Le foulard à l’école et les apprentis sorciers.
Depuis 1989, on nous mélange – volontairement, afin de rendre la compréhension difficile , voire impossible - la laïcité de l’Etat et la laïcité de l’Ecole.
Dans la « lettre ouverte au président de la République »https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/011016/lettre-ouverte-m-le-president-de-la-republique , il a été montré comment les lobbies S.H.A.F., interpolant déloyalement un décret, pourtant abrogé en 1794, ont dénaturé la laïcité de l’Etat (la séparation « du temporel et du spirituel » ou « séparation des Eglises et de l’Etat ») et vidé la loi du 09 décembre 1905 (toujours en vigueur, elle) de sa substance. Nous y renvoyons le lecteur.
Attelons nous ici à montrer comment nos lobbies S.H.A.F et les islamistes de tout poil, se faisant la courte échelle, ont réussi à faire de l’affaire du foulard à l’école un « problème civilisationnel », pas moins.
La laïcité de l’école est encadrée par les lois Jules Ferry, les deux circulaires Jean Zay (1936 et 1937) [15]http://www.patronagelaique.fr/index.php/laicite/legislation/textes-nationaux/173-1936-1937-circulaires-jean-zay la loi de 2004 sur les signes ostentatoires ; http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000417977&categorieLien=id
En 1936 et 1937, les circulaires Jean Zay avaient rétabli l’ordre lorsque des soubresauts politiques et religieux avaient bousculé l’équilibre, instable par définition, de nos cours de récréation et contraint les autorités à intervenir. L’Eglise Catholique et les partis politiques avaient admis, alors, la nécessité de protéger l’Ecole.
Nota Bene : L’Islam de France, en acceptant, sans rechigner, la loi de 2004 sur les signes religieux ostentatoires, n’a pas agi autrement.
Parti de Creil, en 1989, comme un jappement d’hydrogène, ce problème du voile à l’école - qui n’en est pas un en réalité, comme cela va être montré - perdure. Il poursuit, miraculeusement, sa combustion dans le temps comme ces tourbières sibériennes qui semblent ne jamais vouloir s’éteindre.
En effet, ce problème n’en est pas un : une consultation loyale des islamologues, musulmans ou non, (d’avant 1979 de préférence et ce, afin d’éviter les manipulations immanquables des acteurs engagés dans les luttes passionnelles du moment) aurait permis de montrer que, pour l’islam, l’enfant n’a pas de devoirs moraux envers Dieu. Ne sont assujettis aux Fiqhs que les moukalafoune (moukellef au singulier = être qualifié, avoir l’âge de raison). L’islam est une religion de grandes personnes, exclusivement. L’enfant ne répond à aucun des cinq piliers de l’islam (pas même la Chahada, l’article premier pour ainsi dire) .Le garçon est certes circoncis mais ce seul critère est insuffisant pour faire de lui un musulman. Il demeure donc un musulman en devenir, ne serait-ce que par le lait de maman, ses makroutes et ses zlabias aussi.
Que de haine distillée pour rien ! Une simple question adressée aux islamologues aurait permis de couper l'herbe sous les pieds des provocateurs et des manipulateurs .
Aussi, la valse-hésitation de nos gouvernants, le pataquès médiatique lancinant et la chorale des pleureuses en crises de nerfs feintes, n’auraient jamais dû prospérer. Sans le clientélisme politique, les médias charognards et les intérêts particularistes bien compris, les « moutardes auraient été soigneusement mouchées » et les manipulateurs en tous genres renvoyés à leurs paillasses d’apprentis sorciers, depuis longtemps.
Nous avons tous entendu ces déclarations, postulées définitives à peine formulées, des « caudillos du café du commerce » selon lesquelles la République « ne reconnaît aucun culte, elle n’a pas à tenir compte des spécificités de telle ou telle religion ». C’est faux ! L’article 2 de la loi du 09 décembre 1905 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000508749 ne tourne aucunement le dos aux croyances des citoyens ; s’il stipule que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », il n’entend pas , bien sûr, proscrire les religions embrassées par les citoyens mais juste empêcher celles-ci d’empiéter sur les prérogatives de l’Etat. N’en déplaise à nos maîtres-à-penser, cet article 2, qui met fin au budget des cultes, https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/270916/de-la-soi-disant-unicite-de-la-sharia-et-du-pseudo-monolithique-islamui , proclame se soucier des croyances des citoyens et va jusqu’à inscrire dans les budgets des communes, des départements et de l’Etat « les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons ».
Rappelons que le Ministre de l’Intérieur est aussi Ministre des Cultes : il a la charge de la police des cultes (section III de la loi du 09 décembre 1905) dans le respect de la constitution.
Je renvoie le lecteur au discours de Ferdinand Buisson aux instituteurs, Cf. : https://blogs.mediapart.fr/280128/blog/221217/extraits-la-foi-laique-ferdinand-buisson. Ce « jésuite de la laïcité », ce « hussard noir de la République » soufflète post mortem nos lobbies S.H.A.F et leurs affidés, ces sans vergogne inconséquents, qui ont sacrifié la paix civile et notre citoyenneté sur l’hôtel de leurs intérêts particularistes. Il soustrait la laïcité de l’Ecole aux passions des adultes et la cantonne derrière les garde-fous de la modération. Reprenant Duruy, Ferdinand Buisson déclare « Formez des hommes ! Il y a, messieurs, une condition : soyez vous-même des hommes (…) Si l'un vient vous dire : ’’ Mais, prenez garde ! En tenant aux enfants un langage moral et religieux, vous allez déplaire à monsieur un tel, qui est athée, à ce qu'on assure’’; si un autre vous dit au contraire ’’ Prenez garde! en parlant à ces enfants de liberté, d'égalité, des principes de 1789 ou de cette nuit mémorable où les plus nobles des Français ont déchiré de leurs mains tous leurs privilèges, vous allez déplaire à tel clérical acharné ’’, vous leur répondrez : ’’ Non, je ne crains rien parce que je ne dirai rien à ces enfants qui ne soit écrit de la main même de la nature au fond de leur cœur. Je ne crains rien, parce que je ne sers personne. Ni ce radical athée, ni ce clérical réactionnaire ne sont les monstres que vous vous figurez. L'un et l'autre aime ses enfants et me saura gré des efforts que je fais non pour les soustraire à l'influence paternelle, non pour leur imposer mes opinions particulières, mais pour leur donner un premier fonds d'idées généreuses et de bons sentiments, pour leur faire, à l’aide des seules vérités que l'intuition met à leur portée, une âme noble, pure, droite, éprise du beau et du bien, capable d'aimer Dieu, l'honneur et la patrie’’ » .(Source :Ferdinand Buisson , la foi laïque , p.6,7,8,9) lien :https://blogs.mediapart.fr/280128/blog/221217/extraits-la-foi-laique-ferdinand-buisson