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Dans quelques jours, beaucoup d'entre nous fêterons Noël, suivi la semaine suivante du Réveillon de la Saint-Sylvestre, en famille ou entre amis, vraisemblablement autour d'une table remplie de mets et autres agapes de toute sorte. Oui parce que cette période est l'injonction ultime à la « fête », et qui dit « fête » dit bouffe à volonté en nos contrées. Et qui dit réveillon dit foie gras, huitres, saumon, chapon, dinde, boeuf et autre animal terrestre ou marin, en tout ou partie, sacrifiés sur l'autel de notre principale revendication civilisationnelle anuelle. Une revendication soit disant judéo-chrétienne, mais in fine essentiellement consumériste, se résumant à une immense foire au gaspillage loin, très loin du message spirituel du Christ dont nous sommes pourtant censés célébrer la naissance pour les chrétiens, ou tout du moins respecter à minima le message spirituel pour les athées. Une période « festive » devenue au fil de ces dernières décennies essentiellement commerciale, et qui se caractérise notamment par l'accélération des massacres de masse dans le monde animal perpétrés par l'agro-industrie pour remplir nos assiettes. Assiettes qui peut-être n'en demandent pas tant. Parce qu'il y a bien comme un malaise, de plus en plus perceptible, un sentiment schizophrénique insidieux qui commence par toucher les plus sensibles d'entre nous, toutes celles et ceux qui n'arrivent pas à ne pas penser au moins une fois entre deux tartines de foie gras et trois coupes de champagne non seulement à celles et ceux, frappés par la pauvreté, qui sont dehors dans le froid avec l'estomac dans les talons, mais également à l'état actuel de la planète, et à ce que nous allons collectivement léguer, en tant que civilisation, à nos enfants. C'est en ces instants que l'expression « après moi, le déluge »1 prend tout son sens.
Concernant l'exploitation animale, celle-ci existe malheureusement toute l'année et n'attend pas cette période des « fêtes » pour exprimer sa logique mortifère. Quelques chiffres sont éloquents: de 60 à 140 milliards (selon que l'on prend en compte l'ensemble de la volaille, du bétail, etc.) d'animaux sont tués chaque année sur cette planète, soit d'après la fourchette basse quelques 1900 animaux par seconde, et ce chiffre fou est en augmentation constante depuis les années 50 et la généralisation de l'agriculture industrielle productiviste.
Pour prendre un exemple symbolique de Noël, la production annuelle de foie gras dans le monde, c'est 26 800 tonnes par an, dont les 3/4 en France (19 200 tonnes produites en 2015): 40 millions de canards et 700 000 oies sont gavés chaque année en France pour produire du foie gras et des magrets. Et pour 40 millions de mâles gavés, il y a 40 millions de femelles tuées à la naissance, broyées ou gazées, ou exportées afin de produire de la viande pour les plus « chanceuses » d'entre elles. Pas la peine d'insister sur le gavage, des associations comme L214 nous fournissent suffisamment d'informations incontestables sur les horreurs de cette pratique soi-disant « naturelle ». Et en la matière les images sont souvent bien plus parlantes que des chiffres et des lettres.

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Ce que dans l'Hexagone, beaucoup considèrent encore comme un « art de vivre » est tout simplement perçu dans le reste du monde comme une pratique barbare à prohiber: l’Union européenne interdit l’alimentation forcée des animaux depuis 1999, même si les pays producteurs de foie gras (France, Bulgarie, Hongrie, Espagne et Belgique) bénéficient d’une dérogation. En Israël, le gavage est illégal depuis 2005. Aux Etats-Unis, un état comme la Californie interdit depuis 2012 la production et la vente d’aliments issus du gavage. En Inde, non seulement le gavage est prohibé, mais il est de surcroît interdit d’importer du foie gras depuis 2014, etc. Néanmoins ce débat autour du foie gras, récurrent chaque année à cette période, n'est que la partie émergée de l'iceberg du gigantesque massacre animalier produit par notre civilisation industrielle, parfaitement résumé dans l'excellent ouvrage du scientifique et moine bouddhiste Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux: les 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins qui sont tués chaque année pour notre consommation sont les victimes d'un massacre inédit dans l’histoire de l’Humanité qui nous pose un défi éthique majeur : cette surconsommation aggrave la faim dans le monde, provoque des déséquilibres écologiques, et en plus est mauvaise pour notre santé.
Si le sort indigne que l'on inflige aux êtres vivants non humains vous laisse encore indifférents, il y a également l'argument solide du changement climatique: selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation), l'élevage est aujourd’hui considéré comme la deuxième source de production de gaz à effet de serre (18 %), juste derrière le secteur énergétique mais devant les transports (13,5 %). Oui, vous avez bien lu, devant l'ensemble des transports sur la planète! Par exemple, le Réseau Action Climat-France a calculé que la production d’un kg de veau rejette une quantité de GES de serre équivalente à 220 km en voiture. Pourtant, n'avez-vous pas l'impression d'éprouver un plus grand sentiment de culpabilité vis-à-vis de l'environnement quand vous prenez votre voiture2, ou un avion pour partir en vacances au soleil, que lorsque vous mangez un steak? Dans d'autres pays, asiatiques, scandinaves, anglo-saxons... la défense de la planète et l'écologie semblent nettement plus incompatibles avec la consommation personnelle de viande que dans l'Hexagone. Ca, c'est peut-être parce que le lobby de la viande et de l'agroalimentaire en France réalise un « bon » travail d'endoctrinement. Vouz n'avez pas remarqué par exemple, si vous écoutez France Inter le matin en ce moment, l'intense propagande publicitaire actuelle, sur une radio du service public censée progressiste, pour les poulets de Loué ou le foie gras du Sud Ouest?
Pas la peine d'insister non plus sur les effets néfastes d'une trop grande consommation de viande sur notre santé.
Bref, pour résumer, si vous avez une conscience plus ou moins diffuse, mais néanmoins récurrente, que la planète va mal, que le climat se détériore, que les espèces disparaissent et que la violence sous toutes ses formes s'accentue, et que vous vous sentez bien seul et impuissant face à l'ampleur des enjeux, commencez donc par réduire votre consommation de viande. Cette décision si anecdotique au premier abord, a pourtant, si elle est adoptée par la multitude, un bien plus grand impact sur toute notre biosphère que beaucoup d'autres actions bénéficiant pourtant de plus de promotion. Si notre civilisation nous semble aujourd'hui malade, c'est peut-être tout simplement parce que c'est tout notre rapport au vivant qui est perverti. Et plutôt que de regarder tous les peuples dits « premiers », autochtones ou indigènes, qui savaient vivrent en parfaite adéquation avec leur environnement naturel, avec condescendance, il serait bien temps de s'en inspirer. Ou plus près de nous, on peut essayer de retrouver, sans « revenir à la bougie », le régime alimentaire de nos grands-parents, qui mangeaient rarement de la viande plus d'une fois par semaine.
Ainsi, comme bonne résolution pour 2017, essayez donc de devenir végétarien, ou végétalien pour les plus courageux, ne serait-ce que quelques jours par semaine. Vous verrez alors que ce sentiment d'avoir un meilleur climat dans votre assiette procure une immense satisfaction, celle de vivre plus en adéquation et en harmonie avec ce que l'on ressent et avec notre environnement. Faites-en également la promotion autour de vous, et vous verrez, une fois passés les doutes et moqueries plus ou moins bienveillantes de votre entourage, que la formule fait recette. Parce que l'amour et la bienveillance exprimés à l'égard du vivant sont tout simplement exponentiels, et que face aux nuages de toute sorte qui s'amoncellent au dessus de nos têtes pour 2017, il ne va pas falloir en être économes.
* Quelques conseils de lecture ou idées cadeaux pour les fêtes:
http://www.senscritique.com/livre/La_liberation_animale/228322
http://www.babelio.com/livres/Ricard-Plaidoyer-pour-les-animaux/640694
http://www.babelio.com/livres/Caron-Antispeciste--reconcilier-lhumain-lanimal-la-na/835859
http://www.senscritique.com/livre/L_ethique_animale/461190
http://www.inrees.com/articles/Les-pouvoirs-inexpliques-des-animaux/
https://lectures.revues.org/6640
A consommer sans modération:
http://www.consoglobe.com/menu-reveillon-repas-de-noel-vegetarien-cg
http://www.consoglobe.com/faux-gras-faux-foie-gras-vegetal-cg
1 Expression exacte « après nous, le déluge », attribuée historiquement à Madame de Pompadour à l’adresse de son amant le roi Louis XV lors de la défaite des troupes franco-autrichiennes face à l’armée prussienne deFrédéric II en novembre 1757 à Rossbach.
2 souvent diesel lorsque vous êtes Français - plus de 62% du parc automobile hexagonal en 2015.