La tradition de chanson sociale est le substrat idéologique de la « chanson française » Dans la tradition française de prévalence de la signification, la chanson engagée est une question adressée au monde, une interrogation qui revendique une prise de conscience collective. Bernard Lavilliers à l’aube de la sortie de son nouvel album, le 21éme , en fera la démonstration.
Pour ce 21ème album studio de Lavilliers , l’artiste s’est entouré de réalisateurs artistiques aux univers marqués : Romain Humeau, Fred Pallem, Benjamin Biolay, Feu! Chatterton, Florent Marchet. Il accueille également Jeanne Cherhal pour un duo.
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https://www.youtube.com/watch?v=6a6DWb5dxKs&feature=youtu.be
Dans le feuilleton coproduit par les Médias Francophones Publics, réalisé et produit par Jean-Luc Lehmann et Thierry Chatel, pendant neuf heures d’entretiens exclusifs ( tous les samedi à midi, du 1er Juillet au 27 Aout sur France Inter), nous suivrons Lavilliers, les gens qu'il aime et qui le connaissent nous en présenter les multiples facettes du chanteur qui a choisi le voyage, le détour par l’Ailleurs et par l’Autre, qui imprégnera toute sa musique. sa musique est métissée, populaire, chaude et rythmée, sensuelle, africaine et latine, mélancolique souvent, une musique qui s’adresse aux corps pour parler aux âmes. Son répertoire depuis ses premières chansons questionne notre modèle citoyen par le détour revendiqué vers l’Autre, (l’Amérique latine, mais aussi l’Asie ou l’Afrique), l’étranger, le minoritaire, l’ouvrier, l’exilé, l’immigré mais aussi par le métissage des musiques (musiques latines, bossa nova, salsa, reggae, rock) et des instruments de musique, par un métissage des langues (outre le français, plusieurs langues sont utilisées dans les chansons : de l’anglais, du portugais, de l’espagnol).
Est-ce ainsi que l’homme vit nous entraîne dans le sillage de l'artiste : de son local de répétition au quartier parisien où il a ses habitudes, d’une soirée de concert à son studio d’enregistrement ou une île en Méditerranée . Jean Luc Lehmann et Thierry Chatel, auteurs de ce documentaire radiophonique, ont suivi l’artiste sur les différents lieux qu’il fréquente régulièrement, sillonnent son univers professionnel et intime, rencontrent sa réalité quotidienne, ses amis, ses musiciens, ses proches. Portrait coloré d’un homme pour qui l’amitié est une valeur phare et dont la musique se nourrit de rencontres et de…rencontres.
Neuf étapes scanderont le parcours
Episode 1 : Le plus vieil employé de Barclay
La rencontre entre un rebelle engagé et l’homme qui incarna le show business à paillettes. Cinquante ans de carrière pour un artistes à mi-chemin entre la chanson française traditionnellle poétique et le rock dont sa génération est issue.
Episode 2 : Monsieur Lavilliers
Emouvantes retrouvailles méditerranéennes avec un ami très cher. La révolte, profondément inscrite en lui, le mène vers des engagements qui ne sont pas liés à ses intérêts. Monsieur Lavilliers est en quête permanente de contacts humains.
Episode 3 : Le Gringo
Les extraordinaires aventures d’un reporter musical et social au Nicaragua avec son ami de toujours le percussionniste Dominique Mahut. Le créateur d’ O Gringo , album-symbole du voyage, à la rencontre des musiques dans les lieux mêmes où elles se pratiquent.
Episode 4 : Bernard, quand tu veux !
Les coulisses d’un concert du Printemps des Nuits du Sud. De l’arrivée de l’artiste à l’aéroport, à la répétition, en passant par une rencontre avec la presse jusqu’à la montée du chanteur sur scène face à un public impatient de l’écouter.
Episode 5 : Tourneur, fraiseur, chanteur
Une visite au siège de la CFDT à Paris pour le départ en retraite d’un ami syndicaliste. L’histoire d’un artiste issu du milieu ouvrier dont la constance des engagements démontre la sincérité.
Episode 6 : C’est génial, on a du courant !
De New York à Port-au-Prince en passant par Dakar, Hô-Chi-Minh-Ville ou Paris, les tours du monde d’un enfant qui réalise ses rêves et chante les causes perdues sur des musiques tropicales.
Episode 7 : Un studio au 3e
A l’occasion de collaborations pour d’autres artistes ou d’enregistrements de ses propres albums, toujours en quête de renouveau, Bernard Lavilliers fréquente la jeune génération. Un pote pour les uns, un grand frère pour les autres.
Episode 8 : Le son d’une vie
« Que peut l’Art » interroge le poète. La littérature est l’une des grandes sources d’inspiration d’un artiste, qui à ses débuts imaginait la chanson comme un intermezzo dans sa vie.
Episode 9 : Play it again Bernard !
Best of de la série mâtiné d’éléments inédits.
Pourtant, s’il est une tradition continue dans la chanson française, aiguillon pour penser le monde, c’est bien celle de la pertinence de son impertinence. Lavilliers participe depuis ses premières chansons de ce questionnement social autour de l’altérité et son public ne s’y trompe pas : c’est ce que ce public socialement mixte retient d’abord. Les pratiques culturelles participent à la construction des identités collectives faites de récits collectifs, de symboles partagés et, s’agissant des concerts de Lavilliers, de mise en questions des hiérarchies sociales. Car l’art sert le Politique non pas seulement par le biais de thèses portées par les œuvres, mais parce qu’il transforme les spectateurs en sujets qui pensent le monde, qui prennent une distance réflexive avec leurs pensées. L’art rend visible « l’homme en proie au possible », selon la belle expression d’Henri Lefèvre. Lavilliers est une icône spectaculaire du moderne, mais dans ses concerts, sous la participation émotionnelle et corporelle, collective et singulière des spectateurs « affectés » transparaît l’épiderme du social : il se lit dans la chanson, et particulièrement in-vivo dans les concerts. Aujourd’hui c’est la question du Vivre ensemble que les artistes tels Lavilliers nous permettent de (re)penser.