Nos « maîtres-à-penser-dans-les-clous » ne devraient pas ignorer cependant que lorsqu’on professe l’égalité citoyenne, on doit tendre vers un vernis d’équité et ménager autant que possible une apparence de justice. L’hubris leur émoussant l’esprit, ils en sont arrivés à ne même plus essayer de sauver la face : imposer le silence à toutes les voix discordantes - même à ceux qui en appellent à la loi et à la Constitution - devient une fin en soi .Ils en oublient même que le principe du contradictoire est un des piliers de la Justice… Sauf à se prévaloir indûment de privilèges, la liberté d’opinion des uns s’arrête là au commence celle d’autrui. La liberté d’exprimer et de publier (y compris sous forme de caricatures) des opinions est inséparable de la liberté de penser ; elles sont parties intégrantes de la liberté de conscience reconnue par la Constitution de notre République. « Aucune société n’est complètement libre, si ces libertés n’y existent pas d’une façon absolue et sans réserve [3]»Si un homme fait un acte nuisible aux autres, il y a évidemment sujet de le punir par la loi. Mais l’expérience nous enjoint de ne jamais éluder l’existence « d’ actes positifs pour le bien des autres qu’un homme peut être obligé d’accomplir (…) dans toute œuvre commune nécessaire à la société sous la protection de laquelle il vit . De plus, on peut, en toute justice, le rendre responsable envers la société, s’il n’accomplit pas certains actes (…) tels que sauver la vie de son prochain ou intervenir pour défendre le faible contre de mauvais traitements. Une personne peut nuire aux autres non seulement par ses actions, mais par son inaction, et dans tous les cas elle est responsable envers eux du dommage [3]».Et, en l’occurrence, il y a société en danger.Sachez que « toutes les fois qu’on étouffe une discussion, on affirme par là même sa propre infaillibilité(…) » [3].Et prétendre à l’infaillibilité en de tels temps turbides est - pour le moins- puéril : nous avons besoin de la vigilance de chacun. Et pour cause ! « Nous ne pouvons jamais être sûrs que l’opinion que nous cherchons à étouffer est fausse, et en fussions-nous sûrs, l’étouffer serait encore un mal (…) ce qu’il y a de particulièrement mal à imposer silence à l’expression d’une opinion, c’est que c’est voler l’espèce humaine, la postérité aussi bien que la génération existante, ceux qui s’écartent de cette opinion encore plus que ceux qui la soutiennent. Si cette opinion est juste, on les prive d’une chance de quitter l’erreur pour la vérité ; si elle est fausse, ils perdent ce qui est un bienfait presqu’aussi grand, la perception plus claire et l’impression plus vive de la vérité, produite par sa collision avec l’erreur (…) » [3].John Stuart Mill ajoute [3] : « L’effet de l’habitude, en empêchant aucun doute de s’élever à propos des règles de conduite que la société impose à chacun est d’autant plus complet que, sur ce sujet, on ne regarde pas généralement comme nécessaire de pouvoir donner des raisons ou aux autres ou à soi-même : on est accoutumé à croire ( et certaines gens qui aspirent au titre de philosophes [ ne suivez pas mon regard…] nous encouragent dans cette croyance) que nos sentiments sur des sujets d’une telle nature valent mieux que des raisons, et rendent les raisons inutiles. Les opinions des hommes sur ce qui est louable ou blâmable sont affectées par toutes les causes diverses qui influent sur leurs désirs à propos de la conduite des autres (…).Mais le plus communément l’homme est guidé par son propre intérêt, légitime ou illégitime. Partout où il y a une classe dominante, presque toute la morale publique dérive des intérêts de cette classe et de ses sentiments de supériorité(…) Les opinions ainsi engendrées réagissent à leur tour sur les sentiments moraux des membres de la classe dominante dans leurs relations entre eux. » Le fait de plébisciter la mise sous le boisseau d’une opinion, étayée, conjointement, par les lois de la République, par la Constitution et par l’Histoire comparée, dénote un mépris de l’équité, de la citoyenneté et de la Démocratie. Le cas du viol du principe constitutionnel de laïcité par les lobbies coalisés des intérêts particularistes est à ce titre archétypal : une illustration magistrale de ces pensées de John Stuart Mill. J’en veux pour preuves ces messes cathodiques du Printemps Républicain et de sa créature, le soi-disant Comité « Laïcité République ».[3] John Stuart MILL De la liberté, pages 6, 11,12 et 16
Billet de blog 28 janvier 2025
De la liberté.
L’espoir peut-il renaître ? Les tenants de nos lobbies dominants, faiseurs d’opinions, sont aux abois. Nerveux, ils virent aux censeurs impulsifs autant que compulsifs.
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