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Billet de blog 3 novembre 2015

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FNCD#5 AFROTOPIA / ENTRETIEN / Abraham Onoriode Oghobase, photographe de l'affiche

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Illustration 1
L'affiche du FNCD#5 © Photo de Abraham Oghobase

Le Festival des Nouveaux Cinémas Documentaires#5 est heureux d’associer le travail photographique de Abraham Oghobase à l’identité du Festival ! La photographie de l'affiche fait partie de sa magnifique série Ecstatic inspirée par la nature luxuriante de Lagos. 

Abraham Onoriode Oghobase est né en 1979 à Lagos, au Nigéria. Il étudie la photographie au Yaba College of Technology’s School of Art, Design and Printing à Lagos. Son travail photographique est exposé au Nigéria, à travers l’Afrique et l’Europe. Abraham Onoriode Oghobase est sélectionné en 2013 pour le AIMIA-AGO Photography Prize et est finaliste en 2014 pour le prestigieux Prix Pictet global award in photography and sustainability. Le photographe vit et travaille à Lagos où il pratique son art et participe régulièrement à des forums artistiques, des workshops et des festivals. En 2009, il réalise la série de photos Ecstatic.

www.abrahamoghobase.com 


 « Oui je veux quelque chose. Je veux ma liberté, je veux vivre comme un homme, je ne suis pas un animal »-  Brian Keenan. C'est par cette citation de l'écrivain irlandais qui a été otage à Beyrouth au Liban de 1986 à 1990 que le photographe Abraham Oghobase introduit sa série Ecstatic. Pour Belleville en vues, il dévoile son processus de création. 

Illustration 2
Ecstatic © Abraham Oghobase

 « Pour réaliser Ecstatic , je me suis frayé un chemin sur le toit des véhicules situés autour de mon quartier à Lagos dans le seul but de faire un saut majestueux, me créant ainsi un espace social temporaire avant que la gravité ne me renvoie sur terre. Cet espace unique qui se créait à mesure que mon corps se courbait dans l’air m’a permis d’angoisser, de crier, d’expirer et en même temps de compatir avec les autres habitants de Lagos qui, comme moi, se battent au quotidien pour survivre. Le trouble intérieur créé par une ville impitoyable dont les pressions tirent mon corps dans tous les sens nécessite une certaine forme d’exorcisme et Ecstatic m’a permis de vivre ce moment d’exaltation. 

Illustration 3
Ecstatic © Abraham Oghobase

 En effet, comment peut-on respirer dans une ville si exigeante et contraignante où des millions de personnes luttent non seulement pour se constituer un espace physique mais aussi pour trouver un point d’ancrage mental ? Quand quelqu’un décide de grimper plus haut, là où personne ne l’attend, et se rend compte soudainement que ce qu’on lui a promis n’existe même pas dans cet espace au sommet, restes-tu là-haut ou sautes-tu ? Quand quelqu’un décide de sauter, dans un moment d’extase, d’évasion et de libération temporaire, où peut-il s’attendre à atterrir ?» 

(Texte original, en anglais:

“Yes, I want something. I want my freedom, I want to live like a man, I am not an animal”- Brian Keenan 

How does one exhale in a demanding and constrictive city where millions of people struggle not just for physical space but also a mental anchor point? When one decides to climb higher than where one is expected to be, then suddenly realizes what is promised doesn’t even exist in that space at the top, do you remain there or jump? When one decides to jump, in an ecstatic moment of escape and temporary liberation, where does he expect to land?

These and many other questions overwhelmed me when I first started this body of work, Ecstatic. In performing and photographing Ecstatic, I make my way to the top of vehicles around my neighborhood in Lagos only to take a rapturous leap, in effect creating a temporary social space for myself before gravity returns me to reality. This unique space forming as my body curves through the air allows me to agonize, scream, exhale and at the same time empathize with other Lagosians like me in the daily struggle to exist. The inner turmoil created by a merciless city whose pressures tug at me from every side needs some form of exorcism, and Ecstatic has provided me that momentary exhilaration."

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