La police catalane a tenté hier matin de déloger les indignés de leur campement situé sur la place Catalunya de Barcelone. Coups de matraque sur des gens assis et tirs de flashballs ont provoqué 120 blessés selon les chiffres officiels, y compris une trentaine d'agents. Les déclarations du conseiller de l'Intérieur, qui a affirmé que l'opération visait à nettoyer la place pour des raisons d'hygiène et pour enlever les objets dangereux en vue des célébrations d'une éventuelle victoire du FC Barcelone en Ligue des Champions, n'ont aucune crédibilité. Alors que Le Monde parle de "légers heurts", les images parlent d'elles-mêmes.
La police venait pour retirer les objets dangereux? Pourquoi donc dans ce cas emporter les ordinateurs, portables et appareils photo des manifestants? Les journalistes d'Antena 3, peu connus pour leur soutien aux mouvements sociaux, n'en croyaient pas leurs yeux, et ont demandé au directeur de la police si une simple opération de nettoyage méritait une telle violence. D'autre part, les équipes de nettoyage escortées par les forces de l'ordre ont démonté entièrement le camp.
Mais l'opération a finalement été un échec total; l'arrivée de milliers de personnes, qui avaient été averties par SMS afin de soutenir les 200 indignés qui avaient dormi sur place, a obligé la police à se retirer. Les manifestants, plus indignés que jamais, ont réinvesti la place et ont reconstruit le camp en quelques heures. Des centaines de personnes, qui protestaient non loin de là contre les coupes budgétaires dans la santé, ont rejoint la place. Le soir, la place Catalunya était pleine à craquer les rues adjacentes bloquées. Le gouvernement, contrairement à ses intentions, à redonné un second souffle au mouvement.