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Billet de blog 5 févr. 2009

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Huit présidents en cinq ans

L'indépendantiste Oscar Temaru devrait devenir mercredi le huitième président de la Polynésie française en moins de cinq ans. 

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L'indépendantiste Oscar Temaru devrait devenir mercredi le huitième président de la Polynésie française en moins de cinq ans.

Gaston Tong Sang (à gauche) et Oscar Temaru (à droite).

Oscar Temaru (Tavini huira'atira, indépendantiste) devrait être élu mercredi prochain 11 février 2009 président de la Polynésie française, avec le soutien de Gaston Flosse (Tahoera'a huira'atira, autonomiste), en remplacement de Gaston Tong Sang (O porinetia to tatou ai'a, autonomiste). Une motion de défiance vient en effet d'être déposée à l'assemblée de la Polynésie française. Elle est signée par treize élus de l'opposition et deux de la majorité, Jean-Christophe Bouissou et Emma Algan (Rautahi, autonomistes), qui servent de bascule pour renverser la majorité.

Jusqu'à aujourd'hui, Gaston Tong Sang, vainqueur à la majorité relative des dernières élections territoriales en février 2008, était maître de seulement 28 sièges sur 57 à l'assemblée de la Polynésie française. En face, dans l'opposition, Oscar Temaru en contrôlait 18 et Gaston Flosse 10 (une élue est non-inscrite). Dans l'hémicycle, l'alliance Temaru-Flosse faisait donc jeu égal avec la fédération de partis du président. Si bien, par exemple, que le gouvernement Tong Sang n'a pu faire adopter son budget 2009 que le 27 janvier 2009. Cette fois, grâce à la bascule des deux élus du camp Tong Sang, l'opposition devrait être en mesure d'apporter 30 voix pour soutenir mercredi la motion de défiance.

Si celle-ci est adoptée mercredi, Oscar Temaru deviendrait automatiquement le huitième président du pays depuis le 23 mai 2004, date de la dernière élection territoriale ordinaire. Huit présidents !? En fait, seulement trois : Gaston Flosse, Oscar Temaru et Gaston Tong Sang, qui se sont succédé au poste, au gré des motions de défiance et des élections partielles ou anticipées, durant les 56 derniers mois. Ce qui fait une moyenne de huit mois par présidence ; et c'est sans compter les nombreux remaniements ministériels.

Ce nouveau soubresaut politique à Tahiti montre au moins une chose : l'échec criant de la loi organique "tendant à renforcer la stabilité des institutions et la transparence de la vie politique en Polynésie française" (!), concoctée fin 2008 par le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer d'alors, Christian Estrosi. Cette modification du statut de la Polynésie a instauré un mode de scrutin de liste à la stricte représentation proportionnelle. Un système incapable de garantir une majorité et une stabilité au sein d'une collectivité.

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