Cette année, triste nouveau record, c'est le 13 aôut que tombait le « Earth Overshoot Day », le jour du dépassement. A cette date, la population mondiale a consommé la totalité des ressources naturelles que la Terre est capable de renouveler en une année, six jours plus tôt qu'en 2014 et près d'un mois et demi plus tôt qu'en 2000. Depuis le 13 août, l'humanité vit donc à crédit sur le dos de la planète.
Le FMI va-t'il demander, comme pour la Grèce, un plan d'austérité drastique à l'échelle mondiale, en commençant par demander à nos 1826 milliardaires (autre record cette année) à travers le Globe d'arrêter de consommer, pour commencer à payer cette honteuse dette écologique? Il semble bien que non, et pourtant.. Pourtant nous vivons tous à crédit, à l'instar des Grecs. Tous les chiffres, sur le climat, sur les ressources, sur les conditions nécessaires à l'ensemble de la vie sur terre sont au rouge, mais ce qui semble toujours compter pour nos dirigeants, ce sont d'autres chiffres, ceux des comptes publics, des dettes des Etats, des prestations sociales, du nombre de migrants que l'on daigne accepter en nos contrées en nous bouchant le nez, tous les chiffres de la solidarité qui doivent être le plus bas possible, pour continuer tranquillement le « business as usual ». A quelques mois de la conférence de Paris sur le climat qui réclame à la communauté humaine un ultime sursaut de conscience avant les désastres annoncés, le vieux monde et ses chimères de compétitivité et de croissance infinie sur une petite planète aux ressources finies ne veut rien savoir. Ce même 13 août 2015, tragique symbole, comme un écho funeste à l'actuelle folie des hommes, à Tianjin, quatrième ville de Chine, une énorme explosion dans un entrepôt industriel a provoqué des centaines de victimes et des milliers de sans abris. Du coup, Pékin se remet doucement de cette gueule de bois et accélère sa réflexion sur le coût écologique et humain de son modèle de croissance économique.
Mais en même temps partout émergent des alternatives à l'hystérie et l'inconséquence capitalistes actuelles, qu'elles soient individuelles ou communautaires, s'exprimant dans de multiples domaines : agroécologie, économie sociale et solidaire, nouveaux outils de partage à l'ère du numérique, etc. Des alternatives naissent même en des lieux des plus inattendus, comme au Rojava, peut-être un des endroits les plus dangereux de la planète, au fin fond du monde kurde, où pris en étau par les régimes turcs et syriens et la barbarie de Daesh, des femmes et des hommes de tous horizons réinventent pourtant une utopie démocratique, sur le modèle zappatiste ou de la Commune de Paris. Des pires terreaux surgissent parfois les plus belles plantes. L'espoir doit donc rester de mise, et c'est du côté de toutes ces alternatives que les écologistes doivent tourner les yeux, pour donner à voir le monde de demain, celui qui surgira enfin sur les cendres de nos chimères actuelles. Nous n'avons plus le temps de perdre de vue cette urgente réalité dans des guerres d'égos, des agendas électoraux contraints ou des conjonctures d'alliances plus ou moins cohérentes. Entre générations et élections futures, les premières sont évidemment notre priorité. Alors si le « jour du dépassement » est maintenant derrière nous, il est grand temps de savoir nous dépasser collectivement.