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Billet de blog 27 avril 2011

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Le spectre de l'émigration resurgit en Espagne

Longtemps un pays d'émigration, l'Espagne est devenu dans les années 1990 un pays récepteur d'immigration. Aujourd'hui, 12% de la population est étrangère. Cependant, avec la crise économique dans laquelle est embourbée le pays a resurgi également la peur de voir ses jeunes partir.

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Longtemps un pays d'émigration, l'Espagne est devenu dans les années 1990 un pays récepteur d'immigration. Aujourd'hui, 12% de la population est étrangère. Cependant, avec la crise économique dans laquelle est embourbée le pays a resurgi également la peur de voir ses jeunes partir.

Jusque dans les années 1970, l'émigration vers l'Amérique, la France, la Suisse ou l'Allemagne, était un phénomène très répandu chez les Espagnols. "Vente pa Alemania, Pepe", un film de 1971, raconte avec humour la vie de ces émigrés.

A en croire les médias espagnols, la situation pourrait être en train de se reproduire au vu de l'énorme taux de chômage des 16-25 ans (43,5% en mars). L'annonce du gouvernement allemand d'offrir des milliers d'emploi à des ingénieurs espagnols avait eu un grand écho dans la presse locale. En Allemagne, la faiblesse démographique a provoqué un déficit de travailleurs spécialisés. Selon Willi Fuchs, président de l'Association des Ingénieurs Allemands, il manquerait 36.000 ingénieurs outre-Rhin. En Espagne, en revanche, il existe un excédent de jeunes très qualifiés qui ne trouvent pas d'emploi. Cela tient évidemment au chômage mais il convient de préciser que ce problème existait avant la crise: la structure de l'économie espagnole, dont la croissance reposait en grande partie sur la construction et une main d'oeuvre peu qualifiée, empêchait déjà des milliers de jeunes diplômés de trouver un emploi correspondant à leurs qualifications. Aujourd'hui, le mouvement de la "jeunesse sans futur" est une réponse à la désillusion de ces jeunes.

Même si les reportages sur les jeunes émigrés ou les cours d'allemand dans des villages abondent à la télévision espagnole, il est aujourd'hui difficile de chiffrer l'émigration. Et cette angoisse de revenir 40 ans en arrière est certainement exagérée. Il n'en reste pas moins que l'Espagne, qui a accueilli plus de 4 millions d'immigrés durant la dernière décennie, a, depuis la crise, cessé d'être un pays attractif pour les étrangers. La diminution de leur nombre en 2010 est certes faible (-0,3%) et se doit en partie aux naturalisations. Il est cependant indéniable qu'elle marque un changement de tendance.

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