Après les "Vrais Finlandais", voici Angela Merkel. Le discours populiste dirigé contre les pays les plus en difficulté de l'Union Européenne bat son plein. La chancelière allemande a déclaré que "dans des pays comme la Grèce, l'Espagne et le Portugal on ne devrait pas pouvoir partir à la retraite plus tôt qu'en Allemagne". Merkel a par ailleurs ajouté qu'il "n'est pas possible qu'on ait la même monnaie et que les uns aient beaucoup de vacances et les autres très peu", en visant justement les pays méditerranéens. Un discours fallacieux.
54 ans de construction européenne, 25 ans de présence de l'Espagne et du Portugal dans l'Union Européenne mais les clichés perdurent: dans le nord de l'Europe on travaille dur pendant que les gens du sud se la coulent douce. Mais il est facile de démonter ce discours avec des faits. Je ne parlerai ici que de l'Espagne, connaissant mieux le sujet. Le passage de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, qui est en train de se réaliser en Allemagne, a également été décidé en Espagne par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. Quant aux congés payés, ils s'élèvent certes à 22 jours ouvrés en Espagne (soit dit en passant, moins qu'en France), contre 20 jours outre-Rhin. Mais en réalité, la majorité des Allemands ont des contrats qui leur offrent 30 jours de congés par an.
Mais si Angela Merkel souhaite une convergence sociale en Europe, il faut tout de même rappeler que le salaire moyen en Espagne est de 21.500 euros contre 40.900 euros en Allemagne (chiffres de 2008) pour un coût de la vie semblable. Il faut aussi préciser que 58% des salariés espagnols gagnent moins de 1.100 euros par mois (chiffres de 2007). Rappelons aussi que le salaire minimum en Espagne est de 641 euros, soit 8.980 euros bruts par an pour un plein temps (il y a 14 payes par an).