L'organisation terroriste basque ETA a annoncé qu'elle mettait fin aux extorsions contre les chefs d'entreprise du Pays Basque et de Navarre, plus connues sous le nom d'impôt révolutionnaire. En 50 ans d'existence, l'ETA a assassiné une quarantaine d'entrepreneurs.
C'est à travers une lettre destinée aux patronats du Pays Basque et de Navarre, et rendue publique hier, que le groupe terroriste a communiqué sa décision. L'ETA n'a certes pas encore déclaré qu'elle abandonnait définitivement les armes, mais il s'agit bel et bien d'une nouvelle avancée dans le processus amorcé en septembre dernier. L'ETA avait alors annoncé dans une vidéo remise à la BBC qu'elle "avait pris la décision de ne plus mener à bien d'actions armées offensives".
En janvier dernier, un nouveau communiqué annonçait un "cessez-le-feu permanent, général et vérifiable internationalement". Il avait été reçu avec scepticisme par le gouvernement et l'opposition, en raison de la tentative ratée d'obtenir la paix. Les négociations entamées en 2006 s'étaient soldées par un échec et l'ETA avait repris les attentats. L'explosion d'une bombe dans un parking de l'aéroport de Madrid avait fait deux morts. S'en était suivie une série de neuf assassinats entre 2007 et 2009, principalement des policiers mais également un conseiller municipal socialiste, Isaías Carrasco. En mars 2010, un membre de l'ETA tuait également un gendarme français à Dammarie-les-Lys, suite à un braquage dans une banque.
Ce communiqué était par ailleurs peu clair, les mots "permanent" et "général" pouvant être interprétés de différentes manières. Par ailleurs, la volonté de l'ETA d'un cessez-le-feu "vérifiable internationalement" était pour le gouvernement nul et non avenu puisqu'il a toujours refusé une solution internationale au conflit.
Dans le même temps, la répression policière s'est accentuée. La police espagnole a réussi en quatre ans a affaiblir considérablement l'ETA, grâce à l'arrestation de nombreux dirigeants. Le mois dernier, une opération commune de la police française et de la police espagnole avait permis l'arrestation à Willencourt (près de la frontière belge) de Alejandro Zobaran, chef présumé de l'appareil militaire de l'ETA. Il n'y aurait plus que trois personnes au sein de la direction de l'ETA.
Sur le plan politique, le Parti Populaire de Mariano Rajoy, favori pour les prochaines élections de 2012, continue dans son discours sans concessions envers l'ETA; l'objectif étant de donner l'image d'un PSOE faible face aux terroristes. La récente libération d'un etarra, Antón Troitiño, après 24 ans passés derrière les barreaux, lui en a donné une nouvelle fois l'occasion. Le Parti Populaire s'est immédiatement insurgé contre cette libération anticipée, ce qui a provoqué, six jours plus tard, le recours du procureur contre cette décision.