport de force.

Oui, un autre monde est toujours possible. Rien de ce monde n'est immuable, rien n’est inéluctable. 

Ni le mépris permanent de la petite société satisfaite d’elle-même, qui rabâche à longueur de temps que tout va bien, que tout est sous contrôle et que les choses sont faites “en responsabilité”, trouvant toujours les mêmes larbins médiatiques bien heureux d’appartenir au cercle des belles personnes, à condition d’en servir les intérêts.

Ni ce mépris, disais-je, ni la violence qui l’accompagne. Celle subie par les plus de 10 millions de pauvres dans notre pays. Celle des étudiants qui font la queue pour se nourrir, des travailleurs qui galèrent à la fin du mois, des parents qui se demandent comment élever convenablement leurs gosses vu le coût de la vie, des gamins dont les rêves doivent se limiter à ce qui est abordable financièrement, de celles et ceux qui travaillent plus longtemps, plus tard, plus vieux, pour finir leur vie dignement, des chômeuses et chômeurs du pays qui s’entendent taxer de fainéants et de profiteurs…

Mais à quoi en est-on rendu, franchement. Est-ce qu’on réalise vraiment ce qu’on nous demande d’accepter ? En fait, j’en ai terriblement ras-le-bol. Affreusement, durement et tout simplement ras-le-bol, tout en étant bien conscient que je ne suis certes pas le plus à plaindre.

Une note plus personnelle pour illustrer mon propos : ma petite nièce, ce si mignon petit condensé d’amour, d’innocence et de joie de découvrir le monde, a fêté son premier anniversaire hier. Et vraiment, je n’ai pas envie de lui céder un monde pareil et de devoir lui dire un jour droit dans les yeux : “quand tout ça a basculé, nous n’avons rien fait”.

Alors, je dis à toutes celles et tous ceux qui souffrent dans ce pays, à ceux qui observent ce spectacle désolant avec crainte, colère, lassitude ou sentiment d’impuissance… Oui, la dignité de chacun peut être l’objectif de notre société. L’émancipation humaine, individuelle et collective, peut être le cadre général dans lequel s’inscrivent chacun de nos efforts, chacun de nos pas. Oui, nous pouvons vivre en harmonie avec la nature. Oui, nous pouvons être toutes et tous respectés. Oui, nos vies peuvent être totalement différentes et oui, nous avons toutes et tous droit au bonheur. Il faut en avoir conscience. La considération prioritaire de l’être humain, sa dignité et son épanouissement peuvent être, et devraient être la boussole, l'incontournable objectif de notre société.

Je ne suis pas naïf pour autant. Je ne dis pas ici qu’il en serait fini des malheurs, des peines, des colères ou des injustices. Je ne dis pas ici que tout serait facile, tout rose, tout beau, tout gentil, tout agréable. La vie est chemin semé d’embûches et d’aventures compliquées, chacun le sait. Mais je dis qu’il peut exister une société qui tirerait vers le haut, assurant à toutes et tous les moyens et les conditions matérielles d’une vie digne, joyeuse et émancipatrice.

Oui, c'est possible. Mais le fait est que ceux qui gouvernent, à grands renforts de chiens de garde, de médias aux ordres, de grandes entreprises surpuissantes et de violence systémique, font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher une telle société de voir le jour.

Si bien qu’ils créent ainsi la nécessité d’un rapport de force entre eux, les quelques-uns bien nés, et nous, les autres, les 99%. Soit. Je sais ce que vous vous dites ici : "cet idiot est à deux doigts de réinventer la lutte des classes !".

Eh bien oui. Car nous sommes en plein dedans. Tous ces ultra-riches, gavés jusqu’à plus soif, nous privent de notre dignité collective et empêchent le monde d’être vertueux, sur l'autel de leurs intérêts et de leurs petits plaisirs. Il faut donc leur dire STOP et sonner la fin de la récré, en engageant le rapport de force qui, seul, nous permettra de retrouver le bonheur, si précieux, et la dignité presque oubliée.

La marche de dimanche peut être une première étape, un premier coup de force pour les faire reculer. Alors ne baissons pas les bras. Ne nous résignons pas. N’abandonnons pas l’idée du bonheur. C’est en luttant que nous pourrons relever la tête. Foule esclave de cette époque folle, foule esclave de ces puissants indus, debout !

Dimanche, marchons !

Bastien PARISOT

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