Un slogan: fiers d'être de droite. Un logo: le taureau. La chaîne de télévision Intereconomía est le média grand public des ultraconservateurs espagnols, qui feraient passer Eric Zemmour pour un dangereux gauchiste. Cette chaîne, qui profère son discours haineux sur la TNT depuis 2008, vise notamment les musulmans, les étrangers, les homosexuels, les syndicalistes, les socialistes et les féministes.
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Eduardo García Serrano, un des chroniqueurs vedettes de Intereconomía, fait régulièrement parler de lui à travers ses dérapages. En juin dernier, il n'avait pas hésité à qualifier la ministre catalane de la Santé de "salope" et de "truie" car celle-ci avait lancé une page web destinée à l'éducation sexuelle des jeunes.
Les propos insultants ne se limitent cependant pas aux chroniques mais sont présents également dans les journaux télévisés. Pour preuve, ce reportage qui prétend que le préservatif ne permet pas de prévenir la propagation du sida en Afrique, les mains des Africains n'étant pas "aptes" à l'utilisation de ce moyen de contraception. "La manucure des Africains n'est pas particulièrement remarquable", affirme le journaliste. Ce dernier prétend également que les préservatifs ne peuvent pas être conservés sur ce continent à cause des climats chauds et humides, poussant la sophistication jusqu'à montrer un carte des climats en Afrique. Pour couronner le tout, il conclut en expliquant sans sourciller que l'illétrisme empêche les utilisateurs de comprendre le mode d'emploi.
Les homosexuels sont évidemment une des cibles préférées de Intereconomia. Dans cette vidéo, des photos de la journée de la fierté gay sont suivies de photos de familles et d'ouvriers accompagnées de la légende: "364 jours des gens normaux".
Il faut tout de même replacer le discours de cette chaîne dans le contexte du paysage audiovisuel espagnol, fortement idéologisé. La chaîne de télévision La Sexta, proche des socialistes, se nourrit largement des dérapages de Intereconomia, laquelle réutilise fréquemment des extraits de La Sexta pour mieux s'en moquer. Bref, à chacun son segment de marché.