Les titres de la presse marocaine de cette semaine sont inquiétants. Ils indiquent un retour de crise à propos d’une guerre des sables oubliée, le conflit au Sahara occidental entre le Maroc et le Front polisario.
A la une de Maroc Hebdo du 19 mars 2008, on peut lire : «Le Sahara vaut bien une guerre.L'échec de Manhasset [lieu de la négociation entre Marocains et représentants du Polisario] fait monter la tension entre le Maroc et l'Algérie. Tous les ingrédients sont réunis pour imaginer le pire : c'est sur les 500 km de la ligne de partage que l'effort de guerre de l'Algérie est tourné».Le 21 mars, Aujourd’hui le Maroc annonce : «Le processus de Manhasset, entre le Maroc et le Polisario, semble s'éteindre. L'impasse est notable, et les Nations Unies semblent se résoudre à cette situation. Aujourd'hui, il est évident que le Maroc à Manhasset n’est pas face au vrai “interlocuteur” de la crise. Tant que l’Algérie n'assume pas directement sa responsabilité dans cette crise bilatérale profonde, la solution au conflit restera hors de portée».
Le conflit Sahara occidental, vieux d’une trentaine d’années puisque datant du début des années 1970, empoisonne plus que jamais les relations entre les deux plus grands pays du Maghreb, l’Algérie et le Maroc, et freine la construction politique entre tous les pays de cette zone de l’Afrique du nord.
La chronologie des faits permet de se retrouver dans cette guerre compliquée du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole revendiquée par le Maroc et le Front Polisario. Le 16 octobre 1975, la Cour internationale de justice (CIJ) de la Haye reconnaît l’existence de liens pendant la colonisation entre le Sahara occidental, le Maroc et la Mauritanie, mais les jugeant insuffisants, se prononce pour l’autodétermination de la population du territoire. Le 6 novembre, 350 000 Marocains entreprennent, à l’appel du roi Hassan II,une «Marche verte» pour marquer l’appartenance du territoire au Maroc. Quelques jours après, le 14 novembre, un accord signé à Madrid met fin à la colonisation du Sahara : l’Espagne cède au Maroc le nord et le centre du territoire. Le sud revient à la Mauritanie.Mais coup de théâtre : le 27 février 1976, le Front Polisario, qui réclame l'indépendance du Sahara occidental, proclame la «République arabe sahraouie démocratique» (RASD). La Mauritanie signe un accord de paix le 5 août 1979, avec le Polisario, renonçant au sud du Sahara. Les forces marocaines s’y déploient. De 1976 à 1980, le Polisario, soutenu par la Libye et l'Algérie, inflige des revers aux forces armées marocaines. A partir de 1980, la guerre tourne à l’avantage du Maroc, grâce à sa stratégie des «murs» de défense. Le 12 novembre 1984, le Maroc quitte l'Organsation de l'unité africaine (OUA, après l'admission de la RASD. Rabat n'a toujours pas intégré l'Union africaine (UA), qui a succédé à l'OUA. Le rapprochement de l'Algérie et du Maroc en 1988 et la perspective d'une proclamation de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) produisent leurs effets. Le 30 août 1988, le Maroc et le Polisario acceptent un plan de paix de l'ONU prévoyant l'instauration d'un cessez-le-feu et la tenue d'un référendum d'autodétermination. Un cessez-le-feu est proclamé le 6 septembre 1991 sous la surveillance de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO).