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Billet de blog 24 avril 2012

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Le gouvernement catalan promeut la délation en ligne

La délation s'adapte aux nouvelles technologies en Catalogne. Le conseiller catalan d'Intérieur Felip Puig vient d'ouvrir un site web encourageant à la dénonciation de personnes présumées coupables de violences urbaines lors de manifestations. 

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La délation s'adapte aux nouvelles technologies en Catalogne. Le conseiller catalan d'Intérieur Felip Puig vient d'ouvrir un site web encourageant à la dénonciation de personnes présumées coupables de violences urbaines lors de manifestations. 

Déjà connu pour son hostilité aux mouvements sociaux - il est notamment responsables des violentes charges contre les Indignés de la Place Catalogne de Barcelone en mai dernier, Felip Puig franchit un nouveau pas avec ce site pompeusement intitulé "Collaboration citoyenne contre la violence urbaine".

Des photos de 68 personnes présumées coupables de divers actes de vandalisme (attaques à des banques, incendie de containers, etc.) durant la journée de grève générale du 29 mars dernier, y sont exposées. Trois photos sont disponibles pour chaque individu, une en premier plan, une autre en plan moyen et la troisième est censée montrer la personne en train de comettre un acte de vandalisme. Le gouvernement invite les citoyens à apporter tout élément permettant d'identifier ces personnes.

Plusieurs organisations ont déjà émis des doutes quant à la légalité de cette initiative: "le site frise clairement l'inconstitutionnalité", a déclaré Xavier González de Rivera, porte-parole de Juges pour la Démocratie, car il s'agit de photos de personnes n'étant même pas inculpées.

L'ouverture de ce site a lieu 24h après qu'une association de prévention de la torture a accusé Felip Puig de favoriser l'impunité policière. Les policiers antiémeutes omettent systématiquement leur numéro d'identification lors de leurs interventions.

Si les actes de vandalisme lors de la journée de grêve générale sont indéniables, ils ne concernent qu'une minorité des millions de grévistes qui sont descendus dans la rue mais les gouvernements catalan et espagnol exagèrent leur importance pour justifier un durcissement du code pénal, au moment même où ils appliquent des plans d'austérité draconiens, notamment dans la santé et l'éducation. Les Espagnols devront payer plus cher pour les médicaments et, dans les régions, les coupes budgétaires ont déjà entraîné la fermeture de nombreux services et hôpitaux. La réforme du marché du travail plongera dans les précarité des millions de salariés: le montant de l'indemnisation minimale est réduite, l'employeur pourra modifier unilatéralement les conditions de travail et pourra licencier les salariés qui s'y opposeraient. Dans les PME, la période d'essai sera portée à deux ans pour les jeunes salariés.

Le ministre de l'Intérieur Jorge Fernández Díaz a récemment annoncé que la résistance passive (par exemple lorsque des manifestants se tiennent par les bras pour éviter d'être évacués) serait considérée comme une atteinte à l'autorité. Un nouveau délit d'obstruction aux services publics serait créé, pour répondre aux actions de blocage. L'instigation à des manifestations violentes à travers les réseaux sociaux par exemple, serait punie de la même façon que l'appartenance à une bande criminelle.

De son côté, Puig a promis d'augmenter les effectifs de la police antiémeute, d'installer de nouvelles caméras de vidéosurveillance et envisage une législation permettant la modification du parcours des manifestations. 

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