José Luis Rodríguez Zapatero a mis fin ce matin aux spéculations sur son avenir: il ne se présentera pas aux élections générales qui auront lieu l'an prochain. Mais si son séjour au Palais de la Moncloa prendra bien fin au terme de cette législature, le zapatérisme est révolu depuis déjà quelque temps. L'époque où Zapatero était l'idole de la gauche europénne et des opposants à la guerre d'Irak est bien loin. Tout comme celle où la gauche italienne s'exclamait "Viva Zapatero" et où Ségolène Royal se faisait appeler la Zapatera. Mais la crise est passée par là et a touché de plein fouet l'Espagne. Le pays du miracle économique s'est transformé en nation de chômeurs, aujourd'hui 20% de la population active est sans emploi, le double de la moyenne européenne. Et Zapatero, héros de la paix, de la parité hommes-femmes, des droits des homosexuels, et de l'aide aux personnes dépendantes, est devenu en peu de temps l'homme de l'augmentation de l'âge de la retraite, de la hausse de la TVA, de la flexibilisation du marché du travail, des privatisations, de la baisse du salaire des fonctionnaires et du gel des retraites.
Malgré la fronde de la fédération de la région de Madrid, qui avait élu Tomás Gómez candidat aux élections régionales face à Trinidad Jiménez, choisie par Zapatero, celui-ci avait réussi à conserver le soutien inconditionnel de son parti durant ces trois dernières années. Il avait même bénéficié de la bienveillance des syndicats majoritaires, qui avaient certes organisé une timide journée de grève générale mais avaient tout de même accepté la réforme des retraites.
Du côté du Congrès des Députés, le Parti Populaire ne s'est pas gêné pour laisser le gouvernement s'embourber dans la crise et s'est contenté d'en récolter les fruits. Selon les derniers sondages, la formation dirigée par Mariano Rajoy remporterait les élections générales avec 13 points d'avance sur le PSOE. Zapatero a également perdu le soutien des petits partis de gauche, qui l'ont accusé de mener une politique qui fait porter le poids de la crise sur les classes populaires et non sur les riches et les banques.
Zapatero a également eu le chic de se mettre à dos les nationalistes catalans de CiU, en colère à cause de l'élimination par le Tribunal Constitutionnel de certains articles du Statut d'Autonomie de Catalogne. Il est vrai que des raisons électoralistes locales avaient aussi joué dans ce divorce.
La course à la succession est donc ouverte. Le vice-président et ministre de l'Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, issu de l'époque de Felipe González s'affrontera selon les journaux espagnols à Carme Chacón, ministre de la Défense, qui représente la nouvelle génération et qui est la protégée de Zapatero. L'actuel président du Congrès, José Bono, pourrait aussi être de la partie. Certains commentateurs estiment que cette annonce de Zapatero arrive trop longtemps avant les élections et que les douze prochains mois seront assez longs pour mettre le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol à feu et à sang. Cependant, avec le retrait de Zapatero, le PP perd aussi la principale cible de ses attaques, une situation qui met à nu son absence de projet politique alternatif.