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Billet de blog 2 oct. 2016

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Menu porcin ou ceinture

de glissements sémantiques en figures de rhétorique , petites touches impressionnistes, au mépris du Droit Public et de la Constitution de la République, sous nos yeux , les laïcistes ,au service de particularismes divers , et certains hommes politiques, raclant la lie du foudre électoral , dénaturent la Laïcité et ruinent le vivre ensemble

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Menu porcin ou ceinture

Lors de la séance des questions au gouvernement du 28 janvier 2010, M . Christian Bataille, député du Nord ,a interpellé  M. le Ministre de l’Education Nationale ,Luc Châtel ,  sur les menus  dans les cantines scolaires . Réponse « Comme l’a réaffirmé à plusieurs reprises le juge administratif, la création d’un service de restauration scolaire ne présente pas un caractère obligatoire, car il ne s’agit pas d’une obligation liée au service public de l’enseignement. La fréquentation de la cantine par les élèves n’est pas non plus obligatoire. Les parents qui souhaitent y inscrire leurs enfants le font après avoir pris connaissance des modalités de fonctionnement du restaurant scolaire, qui sont souvent rappelées dans un règlement intérieur du service de restauration. »

  Cette construction  syllogistique , relayée  à  foison , a  fait  une  florissante  carrière depuis .

Sur le fond  , le  jugement administratif en question sanctionne une demande abusive de parents d’élèves  visant  à  forcer  la  création  d’une  cantine ; le  juge  ne  s’est prononcé que sur ce point  et sur ce point  seulement  .Qu’est-ce  que  cela  a  à  voir  avec  l’objet  de la  question de M. le député ?  .

D’autre   part  ,  le   caractère   facultatif  d’un  service   des  cantines  n’ôte  rien  au  fait  que  les communes qui  organisent des services de cantines , doivent les ouvrir à  tous  et ce , dans  la  mesure où  l’égalité  des citoyens  est  imposée  par  l’article 1 de  la  loi  du 9 décembre 1905 et la  Constitution, conjointement .

Quant au règlement intérieur d’un service de cantines scolaires - sauf à contrevenir à la loi ,en épousant telle ou telle thèse particulariste - il doit répondre aux impératifs des statuts de l’Education  Nationale , lesquels  sont  subordonnés  aux  lois de la République régissant  la laïcité de l’Ecole  et à La Constitution  : ôtez une pierre et tout l’édifice s’écroule .

M. Le Ministre ajoute : « Aucune obligation de prévoir des plats de substitution en raison de pratiques d’ordre confessionnel ne saurait donc contraindre les collectivités. Par ailleurs, le refus d’adapter le menu des cantines à des demandes particulières ne remet pas en cause le principe de liberté religieuse. En effet, si ce principe implique le respect du libre exercice des cultes par l’État, il n’oblige pas les services publics à s’adapter aux pratiques religieuses qui concernent la sphère privée".

 Les  deux  œufs  sur  le plat , généralement servis en remplacement du porc , ne constituent pas  un signe  religieux - et encore moins un signe religieux ostentatoire au sens de la loi de 2004 - des œufs, tout le  monde  en mange . Du reste , le jour du poisson qui tombe systématiquement le vendredi , ( c’est juste une coïncidence, n’est-ce pas ?)n’est pas plus un signe religieux ostentatoire  .

 Par ailleurs ,le plat de substitution résulte du fait que l’enfant est en butte à des prescriptions qui le dépassent . Ces prescriptions peuvent être religieuses (juifs, musulmans ) , philosophiques ou médicales ( allergies sévères , diabète ,C.F.  annexe  C  du  Bulletin  officiel spécial n° 9 du ministère de l'Education Nationalehttp://www.education.gouv.fr/bo/2001/special9/default.htm ) . Mais dans tous les cas de figure , le plat de substitution  relève  non d’une obligation  mais d’une tolérance conforme à la loi du 9 décembre 1905.

 Notons , au passage ,  que là où l’article 25  de la loi du 9 décembre 1905 stipule que  les réunions pour la célébration d’un culte, tenues dans les locaux appartenant  à une association cultuelle ou mis à sa disposition sont publiques  ( cet article étend  donc  la sphère publique jusqu’au creux des édifices religieux ) , M. le Ministre - en violation flagrante de cet article 25 - se révèle velléitaire en prétendant confiner les religions  dans la sphère privée :prendrait-il le risque de s’attaquer au Catholicisme avec cette même légèreté dont il fait montre à l’ endroit de l’Islam de France ? (Voir pour plus d’information :  « Laïcité sans polémique »   http://blogs.mediapart.fr/blog/belab )

 Ainsi donc, quotidiennement , de glissements sémantiques en  figures de rhétorique , petites touches impressionnistes, au mépris du Droit Public et de la Constitution de la République, sous nos yeux , les laïcistes ,au service de  particularismes divers , et certains hommes politiques, raclant la lie du foudre électoral  , dénaturent  la Laïcité et ruinent le vivre ensemble.

 Interrogé sur la décision du maire UMP de Chalon-sur-Saône de supprimer le plat de substitution , le jour du porc, dans les cantines scolaires, Nicolas Sarkozy ,à la  «  pêche aux voix » de l’électorat de  Marine Le pen, déclare : "dans les cantines d'écoles publiques, je suis opposé à ce qu'on appelle les repas de substitution où, en fonction de l'origine des enfants, de la religion des parents, on choisit des repas différents". Il ajoute :  « La République a une identité. La France est une République, pas seulement une démocratie. Dans une démocratie, chacun fait ce qu'il veut tant que cela ne fait pas de mal aux autres. Dans une République, on est plus exigeant. La République, c'est la laïcité »

 Quel filon  fabuleux que la Laïcité livrée à l’équivoque ! M. Sarkozy  , honte à vous , plus de 30 % des hommes de troupe engagés aujourd’hui en Afghanistan et en Afrique sont musulmans et bénéficient du repas de  substitution !

 Le président de la fédération de parents d’élèves FCPE de Saône-et-Loire, Eric Violette, a estimé  http://www.vousnousils.fr/2015/03/17/fin-du-menu-de-substitution-a-chalon-la-fcpe-71-ne-peut-pas-approuver-cette-mesure-565244 que  son  organisation    « ne  pouvait  pas  approuver » la  décision  du maire  de Chalon-sur-Saône de supprimer  le  menu  de  substitution  dans  les  cantines  scolaires  de la ville  .  Selon M. Violette, il n’y a

 « aucun problème sur les cantines  à Chalon, où 2.500 repas sont distribués chaque jour aux enfants ». « Du  porc  est  servi  une  à deux  fois  par  mois  donc on  aurait  pu  trouver  une   solution », a-t-il ajouté, précisant que le menu de substitution « ne coûte pas plus cher à la collectivité ».

 Il n’y a jamais de problème pour les hommes de bonne volonté.

 L’Observatoire de la Laïcité, dans  un communiqué de presse ,à propos de cette même affaire  http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/03/communique_odl_restauration_scolaire_17_03_2015.pdf   stipule« La mairie de Chalon-sur-Saône a annoncé, en invoquant la laïcité, la modification des menus servis dans les  cantines scolaires en refusant désormais toute offre de choix lorsque du porc est servi aux élèves. Si aucune obligation ne contraint la commune dans le cadre d’un service facultatif, l’Observatoire de la laïcité, organisme transpartisan  placé auprès du Premier ministre, rappelle cependant que la laïcité ne saurait être invoquée pour refuser la diversité de menus.  En  effet,  son  guide « Laïcité et collectivités locales »1,  accessible  à tous,  rappelle  que les cantines scolaires proposent généralement une diversité de menus, avec ou sans viande. Cette offre de choix ne répond pas à des prescriptions religieuses mais à la possibilité pour chacun de manger ou non de  la viande tout en empêchant la stigmatisation d’élèves selon leurs convictions personnelles ». 

 En 2013, un rapport , sur l'accessibilité des cantines scolaires ,du Défenseur des Droits ,Dominique Baudis , écrivait : « cette  question [du porc] n'est pas apparue comme une question prioritaire à travers  les   témoignages  reçus  par  le  défenseur  des  droits »,  précisant : « Dans les faits, la plupart des  cantines  scolaires  proposent ,  de  longue  date ,  des  plats  de  substitution  à  la  viande  de  porc   , tout  en  servant  du  poisson  le  vendredi ,  pratique  qui  n'a  pas  été  remise  en  cause  par  le  juge  ».http://www.fait-religieux.com/societe/education-1/menus-religieux-dans-les-cantines-un-vrai-faux-probleme-#BeBLykKsFUlix7e5.99

 Observons les choses sous l’angle solide suivant . Que  représente  le  poisson  du  vendredi  ou  le  repas  de substitution payant  devant  les  10%  de  subventions  d’investissement  des  classes  des  Ecoles  privées  qu’elles  soient  sous  contrat  ou   hors  contrat   ? Dérisoires n’est-ce pas ? Rappelons que ces  subventions   sont  consécutives à une décision du Conseil d’Etat.

 Ce  dernier  point  excède  pourtant  la portée de l’Article 2 de la loi de décembre 1905 qui stipule : 

 «  la République ne reconnaît , ne salarie ni ne subventionne aucun  culte. Pourront  toutefois  être inscrites aux budgets de l’Etat, des Départements et des Communes,  les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer  le  libre exercice des cultes dans  les  établissements  publics  tels  que  lycées , collèges , hospices , asiles et prisons »

 Rien , strictement rien , n’est impossible à un homme de bonne volonté pour bien faire .A preuve.

 Nous avons  vu  que  la  Laïcité   de  l’Ecole   et  la Laïcité  de  l’Etat   http://blogs.mediapart.fr/blog/belab sous  la protection  du  Droit  Public  national  et  de  la Constitution de la République  ,garantissent respectivement   la paix scolaire ; la non confessionnalité  de l’Etat et la liberté de conscience.

 Et  la paix scolaire exige qu’on laisse l’Ecole à l’Ecole .

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