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Billet de blog 25 septembre 2011

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Vers une réconciliation au Pays Basque?

Le gouvernement basque a organisé des rencontres inédites durant les derniers mois: des prisonniers membres de l'ETA avec des familles de victimes, comme le révèle aujourd'hui le journal El País. Un premier pas vers la réconciliation d'une société qui connait la violence depuis 50 ans?

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Le gouvernement basque a organisé des rencontres inédites durant les derniers mois: des prisonniers membres de l'ETA avec des familles de victimes, comme le révèle aujourd'hui le journal El País. Un premier pas vers la réconciliation d'une société qui connait la violence depuis 50 ans?

Les rencontres ont été organisées à la demande de prisonniers qui souhaitaient demander pardon pour leurs actes. Après avoir vérifíé la sincérité des prisonniers et souligné le fait qu'ils n'en retireraient aucune réduction de peine, le gouvernement basque a contacté plusieurs parents de personnes assassinées par l'ETA. Quatre rencontres ont déjà eu-lieu.

Le journal madrilène publie également l'interview d'une de ces personnes ayant rencontré un ex-terroriste. Conscient que son initiative puisse déplaire parmi les familles de victimes, Iñaki García Arrizabalaga, dont le père fut assassiné il y a 30 ans, considère néanmoins que son action "peut être utile à la société dans laquelle [il] vit". "Si les blessures ne se referment pas bien, elles continueront à saigner", confie García, qui ajoute aussi que "évidemment il ne faut pas oublier, mais il faut semer pour le futur".

La publication de ce reportage intervient 24 heures après un décision historique du collectif des prisonniers de l'ETA. Celui-ci a déclaré qu'il s'associait à l'Accord de Guernica, un texte signé en septembre 2010 par différents partis et organisations indépendentistes et qui réclamait l'abandon définitif des armes. Les prisonniers affirment leur "total engagement pour mettre en marche un processus démocratique".

L'Accord de Guernica exigeait à l'ETA "un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale afin d'exprimer sa volonté d'un abandon définitif de son action armée". Le 10 janvier dernier, l'organisation annonçait un cessez-le-feu mais ne mentionnait pas la fin de son activité.

Le texte demandait également au gouvernement l'abolition de la Loi des partis, responsable de l'interdiction de divers partis indépendentistes basques, ainsi qu'une nouvelle politique pénitentiaire, notamment le transfert des prisonniers etarras vers des prisons basques ainsi que des réductions de peines.

L'annonce n'est pas anodine lorsque l'on sait que les prisonniers de l'ETA ont régulièrement refusé ces aménagements de peine parce qu'ils se considèrent comme des "prisonniers politiques".

Alfredo Pérez Rubalcaba, candidat socialiste aux élections du 20 novembre et qui obtint l'arrestation de nombreux membres de l'ETA durant son passage au ministère de l'Intérieur durant les cinq dernières années, a déclaré qu'il s'agissait "d'un pas de plus vers la fin [de l'ETA]". Les autres partis, excepté le Parti Populaire, ont eu des positions similaires et Bildu, la coalition indépendentiste qui est arrivée en deuxième position aux dernières élections basques, a considéré que c'était maintenant au gouvernement de "faire des gestes".

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