La 4ème édition du festival Les Peuples Veulent (LPV) fin octobre dernier, à Montreuil a réuni 5000 visiteur.ses et près de 50 collectifs, organisations, et activistes de 42 pays, des 5 continents. La programmation du festival, en plus des 4 panels, a aussi accueilli 6 plateaux radio public, 5 cantines parisiennes ou banlieusardes, 4 concerts de folie et 3 séances de films plein de rage, d’humour et d’émotions.
Avant les 3 jours publics du festival, les invités ont passé une semaine "off" entre révolté.e.s pour réfléchir à la construction d’un réseau révolutionnaire transnational et à la création de connexions planétaires à partir de forces locales.*
Avec l'internationalisme par le bas comme impératif, le festival LPV, fondé en 2019 par La Cantine Syrienne, n'inclut aucune ONG ou autre institution officielle ou étatique : les participant.es viennent toustes de luttes et de mouvements auto-organisés par les peuples.
Une occasion pour une série d'entretiens dont le premier avec Alassane Dicko de l'Association Malienne des Expulsés (AME) et d'Afrique-Europe Interact (AEI).
Né au Mali en 1970 d'un père malien et d'une mère ivoirienne, Alassane Dicko grandit en Côte d'Ivoire où il devient informaticien spécialisé dans la sécurité. Malgré les turbulences militaro-politiques qui agitent le pays à partir de la fin des années 1990 et que l'élection de Laurent Gbagbo en 2000 n'apaise pas, bien au contraire, Dicko mène une vie tranquille à Abidjan et ne s'implique pas politiquement.
Pourtant la crise politique s'accompagne d'une crise identitaire qui divise le pays en deux avec une répression grandissante des Ivoiriens du nord. Il s'agit d'une population transfrontalière, musulmane, persécutée avec rafles, délations, carte d'identités arrachées et détruites après contrôle au faciès... Avec le temps, il ne suffit plus de vivre dans le nord mais juste d'avoir le mauvais nom, peu importe le lieu. Et avec un incident qui aurait dû être anodin, survenu un dimanche en 2005 alors qu'il travaille, l'origine malienne et musulmane d'Alassane Dicko finit par le rattraper et le force à se confronter personnellement à l'ambiance pourrissante qui l'entoure. Dicko fait face à des problèmes au travail et se voit menacé de sanctions lourdes. Il décide donc de quitter la Côte d'Ivoire.
Le droit de rester. Le droit de partir. Le droit de partir pour revenir et de repartir pour revenir encore une fois. Cela s'appelle la migration circulaire. Et pour ça il faut la liberté de circulation.
A la demande d'Alassane Dicko et de l'AME, et pour des raisons de sécurité qui ne s'étaient pas exprimées lors de ma dernière conversation téléphonique avec Dicko, j'enlève le dernier paragraphe de ce billet.
* Certaines phrases de cette introduction sont tirées d'un communiqué publié le 27 octobre sur la page Facebook de la Cantine syrienne dont voici le lien :
https://www.facebook.com/LaCantineSyrienne
Pour en savoir plus :
Sur La cantine syrienne et Les Peuples Veulent :
https://cantinesyrienne.fr/
https://fr.crimethinc.com/2022/03/15/la-cantine-syrienne-a-montreuil-la-lutte-en-exil-des-refugiees-continuent-le-combat-revolutionnaire-a-letranger-1
https://cantinesyrienne.fr/ressources/les-peuples-veulent/les-peuples-veulent-4-edition
https://cantinesyrienne.fr/ressources/les-peuples-veulent/les-peuples-veulent-4-0
Sur les associations AME et AEI et sur Alassane Dicko :
https://www.africavenir.org/news-details/article/nous-ne-sommes-pas-des-demandeurs-interview-video-avec-alassane-dicko.html
https://afrique-europe-interact.net/1284-2-Alassane-Dicko-Parlement-allemand.html