De l’actualité espagnole, on connaît évidemment les divers plan d’austérité, les hausses de la TVA, les coupes drastiques dans la santé et l'éducation. Mais, au-delà de la rigueur qu’on retrouve partout en Europe, il existe également une politique conservatrice dans le domaine dit « sociétal », qui est loin de rester anecdotique.
1. Droit à l’avortement.
Zapatero avait légalisé l’avortement en permettant aux femmes d’interrompre leur grossesse dans une limite de 14 semaines ou 22 semaines s’il y a danger pour la santé de la mère ou du fœtus.
Le projet de loi du ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardón, pourtant réputé être un modéré, sera présenté en octobre et les détails ne sont pas encore connus. Mais l’on sait déjà qu’il sera encore plus restrictif que la loi de 1985 qui ne dépénalisait l’avortement que pour les cas de viol, malformation du fœtus ou danger pour la mère.
2. Lutte contre l’homophobie
Bien que le PP en ait fait un de ses chevaux de bataille durant plusieurs années, il n’abolira pas la loi qui donne aux couples homosexuels le droit au mariage et à l’adoption. On attendant cependant encore la décision du Conseil Constitutionnel au sujet d’un recours du PP contre cette loi.
Par ailleurs, l’Education à la Citoyenneté, une matière introduite par le gouvernement Zapatero dans les programmes scolaires, a été modifiée et les références à l’homophobie ont été supprimées, tout comme les références aux conflits sociaux ou aux inégalités homme-femme. Ce qui était conçu comme un enseignement de valeurs n’est plus qu’une éducation civique très générale sur les lois et la Constitution.
3. Laïcité de l’éducation
Outre la quasi-disparition de l’Education à la Citoyenneté, c’est aussi la mixité à l’école qui est remise en question. Le Parti Populaire a récemment critiqué une décision du Tribunal Suprême qui annule l’obligation faite aux Communautés Autonomes de financer les établissements sous contrat qui séparent les garçons des filles. Le ministre de l’Education, José Ignacio Wert, a annoncé son intention de modifier la loi pour assurer les possibilités de financement de ce type d’établissement. La région de Madrid, présidée par Esperanza Aguirre, a confirmé qu’elle continuerait à financer les huit écoles de ce type situées sur son territoire.
4. Prise de contrôle des médias publics
Le gouvernement Zapatero avait fait voter une loi qui obligeait à obtenir la majorité des deux tiers des députés pour la nomination des dirigeants de l’audiovisuel public. Rajoy y a mis fin et a perdu peu de temps pour remplacer le directeur de RTVE. La plupart des directeurs de l’information ainsi que les journalistes critiques ont été licenciés.