1) Rappel de l'élection présidentielle 2017
Cette élection a été riche en rebondissements. Jusqu'en novembre 2016, on s'attendait à voir Alain Juppé élu président de la République, et ce depuis au moins le début de l'année 2016. En 2016, nous avons également assisté à l'émergence d'Emmanuel Macron dans les sondages, lié uniquement à une bulle médiatique.
Nous avons eu des primaires à droite et à gauche dont le scénario initial a été totalement bouleversé. A droite, nous avons vu la victoire de François Fillon qui a notamment émergé lors des débats télévisés de la primaire de droite alors que se profilait un duel Juppé-Sarkozy, sur des idées très marquantes à droite. Il est ensuite passé en tête des sondages de la présidentielle. Néanmoins, la conjonction d'un projet politique effrayant et de l'affaire Fillon ont contribué à renforcer Emmanuel Macron sur sa droite, malgré que les Républicains le considérait comme étant de gauche (c'est toujours le cas pour certain.e.s Républicain.e.s). De l'autre côté, la primaire de gauche a vu la victoire de Benoît Hamon alors que les sondages indiquaient Manuel Valls avant le premier tour de cette primaire, grâce à son émergences lors des débats télévisés avec notamment l'idée du revenu universel d'existence. Après la primaire, Benoît Hamon a bénéficié de sondages lui octroyant entre 15 et 18% des voix mais est ensuite retombé autour de 13 à 14% tandis que Mélenchon était autour de 11%. Il y a eu pendant la campagne de nombreux.se.s personnalités socialistes ou ex-socialistes annonçant leur soutien à Emmanuel Macron, dont Manuel Valls et François de Rugy. Leurs projets respectifs étant clairement plus proche de celui d'Emmanuel Macron que de Benoît Hamon, ils avaient intérêt à soutenir Macron plutôt que Hamon, d'autant que Macron était en position de force à ce moment.
Le 20 mars 2017, un débat télévisé était organisé par TF1 réunissant les 5 candidat.e.s au-dessus de 10% dans les sondages et en mesure de prétendre au second tour : Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen. Lors de ce débat, Mélenchon était plus percutant que Hamon, et c'est donc à ce moment-là qu'il a pris l'ascendant sur lui et qu'une dynamique Mélenchon s'est enclenchée. Il est ainsi devenu le vote tactique de la gauche et de l'écologie, mais cela ne lui a néanmoins pas suffi à atteindre le second tour car certain.e.s électeur.e.s de la gauche et de l'écologie n'ont pas voulu voter pour lui.
Je retiens de cette séquence électorale le fait que les débats télévisés sont souvent à l'origine de grands mouvements d'électeur.e.s d'un.e candidat.e vers l'autre au sein d'une même famille politique, et ce dans le cadre de primaire ou en dehors. Ainsi, ces débats permettent de départager les candidat.e.s au sein d'un même camp politique.
2) Le quinquennat de Macron
Je ne vais détailler ici mon appréciation sur le quinquennat de Macron qui est très mauvaise et qui montre qu'il n'y a rien à attendre de lui sur les questions écologiques, sociales et démocratiques, et qu'on ne peut pas compter sur lui sur les questions de long terme, au regard notamment de sa gestion antidémocratique et irresponsable de la crise sanitaire. Je vais me concentrer ici sur la situation de la gauche et de l'écologie.
Les élections de 2017 ont sonné la fin de l'hégémonie du PS à gauche. J'avais donc à l'époque conclu à l'obsolescence du PS et appelé à l'émergence d'un grand parti rassemblant l'essentiel des électeur.e.s de la gauche et de l'écologie et à se séparer des appareils politiques existants. Les élections européennes ont montré au contraire que les appareils politiques ne voulaient absolument pas disparaître du paysage. J'en ai donc conclu à la nécessité d'organiser une votation citoyenne en vue des élections de 2022, qui ne remet pas en cause l'existence des partis en question, mais qui permet de former une coalition en vue des élections de 2022. C'est plus ou moins ce que propose la primaire populaire depuis le printemps 2021.
3) La situation politique aujourd'hui et les scénarios pour la gauche et l'écologie à l'élection présidentielle
Aujourd'hui, les sondages montrent très clairement qu'aucun.e candidat.e de la gauche et de l'écologie n'est en mesure de se qualifier pour le second tour et que seul.e.s Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour sont en position pour cela. Il n'y a donc pour l'instant aucun.e candidat.e capable d'engranger le vote tactique de la gauche et de l'écologie. 2 scénarios sont donc possibles :
- Aucun candidat.e issu.e de la gauche et de l'écologie n'émerge réellement : dans ces cas, tou.te.s nos candidat.e.s sont hors jeu de la présidentielle et on peut même s'attendre à ce qu'une chaîne organise un débat télévisé entre Macron, Pécresse, Le Pen et Zemmour sans aucun.e candidat.e de la gauche et de l'écologie. Ainsi, beaucoup de nos électeur.e.s verront que c'est totalement perdu et seraient démotivés pour le vote dès le premier tour. Cela conduira à un total particulièrement bas pour la gauche et l'écologie. Il faut donc absolument éviter ce scénario.
- Un.e candidat.e issu.e de la gauche et de l'écologie finit par émerger : il bénéficiera alors du vote tactique des électeur.e.s de la gauche et de l'écologie et les autres candidat.e.s sera plus ou moins marginalisé.e.s. Reste à savoir si ce vote tactique sera suffisant pour accéder au second tour puis pour gagner l'élection présidentielle. Cela dépendra du candidat.e qui bénéficiera de ce vote tactique, mais aussi de quand ce départage aura lieu.
4) Quand et comment départager les candidat.e.s de la gauche et de l'écologie ?
La date limite du dépôt des candidatures avec les parrainages est le 4 mars. Passé cette date, les candidat.e.s ne pourront plus retirer leur candidature. Par ailleurs, plus les campagnes avancent, plus les dépenses des candidat.e.s se font importantes, et plus les désistements sont compliqués. Pourtant, le seuil des 5% est très important pour le remboursement des frais de campagne et la possibilité que Jadot ou Mélenchon descendent sous ce seuil n'est absolument pas négligeable. Il y a aussi la possibilité de ne pas obtenir tous les parrainages requis, en raison du serment de Romainville où des élu.e.s de la gauche et de l'écologie font la grève des parrainages tant que les conditions du rassemblement ne sont pas réunies. C'est pour cela qu'il est nécessaire que ce départage ait lieu le plus rapidement possible.
Concernant la manière de départager, il est souhaitable que cela se fasse de manière la plus démocratique possible, à savoir par un vote au jugement majoritaire entre les candidat.e.s, précédé par des débats télévisés sur des grandes chaînes à des heures de grande écoute. C'est ce qui permettrait que le vote tactique s'oriente vers le candidat.e qui correspond le plus aux attentes de électeur.e.s de la gauche et de l'écologie et de maximiser ses chances d'arriver au second tour. C'est ce que propose la primaire populaire : il s'agit d'investir un.e candidat.e parmi les 10 les plus plébiscité.e.s par les parrainages citoyens avant le 11 octobre et candidat.e.s au 15 janvier (avec ou sans leur accord tant qu'ils et elles sont candidat.e.s). Il ne s'agit pas d'une primaire car les candidat.e.s ne s'engagent pas tou.te.s à se retirer s'ils ne remportent pas ce vote qui aura lieu du 27 au 30 janvier au jugement majoritaire. Néanmoins, ce vote peut avoir une vraie influence selon le nombre de votant.e.s.
Ainsi, je vous invite à vous inscrire au vote de la primaire populaire avant le 23 janvier (date limite d'inscription), et le plus tôt possible pour avoir un impact sur les candidat.e.s hostiles à la démarche : https://primaire-populaire.neovote.com/
Par ailleurs, même sans vote des sympathisant.e.s de la gauche et de l'écologie, un débat télévisé entre ses candidat.e.s peut avoir une influence conséquente sur les sondages post-débats. Ainsi, refuser des débats télévisés avec d'autres candidat.e.s de la gauche et de l'écologie est une folie totale, et ce même pour les candidat.e.s hostiles à la primaire populaire. C'est notamment se priver l'occasion de prendre le large sur les autres candidat.e.s de la gauche et de l'écologie.
5) Vers quel.le candidat.e le vote tactique doit-il s'orienter ?
Je répondrai ultérieurement à cette question en complétant mon article avec mon appréciation sur chacun.e des candidat.e.s de la gauche et de l'écologie.