Bénédicte Monville (avatar)

Bénédicte Monville

Écologiste radicale antiraciste et décoloniale #PEPS, martiniquaise, ex-conseillère régionale d'Île de France, conseillère municipale et communautaire de Melun

Abonné·e de Mediapart

44 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 décembre 2016

Bénédicte Monville (avatar)

Bénédicte Monville

Écologiste radicale antiraciste et décoloniale #PEPS, martiniquaise, ex-conseillère régionale d'Île de France, conseillère municipale et communautaire de Melun

Abonné·e de Mediapart

Réfugié-es, migrant-es, la région Île de France coupable d'inaction

Mon intervention au conseil régional Île de France suite à la décision de notre groupe EELV-A d'interroger la présidente de région Valérie Pécresse sur l'absence d'une politique régionale d'accueil des migrant-es.

Bénédicte Monville (avatar)

Bénédicte Monville

Écologiste radicale antiraciste et décoloniale #PEPS, martiniquaise, ex-conseillère régionale d'Île de France, conseillère municipale et communautaire de Melun

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mme la présidente,

Les guerres et les politiques économiques néocoloniales d’accaparement des richesses, en particulier en Afrique, se combinent aux effets dramatiques du dérèglement climatique et des zones entières deviennent inhabitables. De nombreuses sociétés sont déstabilisées, précipitées dans le cycle infernale que les chercheurs nomment "effondrement". Des millions d’êtres humains fuient la guerre, les persécutions et la misère. On peut le déplorer, on peut souhaiter qu’il en soit autrement mais non seulement cela ne changera rien mais la situation va empirer. L’ONU prévoit à l’horizon 2050 que le monde comptera 250 millions de réfugié-es. C’est un peu plus de quatre fois la population de la France.

«  Aujourd’hui, en Europe, la question migratoire n’est abordée que sous l’angle du renforcement des frontières, des contrôles, de la lutte contre l’immigration clandestine. Les mots « accueil », « intégration », « formation » ne font plus partie du vocabulaire de nos politiques » et nous préférons sacrifier nos principes, transiger avec la promesse de solidarité qui fonde l’Europe plutôt que de renoncer à ce mensonge criminel qui consiste à faire de l’immigration un problème. 

Les frontières de l’Europe se ferment, la Grèce et l’Italie sont laissées seules.

La conséquence directe de ces politiques xénophobes est que la violence que subissent les migrant-es augmente à proportion des restrictions. Ils empruntent des routes de plus en plus dangereuses et beaucoup meurent en chemin, les trafics humains prospèrent et ils sont l’objet de toutes les ignominies. Et le ressentiment général vis à vis de l’Europe croit. Or je vous pose la question à vous qui avez fait de la lutte contre le terrorisme une priorité : avons-nous vraiment besoin de cela aujourd’hui ? 

Les associations sont laissées seules, pire on les prive de moyens d’action. Je veux ici leur rendre un hommage appuyé pour le remarquable travail qu’elles accomplissent et qui nous fait honneur à tous, ainsi qu’à ces nombreuses citoyennes et citoyens de notre pays organisés parfois en collectif et qui pallient comme ils peuvent aux manquements insupportables de nos politiques et sont souvent l’objet de toutes les tracasseries de la part de l’administration.

Qu’attendez-vous madame la présidente pour mettre en place une politique d’accueil digne de ce nom dans notre région, digne des valeurs humanistes qui sont au fondement de notre République et que vous avez rappelées tout à l’heure. Qu’attendez vous pour faire montre de courage politique, prendre vos responsabilités d’élue, cesser le mensonge gravissime qui consiste à faire de l’immigration un problème et à nier nos responsabilités dans la situation funeste où nous ont précipité, parmi d’autres, les politiques de prédation, d’accaparement, les guerres que nous menons. Notre pays est riche, très riche, nous avons 100 fois les moyens d’accueillir humainement ces migrant-es et de leur permettre de vivre quand chez eux ils sont condamnés à mort. Notre problème ce ne sont pas les migrant-es, notre problème ce sont les politiques qui transforment les migrant-es en problème plutôt que de s’attaquer au seul vrai problème que nous avons tou-tes, eux et nous, l’accaparement de la richesse produite par une minorité au détriment de tou-tes les autres, qu’ils migrent ou pas. 

Voir aussi : http://elus-idf.eelv.fr/refugies-la-region-coupable-dinaction/

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.