« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. » Oscar Wilde
D’atermoiements en renoncements, le Président de la république et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault semblent avoir totalement abandonné la moindre possibilité de réelle transformation écologique et sociale de la société française. On ne s’attendait certes pas à grand chose, mais même lorsque l’on attend rien d’eux, ils sont encore capables de nous décevoir !
L’absence de courage et d’ambition est sans doute la principale marque de fabrique de l’actuelle majorité : sur la fiscalité écologique, sur la réforme bancaire, sur la politique européenne, sur la transition énergétique, sur les politiques sociales, sur la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, sur la politique migratoire, etc., entre sociale-démocratie paresseuse et conservatisme bon teint, l’action politique de la Gauche actuellement aux manettes est devenue totalement illisible pour la majorité des citoyens.
Et une des conséquences de cet état de fait est la poussée électorale de l’extrême droite. Les effets de manche démagogiques et les discours dangereux de la fille Le Pen trouvent des oreilles attentives chez de plus en plus de gens et nous annoncent de futures gueules de bois électorales non pas dramatiques pour le monde politique, mais pour l’ensemble de la société française.
Dans ce contexte politique très difficile, les écologistes ont actuellement deux ministres au gouvernement, Cécile Duflot au logement et Pascal Canfin au développement, entourés de 35 ministres plus ou moins productivistes. Alors il ne s’agit pas de remettre en cause leurs actions individuelles, une majorité du mouvement reconnaissant qu’ils « font le job » ; il s’agit plutôt de se poser quelques questions très simples : que faisons-nous encore dans cette galère, et comment pouvons-nous éviter de couler avec les Socialistes pour récupérer efficacement des marges d’autonomie et montrer au grand public la nécessité et la spécificité de l’écologie politique ? Là est sans aucun doute le principal enjeu politique du congrès d’Europe Ecologie Les Verts de novembre prochain.
A LMP, nous portons des propositions très concrètes à ces interrogations : il s’agit de retrouver de l’autonomie, de l’autonomie en interne de notre mouvement, et de l’autonomie en externe par rapport aux autres formations politiques, et bien entendu prioritairement par rapport au Parti Socialiste. C’est pourquoi nos trois maître-mots sont « autonomie, radicalité et responsabilité ». On peut participer au jeu institutionnel sans renoncer à en changer les règles et sans oublier nos fondamentaux. Il n’est par exemple pas normal que dans un parti défendant l’Europe fédérale, la spécificité régionale et la démocratie parlementaire, nous soyons à ce point obsédés par l’action de nos ministres et faisions tourner autour d’elle toute la vie de notre mouvement. Nos parlementaires doivent davantage faire entendre leur voix, et notre parti doit surtout s’exprimer davantage de façon autonome. C’est ainsi que la question récurrente de la sortie du gouvernement doit être traitée, question relevant actuellement bien d’avantage de l’imposture des postures de précongrès que d’une réelle volonté politique de changer le réel.
Le premier E d’EELV, l’Europe, ne doit pas être abandonné en rase campagne au prétexte que nous participons au gouvernement. Parce que les enjeux écologiques sont transnationaux, l’Europe reste l’échelon pertinent pour entamer la transition écologique nécessaire à notre temps. A l’heure de la montée inexorable de l’euroscepticisme, nous devons réaffirmer haut et fort notre identité européenne et ne pas avoir l’Europe timide. Cela passe par une participation accrue d’EELV à la politique écologiste européenne, par le biais notamment du PVE (Parti Vert européen) et par un plus grand volontarisme dans la préparation des futures élections européennes de mai 2014. Si les municipales sont fondamentales pour les écologistes, il en va de même des européennes. Notre succès de 2009 ne doit pas rester un « one shot ».
Enfin, il faut redonner envie de militer dans notre parti. Pour cela il convient d’entamer une petite « révolution culturelle » comportementale. La bienveillance entre militants et l’ouverture sur l’ensemble de la société doivent être réaffirmées. EELV semble redevenu un petit parti recroquevillé sur lui-même. Il s’agit de casser cette image en remettant au goût du jour notre maxime « la politique autrement », décriée à juste titre au regard de l’évolution d’EELV ces trois dernières années. Cela commence à l’échelle individuelle. Pour paraphraser une jeune rappeuse paraphrasant Gandhi : « changer le monde commence par se changer soi-même ». Tout comme on peut participer aux institutions sans renoncer à en changer certaines règles et pratiques, on peut également y participer sans devenir encore plus cynique que les autres formations politiques. En interne de notre mouvement, nous portons par exemple l’idée d’un co-secrétariat national, comme les écologistes belges ou allemands, pour sortir de la tentation du bonapartisme et faire vivre concrètement la parité au sommet de notre mouvement.
Quelques messages simples que La Motion Participative compte bien mettre au pot commun des écologistes au congrès de Caen.
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