
"Ils nous foutent dehors ! Ils disent que c'est le 115, mais on n'y croit pas, on n'a rien reçu de leur part ". Plusieurs familles ont alerté les associations de la situation qui semble incroyable par son ampleur.
700 personnes (hommes, femmes, enfants) sont menacées le vendredi 20 mai de se retrouver à la rue quelques jours plus tard (mercredi 25 mai). La décision est ferme et tranchée.
Il arrive souvent que des familles se retrouvent à la rue du jour au lendemain et parfois annoncé le matin même pour la fin de matinée quand l'hotelier.e se plaint (à juste titre ou non) de la situation d'une famille. Lire article.
Dans ces cas-là, le 115 envoie un courrier pour informer la famille qu'elle doit quitter les lieux et ne devient plus prioritaire pour un hébergement d'urgence avec un délai d'un mois de carence. Ce qui entraine un rapport de force de l'hôtelier.e. sur les familles déjà fragilisées.
Mais que s'est-il passé pour en arriver à une telle extrémité de la part d'un hôtelier ?
Depuis 1 mois, à la demande du 115, les hôtelier.e.s faisaient signer mensuellement une feuille de présence aux familles hébergées afin d'avoir une visibilité directe sur les familles en hôtel ou non.
Dès la première vérification, le 115 se rend compte que l'hôtel continue de facturer la chambre d'une famille partie depuis 1 an et demi. Coût total de l'opération : 47 000€.
Il s'avère que la famille a préféré quitter l'hôtel pour un squat plutôt que rester au milieu des punaises de lit.
A juste titre, le 115 demande le remboursement de cette facture à l’hôtel. L'hôtelier bondit de colère, tel un petit enfant capricieux. La direction annonce alors aux résident.e.s qu'ils/elles doivent tous quitter les lieux au plus tard mercredi 25 mai, en prétextant que c’est une décision du 115.
A son habitude, le 115 reste fermer à toutes demandes d'informations : " Il y avait un problème avec l'hôtelier, le problème est résolu, il n'y a pas de problème. En tout cas les familles restent où elles sont."
Mais qui est cet hôtelier qui a sous sa coupe 700 personnes, soit 1/3 des hébergement du 115 de la Haute-Garonne ?
C'est Monsieur A. propriétaire de pas moins de 6 hôtels.
Qui possède un Hôtel 3 étoiles à St-Martin-du-Touch quartier Ouest de Toulouse, dont le site mentionne qu'il faut appeler en ligne pour vérifier si une chambre est disponible. Si l'hôtel est complet à l'année (du jamais vu) et si les derniers avis datent de 2017, c'est que c'est bien un hôtel 115, bien que les tarifs à la nuitée n'aient pas changé.
Également, deux hôtels Kyriad. Les avis (de 2021) sur le lieu sont édifiants et on sait de suite où l'on est.
- "En premier lieu, l'accueil du soir est à revoir ! Personnel faussement aimable, mais réellement incompétent. […] Chauffage coupé (encore pour limiter les frais) donne l'impression d'arriver dans un réfrigérateur... Aucune maintenance, et malheureusement cela se voit. Les peintures sont défraîchies, le bac de douche fendu, la plomberie en mauvais état. […] Bref, incompréhensible que la chaîne Kyriad confie son image à de si mauvais gestionnaires d'un établissement qui pourrait être bien tenu avec un personnel entièrement renouvelé. Pour l'instant hôtel à éviter".
- "Odeur de tout à l'égout dans la chambre désagréable, rénovations des sols à prévoir, bruit au niveau de la climatisation alors qu'elle n'était pas en marche la chambre est un peu trop petit pour 2 personnes pour une nuit cela reste convenable. Excellente réception à l'accueil".
Viennent ensuite 2 hôtels de Muret, qui ont été dénoncés à plusieurs reprises comme lieux parfaitement invivables surtout pour des séjours qui peuvent durer plusieurs années, et loin de toutes commodités (écoles, commerces).
À noter que l'un d'eux accueille (hélas pour eux) encore du public... là encore les avis sont intraitables.
- "UNE HONTE !!!
Mes grands-parents viennent de rentrer de 3 jours de cet hôtel, dans lequel ils ont logé dans une chambre avec des cafards, les linges n’étaient pas propres (trace de mascara sur les taies d’oreillers, cheveux sur les alèses, donc non lavés !), le sol collait, une odeur INFECTE d’eau stagnante circulait dans la chambre et pour clôturer le tout, des CHAMPIGNONS ont poussé dans la douche !! Nous avons les photos ! Ce qui veut dire que la javel n’a pas été utilisée depuis un bon moment dans cette salle de bain, et démontre l’état totalement INSALUBRE de cet endroit (encore plus en période de Covid !!) dans lequel le personnel n’a fait preuve d’aucune compréhension. C’est simple, nous avons essayé de les appeler pour avoir des explications, ils ont raccroché au nez, mal parlé ! D’une IMPOLITESSE sans limite, impolitesse qui s’est ressentie à l’accueil également par mes grands-parents, aucune humanité n’émanait de ces propriétaires, et pour 75 € la nuit !! Une ARNAQUE ! S'IL VOUS PLAÎT SIGNALEZ CET ENDROIT, un contrôle sanitaire doit être effectués d’URGENCE par les autorités, on requiert la fermeture de cet endroit !"
Si l'hôtel accueille encore du public dans ces conditions, on ne peut qu'imaginer le pire pour les familles à l'année qui n'ont ni la clim, ni la télévision, pas d'accès à une cuisine et entassent leurs effets dans 14m² avec douche et plaque de cuisine.
Enfin, le propriétaire possède une résidence hôtelière 2 étoiles à St Lys, quelques 30 km de Toulouse... là aussi, dédiée au 115.

A Toulouse, contrairement à la plupart des départements, à l'exemple de Paris (22euro la nuit) la facturation des chambres d'hôtel n'est pas plafonnée. L'hotel fixe les prix librement selon les "services" proposés – chambre seule, double, avec télé et douche ou non, ce qui peut faire grimper considérablement les tarifs.
Faute de convention avec l’État, les hôtels profitent de cette situation, pour eux très lucrative. Le 115 ne pouvant se passer des places d’hébergement qu’ils proposent, les hôteliers se permettent d’imposer leurs conditions, allant jusqu’à menacer d’expulser les familles pour faire pression. Ainsi, ils s’assurent de remplir les chambres à moindres prestations, et même parfois dans des conditions sanitaires indignes. Les familles sont les victimes de ce système, personne ne se souciant des conditions dans lesquelles elles sont accueillies, dans des chambres insalubres, entre crasse, champignons et parasites. Peut-on encore parler d' « Hôtels Sociaux » ?