Ignorées par les médias français, les manifestations espagnoles sont devenues inarrêtables et ne cessent de prendre de l'ampleur.
Organisées de manière totalement spontanée, elles montrent l'incroyable capacité d'organisation des jeunes et moins jeunes face à une classe politique qui, selon les manifestants est corrompue et soumise aux pouvoirs économiques mondiaux. Petite visite guidée de la place Catalunya de Barcelone, ou comment les citoyens se sont réapropriés l'espace public pour en faire une véritable agora.
Le premier jour, ils n'étaient que quelques centaines, hier environ 7.000 personnes étaient présentes à l'assemblée générale du mouvement. Face à cette multiplication des participants, il a fallu répartir le travail. Plusieurs comissions se sont donc créées: infrastructure, contenu, actions, alimentation, communication, international, chacune d'elle étant divisée en plusieurs groupes de travail. Les comissions se réunissent durant la journée et font part de leurs propositions à l'assemblée générale célébrée chaque soir. Des tours de parole sont organisés pour tous ceux qui ont quelque chose à dire.
Mais le campement de la place Catalunya, c'est aussi un grand espace où passent des gens toute la journée pour débattre et discuter. On assiste ainsi à des discussions inattendues entre jeunes, qui constituent la majorité, et retraités. L'espace a par ailleurs été divisé symboliquement: on peut ainsi se rendre à la place Tahrir, la place Islande ou la place Palestine. On peut assister à des conférences d'universitaires et d'intellectuels à différentes moments de la journée. La nuit, des centaines de jeunes restent pour y dormir afin d'occuper la place en permanence.
Le mouvement, qui a débuté dimanche dernier suite à la manifestation demandant une "démocratie réelle maintenant", n'en finit plus de grandir, notamment grâce aux réseaux sociaux. Plus de 70 villes en Espagne ont adhéré au mouvement. Et ce n'est pas l'interdiction des manifestations par la comission électorale qui arrêtera les "indignés". La vague arrive également en France et dans divers pays européens, sans oublier le Mexique, les Etats-Unis et l'Argentine.
Personne ne peut dire pour l'instant ce qu'il adviendra de ce mouvement, ni s'il sera capable de se maintenir après les élections municipales et régionales du 22 mai. Mais personne ne peut nier le raffraichissement qu'il apporte à la démocratie.