Quelques considérations à ne pas oublier dimanche prochain :
Pour la première fois, deux sondages cette semaine ont testé Marine Le Pen gagnante de l’élection présidentielle dans la marge d’erreur si par malheur elle devait arriver au second tour.
C’est le résultat d’un travail de construction d’une hégémonie culturelle qui a bénéficié de la complicité de médias et de capitalistes et, de la corruption idéologique d’une grande partie de la classe politique qui s’est compromise dans les immondices du racisme franc et décomplexé ou masqué derrière une fausse défense de la République et de la laïcité.

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Et je veux souligner ici le rôle particulier joué par Emmanuel Macron qui fut élu en rempart de l’extrême droite mais dont les gouvernements ont répandu la parole raciste, maltraité les exilé·es et laissé prospérer les groupuscules fascistes tandis que le ministre de l’intérieur dissolvait arbitrairement, et pour la première fois depuis l’après guerre, un groupe antifasciste et des associations de lutte contre les discriminations.
Dimanche prochain, le risque fasciste existe, mesuré par les sondages et illustré par l'effroyable spectacle de ces milliers de jeunes gens venus scander "on est chez nous" au Trocadero devant un tribun ouvertement raciste, misogyne, homophobe, anti-pauvres, etc.
C’est aussi le résultat de la complicité des partis de gouvernement, prétendument de gauche, qui ont orchestré à l’unisson des gouvernements de droite le démantèlement de l’Etat social et la captation de la richesse produite et de la force de travail au bénéfice toujours plus grand du capital. Là encore, la présidence Macron, ni de droite ni de gauche, a accéléré cette redistribution à l’envers et tandis que la fortune des milliardaires augmentait de 86% depuis le début de la pandémie, 7 millions de personnes allaient bientôt dépendre de l’aide alimentaire. Parallèlement, les gouvernements Macron poursuivaient à un pas cadencé la privatisation des services publics, privant la moitié de la population française d’une partie significative du seul capital, socialisé, dont elle dispose.
Cette remise en cause radicale du compromis social mis en place après la deuxième guerre mondiale s’accompagne d’un usage croissant de méthodes répressives extrêmement violentes contre les mobilisations sociales, les classes populaires et les militant·es politiques. La présidence Macron a, sous couvert d’antiterrorisme ou de lutte contre le communautarisme, attaqué l’État de droit et limité l’exercice de nos libertés fondamentales et droits politiques. Tandis que la libération de la parole raciste entrave durablement l’émergence des solidarités de classe et contribue à maintenir un rapport de force défavorable aux classes dominées.

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Sur le plan écologique, alors même que la biodiversité s’effondre et le climat se réchauffe, il s’agissait tout à la fois d’empêcher la limitation des profits du capital par l’instauration de lois et de normes environnementales contraignantes et de poursuivre la captation de nos ressources naturelles à son seul profit. Qu’on pense au renoncement de l’interdiction du glyphosate, pesticide indispensable à l’agro-business, à la prolifération des entrepôts logistiques qui dans un même élan détruisent nos espaces naturels et captent le travail nécessaire à la distribution des marchandises au bénéfice de multinationales, ou à l’obsession nucléaire qui nous expose à des risques incommensurables mais garantit les conditions de reproduction du capitalisme : investissements records, marchés publics juteux et circuits d’approvisionnement militarisés.
Sur le plan international et pour la première fois depuis 1991, la guerre revient en Europe et, combine les deux formes politiques qui ont accompagné l’affirmation du capitalisme, l’impérialisme et le nationalisme. La compétition pour l’accès aux matières premières, à la main d’oeuvre et aux marchés mondiaux suppose d’étendre sa zone d’influence, quand l’exaltation du nationalisme reste un moyen efficace de mobilisation des populations contre des intérêts concurrents. Le régime de la guerre est en réalité consubstantiel au développement du capitalisme depuis son origine. Pour autant, la multiplication des conflits auxquelles on assiste ne sont pas seulement la conséquence de l’approfondissement de son intégration mondiale, mais aussi du réchauffement climatique.
Pour la première fois depuis les débuts de l’Holocène il y a 12 000 ans, l’équilibre écologique qui régit le climat sur terre atteint un point de bascule. La forêt amazonienne se transforme en savane et émet plus de CO2 qu’elle n’en capte. Les récifs coralliens meurent. Les courants océaniques ralentissent, transformant la biologie marine et le régime des températures entre l’équateur et les pôles. Les climats locaux sont bouleversés et les évènements climatiques extrêmes augmentent en nombre et en intensité. 2,5 milliards d’êtres humains seront directement affectés par le réchauffement climatique d’ici à 2050.
Dimanche prochain, il ne faudra rien oublier de cette situation aussi inédite qu'inquiétante.