« États-Unis : un tireur tue au moins 22 personnes à Lewiston » (titre du Monde du 26 octobre) Un « terroriste » ? Des « civils » ?
773 personnes ont ainsi été tirées/tuées depuis le début de l’année, et 2 593 blessées. Pour les Blancs, ce doit être la première cause de mort violente (pour les Noirs, s’y ajoute la police.) « L’axe du mal absolu", c’est New York – San Francisco ? Miami – Seattle ?
Ce titre du Monde méritait à première vue le Grand Prix mondial du plus factuel que ça tu meurs (l’Euphemism by Factuality Award). À le mieux considérer, il est terriblement expressif : il exprime d’une façon parfaitement adéquate la sérénité tranquille avec laquelle ces faits sont reçus aux États-Unis. Car enfin, passée une superficielle autant qu’éphémère agitation verbale, aucune action réelle, législative, réglementaire, ne sera entreprise. Pas de création d’un parquet national du tireurisme, pas de loi anti-tireurisme sept cent soixante-treize fois renouvelée. On est simplement là face à une routine du mode de vie américain. Ces gens sont-ils des « animaux » ?
Il aura fallu vingt-quatre heures au Monde pour arriver à un qualificatif : « tuerie de masse » ; le tireur reste un simple tireur. À juste titre, aux États-Unis, on vient de le dire, ce genre d’évènement ne terrorise pas.