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Texte d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire le 21 mars 2022.
Ce matin, fraichement installé devant mon écran d’ordinateur, je tombe sur un article publié sur le site de BFM, dans lequel j’apprends qu’Emmanuel Macron est passé du président-candidat, sûr de lui et volontaire pour mettre fin à la guerre, au candidat-ouin ouin.
Oui, le candidat Ouin-Ouin ! Car j’y lis que le chef de la StartUp Nation se plaint d’être privé de ses comptes sur les réseaux sociaux pour faire campagne, et demande ainsi, je cite, un “traitement équitable”.
Je rembobine pour ceux qui sont perdus : depuis qu’il est élu président de la République, Emmanuel Macron agit et s’exprime non plus pour lui-même, mais au nom de l’intégralité des citoyennes et des citoyens Français.
Si bien que tous les outils utilisés par l’ancien ministre de François Hollande dans le cadre de son mandat sont considérés, non plus comme ses outils propres, mais bien comme les outils du Président de la République, c’est à dire s’exprimant au nom de l’État… si bien que non, les comptes utilisés pendant 5 ans par Emmanuel Macron comme ceux du Président de la République ne peuvent pas, aujourd’hui, lui servir pour faire campagne.
Revenons à nos moutons. Emmanuel Macron, champion des inégalités galopantes et chantre, pendant 5 ans, d’une politique au service des ultra-riches qui se sont gavés tout au long de son quinquennat, y compris pendant la crise du Covid, ose nous parler aujourd’hui d’équité.
Franchement, la blague se suffit à elle-même. Le niveau de la vanne est stratosphérique. Franchement, c’est un peu comme si l’Abbé Pierre se plaignait du nombre de repas distribués par les Restos du cœur, ou comme si les Balkany et Cahuzac, ancien ministre de François Hollande, hurlaient contre la diminution du budget alloué à la lutte contre la fraude fiscale.
Macron est quand même très fort. Il arriverait presque à regretter d’avoir été élu Président en 2017 et de subir ainsi un traitement si sévère, si injuste, si absurde pour 2022 ! Alors certes, il ne tenait qu’à lui de créer les comptes dédiés à la présidence de la République, qu’il aurait transmis à Jean-Luc Mélenchon après sa victoire en avril, et de garder son compte perso utilisable pour autre chose… comme une campagne électorale.
C’est par exemple ce qui se fait aux États-Unis, où les comptes “@POTUS” (President of the United States) sont les comptes officiels, et où le Président garde un compte personnel sur lequel il peut, s’il le souhaite, mener campagne, par exemple, ou bien, autre exemple, envoyer du monde à l’assaut du Capitole...
Bref, une chose nous saute aux yeux : passé le pognon injecté dans des agences de com et des cabinets de conseil, l’entourage de Macron ne semble capable d’aucune stratégie ou réflexion, ni même la moindre anticipation pour éviter ce genre de situation gênante. C’est à se demander comment ces gens ont pu gérer le pays pendant 5 ans ! Ils ne sont pas foutus de gérer des comptes Twitter sur 5 ans, mais il faut leur faire confiance pour organiser la planification écologique ?
Bref, le mec est vraiment gonflé.
Car oui, c’est le même Emmanuel Macron qui refuse de débattre et espère ainsi accéder au second tour ou être réélu sans assumer son bilan, qui chouine aujourd’hui sur une pitoyable affaire de réseaux sociaux pour réclamer “l’équité”.
Oui, c’est le même Emmanuel Macron, poussé, vanté, présenté, défendu, aimé, adoré par tous les grands médias en 2017, qui ont fait sa campagne sans jamais se cacher, qui réclame aujourd’hui l’équité.
Oui, c’est le même Emmanuel Macron, celui qui utilise les locaux de l’Elysée dans sa série de campagne “le candidat”, qui réclame aujourd’hui l’équité. (D’ailleurs, soit dit en passant, la série sur la campagne de Jean-Luc Mélenchon, réalisée par nos amis Flore et Milan, est bien plus sérieuse et bien plus intéressante, et compte surtout déjà 13 épisodes de 40 minutes).
Oui, c’est le même Emmanuel Macron, celui qui en décembre dernier s’offrait une émission spéciale de 2 heures, baptisée “Où va la France” et diffusée à 21h sur TF1 et LCI, dans laquelle il tenait allègrement le discours d’un candidat à sa réelection, qui réclame aujourd’hui “l’équité”.
Bref, que cela soit dans l’exercice du pouvoir ou dans sa communication, jamais Emmanuel Macron n’a semblé s’intéresser aux questions d’équité. Me voici donc sceptique devant la position victimaire adoptée par un candidat incapable de réussir son lancement de campagne et qui mise pour le moment plus sur l’évitement que sur la persuasion pour assurer sa réélection.
Alors pour finir, je m’adresse à lui :
Cher Monsieur Macron, Cher candidat Ouin-Ouin,
Cessez de chouiner !
Osez débattre, assumez votre bilan, affrontez les Français et ce qu’ils ont à vous dire. Descendez dans l’arène, présentez votre vision du monde et votre projet de société, et souffrez que nous y opposions le nôtre.
Tout cela aura plus de poids, plus d’impact et plus de sens pour la démocratie que vos gérémiades au sujet d’un compte Twitter.
Et j’ajoute : quand bien même ! Sur les réseaux sociaux, les Insoumis sont trop nombreux, trop organisés, trop ordonnés et trop déterminés. Si bien que je vous le dis sans crainte : avec ou sans votre compte Twitter, le résultat serait le même : nous serions de toute façon trop forts pour vous.
Bastien PARISOT
Texte d'une chronique lue sur le plateau de l'Émission Populaire le 21 mars 2022.